French Tech NC, Pôle Inno, OPEN NC mais également Territoires d’Innovation NC, CCI – Team France Export ou encore NCT&I : les retrouvailles des Jedis de l’écosystème “inno” !

Vendredi 19 juillet 2024, les entrepreneurs calédoniens se sont réunis pour l’Assemblée Générale de la French Tech NC. Au-delà du bilan de l’année 2023 et du vote des comptes de l’association, cette rencontre a également été l’occasion (privilégiée) d’échanger et de discuter des perspectives et de l’avenir du secteur de l’innovation en Nouvelle-Calédonie en compagnie d’une cinquantaine d’acteurs de l’écosystème. 

Depuis le 13 mai 2024, la situation économique calédonienne est morose et il n’est pas facile de trouver des solutions dans ce contexte de sobriétés économique et sociale forcées. Cependant, la French Tech NC reste optimiste et a diffusé une lueur d’espoir et de nouvelles perspectives aux entrepreneurs locaux. Après tout, ne dit-on pas que lorsqu’une porte se ferme, une fenêtre s’ouvre ?

French Tech
Un public avec les oreilles grandes ouvertes © NeoTech

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Une année 2023 sur les chapeaux de roue pour la French Tech NC

Une salle des Nuages pleine d’entrepreneurs dont les pieds sont (actuellement) cloués au sol ! C’est néanmoins dans une ambiance conviviale que l’écosystème s’est retrouvé, vendredi dernier, à OoTech. Début d’après-midi oblige, c’est autour d’un café et de sourires retrouvés que chacun attendait le lancement de cette réunion peu ordinaire. 

Après une brève introduction du Président, Hatem Bellagi, et une présentation d’un ordre du jour bien dense, il était temps de passer aux traditionnels mais obligatoires bilans financier et moral. Il faut dire que l’année 2023 a été prolifique, avec des comptes au beau fixe, une évolution de la gouvernance de l’association, des projets en développement et des perspectives ambitieuses. Toutefois, bien que le navire de l’innovation ait navigué sur des eaux favorables, les intempéries du mois de mai dernier ont contraint à un changement de cap et à un ralentissement de la cadence – du moins pour le moment. 

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On fait l’bilan, calmement… avec Hatem Bellagi © NeoTech

A la lecture des résultats du sondage réalisé par l’association “So French, So Tech”, près de 90 % des startups adhérentes ont signalé une baisse conséquente de leur chiffre d’affaires suite aux derniers événements et ont relevé des points de blocage clairement identifiés. Cependant, pour ce deuxième semestre 2024, pas question de réduire la voilure mais plutôt d’appréhender les impacts de la crise et de s’adapter. Mode agile activé !

Ainsi, outre les demandes d’aides financières à la trésorerie, à l’emploi et même au loyer, les startups ont évoqué un clair besoin de favoriser la relance de leurs activités via la commande publique, le versement des fonds liés aux programmes Territoires d’Innovation NC ou encore l’attente du prochain “PIA“, quatrième du nom, qui devrait être accessible “prochainement” selon les dires de Frédéric Langlade, l’homme du Pacifique côté BPI. Dernier point de survie évoqué ? L’ouverture et l’accompagnement au marché polynésien, tout aussi jumeau que porteur actuellement.

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Des mains tendues dans le Pacifique

Et pour répondre aux besoins évoqués par l’écosystème, La French Tech NC avait convié une flopée d’acteurs afin d’accompagner, au mieux, les entrepreneurs calédoniens dans leur ambition survivaliste. Le bal s’est ainsi ouvert sur une intervention de Candice Levet, conseillère locale “Team France Export” hébergée à la CCI NC ; Candice a pris le temps de rappeler le processus d’accompagnement mis en place par Team France Export pour les entreprises souhaitant se développer à l’international. Force est de constater que ce service fonctionne puisqu’en 2022, plus de 20 000 entreprises à travers le monde ont fait appel au service de ce bureau “export”. Ce fut ensuite au tour de Christopher Lorho, le co-président du cluster New Caledonia Trade & Invest, de rappeler l’importance de l’export régional et international grâce à une « attaque en meute » rendue possible par l’expertise et le réseau du cluster. Et de claironner, en conclusion :

“Sachez qu’il y a beaucoup de vide et que la nature à horreur du vide donc merci à la Calédonie de le conquérir !”

Christopher Lorho

Et, en ce qui concerne l’export régional, qui de mieux que nos voisins polynésiens pour nous tendre la main ? En visio depuis Papeete, la French Tech Polynésie, à travers son président Pierre Germon, est intervenue pour témoigner de son soutien mais aussi prouver que les actes vont au-delà des paroles. À la suite de discussions entre les deux French Tech du Pacifique, des pistes d’accompagnement ont été identifiées pour offrir aux startups la possibilité de trouver des relais de croissance ou de survie de manière temporaire ou durable. Ces initiatives incluent la mise en relation avec des acteurs locaux, la création de partenariats stratégiques pour mutualiser les ressources, le co-développement de projets, la mise à disposition d’espaces de travail et l’accompagnement administratif pour la création d’une antenne en Polynésie. Des paroles pleines de sens pour un écosystème qui souffre cruellement actuellement de la situation politique et, donc, économique.

“Nous vous proposons de faciliter vos démarches de manière globale, le but n’étant pas de pilier la Calédonie de ses talents mais bien de vous offrir la possibilité de continuer en attendant que le ciel s’éclaircisse. La French Tech Polynésie et Investi In Pacific sont à votre disposition et nous sommes prêts à mettre en application ces paroles.”

Pierre Germon

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En direct-live de Polynésie avec Pierre Germon © NeoTech

Une main tendue chez nos voisins mais également des actions politiques en cours au niveau local. Christopher Gygès, membre du Gouvernement Nouvelle-Calédonie en charge – entre autres – de l’économie numérique, s’est également exprimé pour présenter les actions mises en place par le gouvernement afin de soutenir le tissu économique calédonien. Des efforts qui s’articulent autour de deux principaux axes : la sauvegarde, avec notamment l’évolution et la prolongation du fonds de solidarité de l’État, et la relance, avec des mesures autour de la reconstruction, de la relance économique et des réformes structurelles. Une destination vers un nouveau modèle qui a besoin de l’innovation et de ses entrepreneurs pour fonctionner. Viva Technology, Viva la Calédonie !

“Nous avons un nouveau modèle à reconstruire et nous avons besoin de vous pour poursuivre la définition de nouvelles filières dans les les secteurs de la tech, du numérique et de l’innovation pour qu’ils deviennent une source de diversification économique pour la Nouvelle-Calédonie.”

Christopher Gygès

Pour clôturer ces interventions diverses, Léa De Villeneune, consultante émérite du Pôle Innovation de l’ADECAL, a fait un point sur les actions mises en place à destination des porteurs de projets et de l’écosystème de l’innovation. Malgré une situation difficile, l’accompagnement de leurs startupers se poursuit et un lancement d’un appel à solidarité au sein du réseau Retis a été lancé. Il vise à mobiliser les membres du réseau afin qu’ils puissent accompagner des projets calédoniens en phase d’expansion hors territoire, aux niveaux logistique, commercial ou stratégique. À ce jour, une quinzaine de structures ont répondu présent. Un élan de solidarité qui pourrait offrir de belles perspectives vers la métropole au secteur de l’innovation. 

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Optimisme et persévérance, le mantra de la French Tech NC

L’Assemblée Générale s’est clôturée sur une rapide cartographie des actions à venir côté French Tech NC, présentée par son vice-président, Guillaume Terrien. Première action en cours, en lien avec le programme « Je choisis la French Tech », un appel à projet a été lancé pour mettre en valeur les partenariats “public / privé” et “startups / groupes calédoniens” et récompenser les startups calédoniennes ; une remise des prix aura ensuite lieu lors d’un événement dédié en septembre avec quelques pièces à gagner.

Avant la fin de l’année, il faudra également compter sur une V2 hybride intitulée “So Tech, So Good” ! L’événement, qui devrait se dérouler mi-octobre, en amont ou aval d’un événement “inno” polynésien lié au programme Nāiti, sera organisé en Nouvelle-Calédonie grâce à des fonds de la DGOM, du Fonds Pacifique et de la Mission French Tech ; il aura pour objectif d’accueillir la deuxième édition des “Outre-mer French Tech Days” et de se rappeler, avec plaisir, le “Tech4Good Summit” organisé en 2022.

Au menu ? Conférences thématiques, tables-rondes liées aux programmes de la FTNC, sessions de pitchs et ateliers de démonstration et même, si la situation le permet, un petit village des solutions innovantes de la “Pacific Tech“. L’événement sera orienté autour de trois principaux piliers thématiques : la commande publique et les liens avec les startups (cf. “Je choisis la French Tech“), la valorisation des pépites “Outre-mer” des French Tech (cf. “Outre-mer French Tech Days”) et le transfert entre l’innovation et la recherche. Motifs d’espoir, motifs d’avenir ?

Intervention
Être so good avec la French Tech ©NeoTech

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Un verre de l’amitié au bon souvenir du “vivre-ensemble”

Au-delà de l’aspect informel, cette rencontre était surtout l’occasion de se retrouver, de partager son expérience de la crise ou encore simplement de se serrer les coudes en cette période délicate pour l’innovation calédonienne. Aux grands mots, les grands remèdes ? En l’état actuel, parler de reconstruction demeure bien présomptueux alors que chaque semaine qui passe voit de nouvelles startups calédoniennes tirer un trait sur leur projet et leurs ambitions.

On salue bien bas la formidable résilience de celles qui tiennent le coup et, peut-être qu’un jour, les entrepreneurs calédoniens se souviendront avec soulagement que ce qui ne les a pas tué, les a rendu plus fort… Mais pour l’instant, nos Jedis doivent faire le dos rond et affronter une tempête que personne n’avait vu venir !

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