Pour changer de nos habitudes, c’est en visioconférence que nous avons rencontré Simon Buoro, le cofondateur de la startup Ilya, la douche cyclique. Si vous avez donc tendance à passer des heures sous la douche, vous n’êtes pas sans savoir que cette habitude a un impact certain sur l’environnement. Pas de panique, les Toulousains d’Ilya ont conçu pour vous – et pour notre futur – un procédé ingénieux qui vous fera faire des économies tout en préservant les ressources en eau de la planète. Lors de cette échange 2.0, Simon nous a tout dit de ce projet hautement récompensé, de sa naissance à sa réalisation.
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Bonjour Simon et bienvenue sur NeoTech. Pour débuter, peux-tu te présenter et nous partager ton parcours entrepreneurial ?
Bonjour et merci de me recevoir sur NeoTech ! Je suis Simon Buoro et en 2019, avec mon associé Antoine Escande, nous avons fondé Ilya. À cette époque, nous étions de jeunes diplômés pleins d’enthousiasme avec la volonté de mettre notre bagage d’ingénieur au service d’un projet porteur de sens, tant pour la société que pour l’environnement. On s’est dit que si notre métier allait impacter la société, autant que cet impact soit positif, non ?
Mon parcours entrepreneurial a débuté lors de mes études à l’INSA de Toulouse. À l’époque, j’avais le rêve de devenir ingénieur en mécanique, avec une préférence pour l’aéronautique. Après tout, quand on est à Toulouse, c’est difficile de ne pas se laisser attirer par ce domaine emblématique. Cependant, au fil du temps, j’ai eu des prises de conscience, notamment grâce à des œuvres comme le film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent, ainsi que d’autres lectures, conférences et films inspirants. Tout cela m’a conduit à vouloir donner plus de sens à mon métier, à lui donner un impact encore plus positif.
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Est-ce que tu peux maintenant nous expliquer comment l’idée de la douche en circuit fermé est née ? Était-ce sous une douche justement que l’inspiration est venue ?
Alors, tout est parti d’une réflexion profonde sur l’impact du réchauffement climatique et des crises de l’eau, particulièrement ressenties ici en France métropolitaine. On voulait trouver des solutions qui ne sacrifient pas le confort, car réduire le débit, le temps ou la température de la douche peut donner l’impression d’un retour en arrière, peu engageant à adopter des pratiques écologiques.
Notre objectif est de rendre cette transition écologique désirable, d’insuffler l’envie de changer les habitudes. C’est là qu’est née l’idée de la douche en circuit fermé. Elle offre un compromis unique entre confort et écologie, une douche où chaque goutte compte pour la planète, sans compromettre le plaisir d’une bonne douche revigorante. À la question « Veux-tu prendre une douche qui soit écologique sans sacrifier ton confort ? », la réponse devient alors une évidence.
Quant à l’origine de cette idée, elle ne s’est pas forcément révélée sous le jet d’eau ! Personnellement, j’avais déjà un lien fort avec la question de l’eau, à travers une mission humanitaire au Sénégal où l’accès à l’eau était un enjeu crucial. De plus, mes expériences en camping itinérant m’ont sensibilisé à la rareté de cette ressource et à l’importance de la gérer avec précaution, même lorsqu’on est loin des contraintes du quotidien. Ces expériences ont certainement nourri notre démarche vers des solutions plus durables, en tandem avec Antoine, mon associé.
« Pendant des mois et des mois, nous avons consacré notre réflexion à comment utiliser notre diplôme d’ingénieur pour un projet à fort impact. Nous avons brassé de nombreuses idées et nombreuses bières également, nous avons discuté, réfléchi ensemble. Aujourd’hui, il nous est impossible de déterminer qui a proposé en premier l’idée de la douche cyclique. Donc, ni l’un ni l’autre ne peut revendiquer la paternité de cette brillante idée. »
Simon Buoro, copapa de la douche ILYA
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Peux-tu nous expliquer en détails le fonctionnement de la douche cyclique Ilya et son impact sur nos séances de karaoké ?
La douche cyclique, c’est bien plus qu’une simple douche ; elle réinvente la façon dont nous percevons ce moment intime de notre quotidien, en combinant l’hygiène et la détente, notamment lors de nos séances de karaoké. La douche cyclique transforme la routine quotidienne de la douche en une expérience à la fois écologique et relaxante. Pendant la phase d’hygiène, elle fonctionne comme une douche traditionnelle, mais une fois cette étape terminée, l’utilisateur active manuellement le mode de recyclage de l’eau. Cette dernière est filtrée, désinfectée et réchauffée, permettant ainsi une utilisation prolongée avec seulement cinq litres d’eau. Cette innovation offre non seulement une solution durable pour la consommation d’eau, mais crée également un environnement propice à la détente, parfait pour des séances de karaoké sans culpabilité environnementale.
L’installation de la douche cyclique requiert des travaux et de la main d’œuvre pour remplacer la bonde. Elle est donc plus facilement accessible pour les nouveaux logements ou les rénovations en cours. Bien qu’elle ne soit pas plug and play, elle est conçue pour être intégrée facilement dans tout cadre domestique. En offrant un équilibre entre praticité, confort et respect de l’environnement, la douche cyclique se positionne comme une solution moderne et responsable pour nos besoins d’hygiène quotidienne.
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Quelles sont les économies réelles d’eau et d’énergie que les utilisateurs peuvent espérer réaliser ?
La douche cyclique propose des économies d’eau et d’énergie qui peuvent potentiellement atteindre jusqu’à 70%, cependant, ces économies fluctuent en fonction de la durée et de la fréquence des douches. Cette variation dépend du temps passé sous la douche ; par exemple, si vous avez l’habitude de prendre des douches de 5 minutes, les économies seront moindres, tandis qu’une douche de 20 minutes pourrait dépasser les 70% d’économies. Sur notre site internet, nous proposons un simulateur qui prend en compte ces paramètres, permettant aux utilisateurs de visualiser les économies financières en fonction de leur comportement de douche. Nous travaillons actuellement à améliorer ce simulateur pour qu’il intègre également les économies d’eau et d’énergie.
Bien que la consommation d’énergie liée au fonctionnement de la pompe et au réchauffement de l’eau soit présente, elle est nettement inférieure à celle nécessaire pour chauffer une grande quantité d’eau dans un ballon d’eau chaude classique. Ainsi, malgré ces coûts énergétiques supplémentaires, les économies réalisées grâce à la réutilisation de l’eau compensent largement.
Pour sensibiliser davantage les utilisateurs à leur consommation d’eau, un deuxième produit, le Capteur ILO, a été développé. Ce capteur, installé sous le pommeau ou le robinet, affiche en temps réel le volume d’eau utilisé, permettant aux utilisateurs de prendre conscience de leur consommation et d’ajuster leurs habitudes en conséquence. Cette sensibilisation peut conduire à une réduction significative de la consommation d’eau, mais pour ceux qui continuent à consommer beaucoup d’eau, surtout pour des douches de confort, la douche cyclique demeure une solution efficace pour réaliser des économies substantielles.
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Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez pour la commercialisation à grande échelle de votre produit ?
Nous sommes confrontés à deux défis majeurs dans la commercialisation à grande échelle de notre produit. D’abord, l’industrialisation en masse de notre douche cyclique requiert des partenariats solides avec des acteurs de l’industriepour la fabrication et l’assemblage. Actuellement, nous recherchons donc des partenaires industriels qui peuvent nous aider dans ce processus et nous permettre ainsi d’éviter d’investir dans une usine pour le moment. Ensuite, la logistique pose un défi supplémentaire en raison de la taille et du poids de la douche cyclique, nécessitant des solutionsspécialisées de transport qui restent abordables pour nos clients.
Nous avons déjà quelques Capteurs ILO en Belgique et en Suisse, où la langue et la culture communes facilitent notre communication et notre marketing. Toutefois, notre objectif est de conquérir d’autres pays européens ainsi que des régions confrontées à des contraintes hydriques significatives, comme l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et le Maghreb. Même dans des pays où le stress hydrique semble moins préoccupant, nous observons un intérêt pour notre produit, notamment en raison de la sensibilisation croissante aux enjeux environnementaux.
Enfin, nos expériences de livraison réussies en dehors de l’Europe, notamment en Guadeloupe, à La Réunion et en Polynésie, nous ont montré l’importance de trouver des partenaires locaux pour gérer la logistique. Nous sommes déterminés à relever ces défis en établissant des partenariats stratégiques et en adoptant des approches innovantes de la distribution, tout en restant fidèles à notre engagement envers la durabilité et l’efficacité dans la conservation de l’eau. Si l’un de nos produits intéressent les particuliers ou les professionnels de la Nouvelle-Calédonie, la livraison est possible.
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Vous avez participé l’émission télévisée « Qui veut être mon associé ? », animé un stand lors de nombreux salons, vous avez même été primés au concours Lépine de cette année. Que vous ont apporté toutes ces mises en avant ?
Ces événements ont été des étapes clés dans le renforcement de notre visibilité et de notre réseau de partenariats potentiels. Ces opportunités nous ont permis d’entrer en contact avec des partenaires commerciaux et industriels et même d’initier des discussions avec un possible associé pour ouvrir la voie à de futures collaborations fructueuses.
L’exposition médiatique lors de notre participation à ces événements a été phénoménale et nous a offert une couverture dans des médias nationaux majeurs et suscitant un intérêt croissant de la part d’autres médias. Cette visibilité a été un catalyseur pour toucher un public plus large et nous permettre d’explorer de nouveaux marchés et de rechercher des partenaires de distribution qui pourraient nous aider à élargir notre portée au-delà des frontières nationales.
Remporter le prix au concours Lépine a été une validation significative de notre travail acharné et de l’impact positif de notre projet qui nous a beaucoup touché. Cette reconnaissance va au-delà de notre propre dévouement, elle souligne également l’importance du soutien technique et financier que nous avons reçu de nos partenaires (La Région Occitanie, Toulouse Métropole, Bpifrance, Créalia, Réseau Entreprendre…), des incubateurs (Le Catalyseur, Première Brique, Cité+/Réalis, Live for God) et de la communauté dans son ensemble. En fin de compte, ces mises en avant ont non seulement renforcé notre confiance en notre parcours, mais elles ont également symbolisé une réussite collective, témoignant de l’engagement et de l’effort de toute une équipe.
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Quels sont les prochains objectifs de la startup Ilya et comment vois-tu l’évolution de votre startup dans les prochaines années ? Une levée de fonds en perspective ?
En 2024, nous avons identifié trois défis majeurs. Tout d’abord, nous visons à intensifier la commercialisation de notre Capteur ILO. Après avoir déjà écoulé plus de 800 unités les années précédentes, notre objectif pour cette année est d’en vendre plusieurs milliers. Nous sommes en pleine production de 2 000 unités supplémentaires avec pour but de les proposer à la fois aux particuliers et aux professionnels, notamment dans le secteur de l’hôtellerie et de l’immobilier social.
Ensuite, nous nous attelons à l’industrialisation de notre douche cyclique. Actuellement en phase de pré-série, nous testons nos premiers prototypes pour valider leur adaptation à une production en série. Nous recherchons des partenaires industriels pour ce projet ambitieux tout en lançant des précommandes sur notre site internet pour jauger l’intérêt des consommateurs. Contrairement au Capteur ILO, où nous avons pu anticiper la production, pour la douche cyclique, nous préférons avoir des précommandes fermes avant de lancer la production en série.
Enfin, notre troisième objectif concerne notre levée de fonds en cours. Lancée l’année dernière, elle progresse bien, notamment grâce à l’intérêt de potentiels associés. Notre objectif est de la finaliser dans les prochains mois afin de bénéficier des ressources nécessaires pour accélérer sur tous les fronts évoqués précédemment. Ces trois défis sont interdépendants et forment un véritable effet domino : la vente de Capteurs ILO élargit notre clientèle potentielle pour la douche cyclique, tandis que la levée de fonds nous donne les moyens de promouvoir nos produits, d’investir dans leur industrialisation et d’assurer leur succès sur le marché.
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Question conseil : quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans la #GreenTech et l’innovation durable ?
Dans le monde de l’entrepreneuriat axé sur la GreenTech et l’innovation durable, le conseil primordial est de ne pas entreprendre seul. Cette recommandation repose sur l’idée que l’entrepreneuriat est un voyage parsemé d’embûches où le soutien d’une équipe solide et de partenaires expérimentés est essentiel pour surmonter les défis. En tant que jeunes entrepreneurs, il est fréquent de ressentir le doute quant à sa légitimité, mais avoir un partenaire peut fournir le soutien nécessaire pour rester motivé et persévérer dans son parcours.
Le travail d’équipe offre aussi l’avantage de combler les lacunes individuelles et de favoriser une vision plus large des objectifs et de la stratégie de l’entreprise. En confrontant nos idées et en collaborant étroitement, nous pouvons exploiter pleinement notre potentiel d’innovation. C’est ainsi que les solutions les plus créatives se développent, nourries par la diversité des perspectives et des compétences au sein de l’équipe.
Enfin, il est crucial de suivre une démarche méthodique dans le développement du projet, même si cela signifie parfois ralentir pour prendre le temps nécessaire. Se faire accompagner par des experts du domaine peut éviter de passer à côté d’opportunités importantes et maximiser les chances de succès. Dans le contexte actuel, où l’urgence climatique se fait sentir, il est essentiel de saisir toutes les occasions d’innover et de contribuer à la transition vers un avenir plus durable.
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