La Station N s’est mise au vert ce jeudi, pour parler GreenTech et agri-énergies. C’était aussi et surtout l’occasion pour TotalEnergies Renouvelables Pacific, représentée par son directeur Stephan Sontheimer, et la Station de signer un partenariat pour renforcer le développement de la Tech sur le territoire.
Cette journée, co-organisée par Total et le gouvernement, a été rythmée par trois tables rondes qui ont permis de comprendre l’intérêt des technologies et des innovations aux bénéfices de l’agriculture et de la production d’énergie. Panneaux photovoltaïques, fermes connectées ou encore système d’irrigation innovant, la Calédonie possède un gros potentiel pour le développement de toutes ces technologies.
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Les énergies renouvelables ont la cote en Calédonie
“On se disait que ça allait prendre la place des vaches et des pommes de terre. A l’époque, on ne savait pas qu’on pouvait concilier agriculture et énergie !” C’est cette confidence d’Adolphe Digoué, membre du gouvernement en charge de l’énergie, qui a ouvert cette journée d’échanges. Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie compte plusieurs fermes solaires sur l’ensemble de son territoire et selon Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge notamment de la transition énergétique, le secteur de l’énergie en Calédonie a besoin d’évoluer et de se diversifier, notamment vers le secteur agricole.
Total Energies Renouvelables Pacific représente 45% du photovoltaïque calédonien. Comme l’a fait remarquer Christopher Gygès, beaucoup pensent à tort que des projets photovoltaïques peuvent bloquer le développement de projets agricoles, mais en Calédonie, ce n’est pas le cas. De son côté, le Cluster Synergie, la Chambre d’agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie et l’Agence calédonienne de l’énergie pourraient signer une convention début 2024. Objectif : définir le cadre et les besoins en Nouvelle-Calédonie sur l’agri-énergie “dans le but d’avancer ensemble de manière consensuelle” a expliqué Angélique Renucci, la manager du Cluster.
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Combiner énergies renouvelables et productions agricoles
En Calédonie, le constat dressé sur l’agriculture par l’ingénieur Frédéric Gimat de la province Sud n’est pas très optimiste. Le secteur couvre seulement 15% des besoins de la population et est confronté à de nombreux problèmes, comme par exemple le stockage des produits, grand consommateur d’énergie ou encore les aléas climatiques et les difficultés d’accès au foncier.
Aujourd’hui, concilier production agricole et production d’énergie, on le sait, c’est possible, notamment avec l’installation de panneaux photovoltaïques. D’autant plus que comme l’a indiqué Marie Contreras, coordinatrice développement agri-énergies à TotalEnergies, des terres sont aujourd’hui accessibles grâce au secteur de l’énergie pour l’agriculture. Dans l’Hexagone, Ombréa, une startup française accompagne les agriculteurs dans la transition énergétique, en installant sur leurs terres, des solutions d’agri-énergies, en fonction des besoins. Toutes les cultures peuvent être traitées, de la viticulture au maraîchage en passant par l’arboriculture.
Selon le type de production, les panneaux photovoltaïques peuvent être proches du sol ou bien en ombrière voire même à la verticale, installés comme des barrières entre les allées de productions, pour permettre aux machines agricoles de circuler confortablement. Aujourd’hui, l’objectif, que ce soit en Calédonie ou ailleurs, est d’équiper des zones cultivables, pour obtenir un rendement dans le secteur de l’agriculture et dans le secteur de l’énergie.
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La tech et l’innovation pour une agriculture 2.0
Le développement de l’agriculture passe aussi par des nouvelles technologies et des startups. En Calédonie, 65% des startups de la French Tech sont affiliées à la BlueTech mais aussi à la GreenTech, comme l’a annoncé Aurore Klepper, la manager. La deuxième table ronde de la journée a pu démontrer le potentiel de certaines innovations dans l’agriculture mais aussi dans l’élevage.
Sur le Caillou, la société Agrilogic Systems surfe sur la sécurité et l’autonomie alimentaire, grâce à deux innovations croisées. D’abord, une serre fermée, résistante aux cyclones et fonctionnant aux photovoltaïques ; ensuite, un concept de cultures hors-sol polyvalent et isolant qui permet de produire sans sacs plastiques. Aqualone a également présenter son innovation, pour l’irrigation. Au lieu d’avoir des programmateurs horaires, c’est-à-dire qui arrosent à heures fixes, l’entreprise a choisi d’avoir une irrigation selon le temps qu’il fait et non pas sur le temps qui passe. Le tout est rendu possible par un déclencheur climatique qui va monitorer l’irrigation en fonction des besoins réels des sols… depuis un smartphone ! Autrement dit, on devient le maître de l’eau.
Autre technologie : celle utilisée par Insight, grâce à l’imagerie satellite. “On a développé un modèle qui permet de mesurer l’indicateur de sécheresse bio-physique, donc on s’intéresse à l’état de stress hydrique de la plante” a expliqué Jean Massenet, le directeur d’Insight. Cas d’usages ? Pour prévenir les feux de forêts et optimiser l’agriculture bien sûr.
À CIPAC, les professionnels travaillent aussi sur des solutions pour les équipements agricoles souvent peu adaptés au pays. “En Calédonie, on a une majorité de petites exploitations donc un besoin de petites puissances et de fait, de petits tracteurs” a expliqué Pierre Massenet, le directeur du groupe CIPAC. Alors avec les jeunes du lycée professionnel de Bourail, un prototype d’attelage rapide a été créé pour s’adapter sur les tracteurs de nos agriculteurs et optimiser ainsi leurs journées de travail.
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De la tech dans les bergeries
La technologie va bien plus loin que dans le seul secteur de l’agriculture ; elle se développe également dans l’élevage. On parle aujourd’hui de “Smart élevage.” Plusieurs exemples ont fait leurs preuves aujourd’hui en Métropole, comme l’auto-pesée des moutons pour suivre les performances des animaux. Dans les fermes “connectées”, il peut aussi y avoir des caméras de suivis pour identifier les bêtes. La technologie va encore plus loin avec la possibilité d’installer des colliers connectés aux moutons ou autres, notamment pour suivre grâce à un capteur posé le cou de l’animal, le comportement, la température corporelle ou encore leur zone favorite dans la ferme.
Toutes ces technologies permettront à terme une meilleure production mais surtout de s’assurer du bien-être animal. En posant la question au public présent dans la salle, les caméras de suivis semblent avoir été identifiées par les acteurs locaux comme une technologie qui pourrait convenir à l’élevage calédonien. En tout cas, ce ne sont pas les idées qui manquent !
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