En partenariat avec Office Plus
Épisode #1 – L’INCubateur NC
Dans les années 1950, au cours de ses recherches sociaux-économiques, un certain Schumpeter formula une idée : certaines entreprises pourraient être nourries et soutenues avec des ressources et un mentorat pour les aider à se développer sur leur marché. Les adeptes du « capital-risque » se pourléchèrent alors les babines et suivirent la pensée de l’économiste en investissant sur des entreprises à haut risque. Bien plus tard, en 1981, Bill Draper et ses fistons créèrent le premier incubateur au cœur même de la désormais célèbre Silicon Valley. Vous l’avez deviné, dans cette série d’articles, nous partons à la découverte des incubateurs et accélérateurs d’ici et d’ailleurs, de leur histoire, de leurs spécificités en saupoudrant chacun de ces focus de quelques success stories.
Comme le veut l’adage, « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » : débutons donc cette entreprenante promenade sur notre bon vieux Caillou. Il faut remonter neuf années en arrière pour raconter les origines de notre pépinière locale, organisation jadis logée à l’IRD et embarquée par l’ADECAL Technopole. On lui prête aujourd’hui plusieurs noms « Le Pôle Inno », « L’INCubateur NC » ou encore « l’accélérateur de Nouvelle-Calédonie ». Mais qu’importe sa dénomination, la pépinière calédonienne en a materné des startups… Flashback.
__
Petite histoire de l’innovation calédonienne
L’histoire commence, comme bien souvent, avec un constat – la valorisation économique de la recherche scientifique calédonienne doit demeurer sur notre territoire – et un besoin : comment transformer les résultats de ces recherches en points de croissance économique pour la Nouvelle-Calédonie ? Nous sommes en janvier 2014 et un petit bonhomme expérimenté au CV bardé de mentions « innovation » débarque sur le Caillou. Son rôle ? Créer, puis développer le premier « incubateur made in Calédo ». Fort d’un passif auprès des entrepreneurs métropolitains innovants, Christophe Carbou a sa petite idée derrière la tête et se lance alors dans l’accompagnement de deux startups issues de projets de recherche : « BlueCham » et « Serei No Nengone ».
Le dispositif, « à taille humaine », a pour ambition d’accompagner les porteurs de projets innovants, qu’ils soient issus de la recherche comme du monde économique ; ainsi, il intègre déjà quatre projets lors de sa première année d’existence puis, l’année suivante, en 2015, se staffe d’une ressource, double son nombre de projets accompagnés et lance fièrement son deuxième dispositif, un accélérateur destiné à accompagner des entrepreneurs déjà aguerris. Pierre Kolb et sa startup « L2K Innovation » en sont les premiers bénéficiaires ; bien d’autres passeront encore au tamis du jury collégial, puis, pour les plus vaillants, entre les mains de l’équipe du Pôle Inno’ à travers son incubateur, son pôle « transferts NC » et donc, son accélérateur.
Alors que les années se suivent sans se ressembler, les activités de la pépinière s’intensifient et se développent autour de deux verticales métier : l’accompagnement de porteurs de projets innovants et la structuration de l’écosystème calédonien de l’innovation ; ainsi, on verra rapidement naître le programme « Pépite NC », débarquer les premières aides de BPI France, s’ouvrir la possibilité de déposer des brevets ou encore la création de « facilités fiscales » comme le CIR – « Crédit Impôt-Recherche » -, bref, des éléments essentiels à la croissance des startups et de l’écosystème tout entier.
« Si la locomotive était le Pôle Innovation et les wagons qui suivaient, les startups accompagnées, il fallait absolument construire les rails pour créer le délicat équilibre entre l’accompagnement de projets innovants et leur développement grâce à des soutiens financiers. »
Christophe Carbou, le marabout calédonien de l’innovation
__
Pôle Inno : planter les graines et récolter les success stories !
En 2023, le Pôle Innovation a déménagé à la Station N et squattera bientôt les bancs de l’UNC pour se replacer au plus près de la recherche, mais il accompagne toujours des porteurs de projets, de plus en plus matures. Vingt-trois d’entre eux sont actuellement entre les doigts avisés d’une équipe qui s’est étoffée et bénéficient de leurs services, d’ailleurs pris en charge par la « collectivité » et donc… gratuits ! Mais le « Pôle Inno » est aussi à l’origine d’un grand nombre « d’actions innovation », telles que les programmes « Territoires d’Innovation NC » et « Enterprise Europe Network », ou « d’actions de soutien » à la recherche avec le CRESICA, aux programmes étudiants et scolaires (EGC, EDP, Startups à l’école…) et dispense ses expertises à qui veut bien faire mûrir l’écosystème. Depuis sa création, le « Pôle Inno », c’est déjà 84 entrepreneurs accompagnés, dont 25 sont toujours incubés ou accélérés, 39 poursuivent leur route de leur côté et 20, seulement, ont abandonné. Et qui dit « startup » dit aussi « success stories ».
Au petit jeu des fleurons de l’inno’, Christophe nous partage son vif intérêt pour la startup « Agri Logic Systèmes », fondée par les Despujols, et leurs serres novatrices qui font partie des 12% de projets « AgriTech » sélectionnés. Il retrace aussi l’histoire d’« AEL » et du génial robot de Jean-Michel Fernandez, croisé au détour d’une machine à café de l’IRD en 2016. Loquace, l’homme savoure ces succès et partage l’histoire d’un « pivot », celle de la scientifique Delphine Mallet et son projet « Visioon » : d’un marché scientifique, l’entrepreneuse s’est ouvert les portes du marché commercial des aquariums et vient de lever quelques deniers. Il mentionnera également « KIDS.nc » ou encore « BeBunk » pour ne citer qu’elles. Âmes jalouses, abstenez-vous car il est chose certaine : l’équipe du « Pôle Inno » n’a pas de chouchous, que des futurs champions en herbe !
__
L’innovation d’aujourd’hui, le Pacifique de demain…
Bientôt la décennie et l’organisation n’a de cesse de se renouveler et de travailler sur de nouveaux axes. Tantôt, elle se rapproche des populations éloignées du champ de l’innovation avec le soutien de l’AFD, tantôt, elle renforce son lien avec l’univers académique. Parti explorer les PME de l’industrie locale et leurs innovations de procédé avec la FINC, le « Pôle Inno » se balade également dans la région et murmure aux oreilles des inventeurs, d’ici et d’ailleurs, pour les accompagner vers leur destinée. Car s’il est une chose que l’équipe de L’INCubateur et les porteurs de projet ont en commun, c’est la passion. La passion et un rêve : celui de renforcer nos territoires du Pacifique grâce à la créativité de ses habitants.
__