Nouvelle-Calédonie, Terre d’innovations – Épisode #21
Les Calédoniens et, plus globalement les peuples du Pacifique, ont la réputation, justifiée, d’être des « pionniers » ; voyageurs, conquérants, explorateurs mais aussi agriculteurs, pêcheurs, cultivateurs et chercheurs d’eau douce à travers les âges, les populations iliennes ont toujours été des précurseurs, forcés de s’adapter continuellement à un mode de vie complexe et évolutif. Aujourd’hui, « l’océan numérique » a remplacé les explorations en pirogues et les Calédoniens doivent désormais endosser un nouveau rôle de pionniers « d’innovateurs technologiques ».
La série « Nouvelle-Calédonie, terre d’innovations » se penche aujourd’hui vers une innovation scientifique très prometteuse pour la Nouvelle-Calédonie et la région : la bouée houlographe ! Grâce à cet outil innovant de mesure de la houle, des vagues et du vent, les scientifiques du Caillou et les usagers du lagon vont pouvoir appréhender avec nettement plus de précision la circulation des courants marins, les risques d’inondation côtière ou encore les conditions de sortie en mer !
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Le houlographe, une bouée à la mer
Les houlographes, ce sont donc ces vigies océaniques et flottantes dont vous avez déjà pu observer un exemple du côté du rocher à la voile de Nouméa. Là, à quelques dizaines de mètres de la côte, vous remarquerez une bouée jaune auréolée d’une série de panneaux solaires qui garantissent son autonomie de fonctionnement. Cette innovation destinée à collecter des données très précises concernant la houle et les vagues embarque toute une série de technologies lui permettant de déterminer la hauteur d’eau, les vitesses et les directions des courants marins, la période, la direction et la hauteur de la houle et enfin la turbidité relative dans la colonne d’eau.
Pour que l’on puisse les repérer facilement et savoir dans quelle zone sont effectuées ces mesures, les houlographes disposent également d’un système de positionnement GPS. Pour transmettre les données collectées, il est équipé d’un dispositif Iridium de transmission des données en temps réel. Un vrai plus pour les scientifiques – qui peuvent dès lors mener une surveillance océanique bien plus précise – mais aussi pour les usagers du lagon, comme les pêcheurs ou les surfeurs ! Enfin, ces bouées sont également munies d’un capteur de température à la surface de l’eau, un paramètre fondamental pour le suivi des épisodes de blanchissement des coraux ou pour la détection d’éventuels cyclones en formation.
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Pour aller plus loin…
Jusqu’à présent, la Nouvelle-Calédonie ne pouvait compter qu’avec des mesures de la houle très occasionnelles et isolées. L’installation de ces houlographes innovants va donc permettre de mieux observer et comprendre les phénomènes liés à la houle dans notre région. Ces dispositifs sont toutefois encore considérés comme expérimentaux et s’adressent avant tout aux scientifiques qui les ont déployés (prévisionnistes de Météo-France NC, océanographes de l’IRD et de la CPS), aux pêcheurs, aux pilotes maritimes et bien sûr, aux surfeurs.
Alors qu’au début de l’année 2021 le cyclone tropical Niran frappait la Nouvelle-Calédonie et, plus globalement, les territoires iliens avoisinants, des vagues impressionnantes ont endommagé nos écosystèmes et causé des dommages impressionnants aux populations et aux infrastructures des zones côtières. Déjà en service, les houlographes installés en mer à ce moment ont notamment enregistré une vague de 7,1 mètres, une valeur nettement supérieure à la mesure projetée par modélisation, soit 5,8 mètres.
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Le houlographe, un avenir en DCP ?
Devant le succès et la précision des mesures permises par ces bouées, la CPS a récemment étudié la possibilité de coupler les houlographes avec des dispositifs de concentration de poissons, les fameux DCP. Installés en mer, généralement gérés par les services des pêches et mis à l’eau à l’aide de moyens locaux, ces derniers pourraient ainsi offrir un lieu d’ancrage solide et inédit aux bouées houlographes de la région.
En combinant ces deux dispositifs, les usagers de la mer pourront compter sur la localisation GPS des bouées afin de mieux suivre les DCP, de mieux caractériser leur mouvement classique de balancier et leur rayon d’évitage, et ainsi améliorer la sécurité en mer et faciliter la récupération des DCP en cas de rupture. Une bel exemple de collaboration entre différentes institutions calédoniennes comme la CPS, le Centre de la Communauté du Pacifique pour les sciences océaniques (PCCOS), l’IRD, Météo-France et la Province Sud. A présent, ces expérimentations s’apprêtent également à être menées dans d’autres territoires voisins du Pacifique : la CPS a ainsi pu soutenir des installations similaires aux îles Kiribati et Tuvalu.. Le houlographe a donc plus que jamais le vent en poupe !
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Retrouvez le replay de l’épisode de « CALEDINNO » diffusé sur NC La 1ère dimanche dernier en cliquant ici.