Dans un monde où les océans jouent un rôle essentiel dans notre équilibre écologique, la pêche demeure une activité cruciale, mais pas sans ses défis. Au cœur de cette évolution, les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCPs) ont connu une transformation technologique notable, devenant non seulement des outils de pêche mais également des protagonistes d’une démarche novatrice pour promouvoir la durabilité. 

Entre DCPs ancrés qui sont des dispositifs artisanaux de collecte de données fixes et DCPs dérivants, utilisés par les industriels, qui sont des dispositifs mobiles qui se déplacent avec les courants océaniques, la Communauté du Pacifique a fait son choix ! Faire un pas de plus vers la durabilité en remettant à neuf des bouées dérivantes pour un océan Pacifique plus propre. Plongez dans l’univers des bouées connectées reconditionnées, une initiative captivante qui marie technologie et responsabilité environnementale pour redéfinir le paysage de la pêche dans le Pacifique.

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DCP ancré (artisanal FADs) Vs. DCP dérivant (Industrial FADs) © Communauté du Pacifique

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Des DCPs abandonnés

Un Dispositif de Concentration de Poissons est un radeau formé d’un assemblage d’objets flottants se prolongeant sous l’eau par des filets ou des cordages. Les DCPs attirent naturellement les poissons et les ancrées sont utilisés par les pêcheurs artisanaux depuis des millénaires. Aujourd’hui, depuis leur mise en place dans le Pacifique, les DCPs dérivants sont devenus un élément clé de la pêche dans la région. Il est même estimé qu’environ 40% des prises de thon à la senne est obtenue grâce à ces dispositifs.

De nos jours, cette technique a été reprise et améliorée par les industriels de la pêche, notamment pour la pêche au thon. Les DCPs dérivants sont maintenant accompagnés de balises GPS et de balises satellites permettant de suivre en temps réel la position de chaque dispositif ainsi que de sondeurs grâce auxquels les pêcheurs peuvent connaître le volume de poissons autour du dispositif. Les DCPs dérivants facilitent la capture des poissons, parfois un peu trop… En effet, en capturant les poissons juvéniles, la pêche avec DCP empêche les espèces de se reproduire.

De plus, ces dispositifs ont tendance à s’assembler naturellement autour d’objets flottants. Alors, bien que ces DCPs dérivants ont permis une augmentation des captures et de générer des revenus pour les États et Territoires insulaires océaniens, leur utilisation désormais intensive – plus de 30 000 bouées satellite déployées chaque année – a généré certains problèmes tels que l’échouage de ces objets sur les plages des pays et territoires de la région.

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Un dispositif de concentration de poissons issu de la pêche industrielle a échoué sur le récif de Dapani ©
Sébastien Quaglietti / Office français de la biodiversité

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Le recyclage innovant des DCPs dérivants

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DCP dérivant sur la plage, Wallis et Futuna, février 2020 © Communauté du Pacifique

Depuis 2019, soixante-dix DCPs dérivants ont été collectés par la Communauté du Pacifique. L’initiative de la SPC pour les anglophones, se concentre uniquement sur la remise à neuf des balises satellites attachées aux DCPs, tandis que les dispositifs eux-mêmes sont recyclés dans la mesure du possible. Vous l’aurez compris, les balises satellites collectées proviennent donc principalement des DCP dérivants perdus ou abandonnés par les pêcheurs industriels à la senne en dehors des eaux de Calédonie.

Les balises reconditionnées conservent leurs fonctions initiales et sont réutilisées pour les mêmes raisons. Toutefois, elles sont déployées sur des DCPs ancrés Calédoniens, permettant aux pêcheurs d’obtenir des informations cruciales telles que la position du DCP et une estimation de la quantité de poissons présents. Cette utilisation stratégique des balises contribue non seulement à localiser rapidement les DCPs, mais également à prévenir leur perte en cas de détachement. De plus, l’échosondeur intégré à la balise informe les pêcheurs de la présence de poissons agrégés sous le DCP.

À noter que les bouées satellites et échosondeurs utilisés dans ce processus appartiennent à la marque Satlink, une entreprise espagnole largement préférée par les pêcheurs à la senne dans le Pacifique pour les DCPs dérivants. Satlink a initié le projet ReCon en juillet 2023, auquel la Communauté du Pacifique participe activement, visant à réutiliser les bouées retrouvées échouées sur les côtes des pays et territoires du Pacifique. Les deux prochaines seront de nouveau déployés sur des DCPs en Province Sud.

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La data, le nerf de la guerre pour le reconditionnement des bouées

La Communauté du Pacifique rassemble des informations sur les DCPs et les bouées échouées en Nouvelle-Calédonie ainsi que dans dix autres nations et territoires du Pacifique. L’objectif est de mieux comprendre les incidents d’échouage en termes de localisation, de fréquence, de types de dispositifs et de leurs impacts environnementaux. Cette démarche, menée par Dr Lauriane Escalle, scientifique principal de pêche sur les dispositifs de concentration des poissons, vise à fournir des conseils scientifiques en vue d’une gestion durable de la pêche à la senne et de l’utilisation des DCPs dérivants.

« Cette initiative illustre notre engagement envers une gestion durable des ressources océaniques. En reconditionnant et en recyclant des bouées, nous contribuons à une économie circulaire et atténuons l’impact environnemental des DCP dérivants échoués dans le Pacifique. » Docteur Graham Pilling, directeur adjoint du Programme des pêches océaniques de la CPS.

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Un DCP trouvé sur un îlot au nord de Wallis et Futuna © Communauté du Pacifique

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