Un dispositif de concentration de poisson (DCP) connecté et associé à une bouée houlographe, capable de récupérer des données sur la houle océanique, c’est l’un des projets que testent la « Division pêche, aquaculture et écosystèmes marins » (FAME) et la « Division géosciences, énergie et services maritimes » (GEM) de la CPS, en étroite collaboration avec d’autres acteurs scientifiques présents sur le territoire. En cette journée mondiale de l’océan, ce nouveau prototype est une potentielle belle nouvelle pour les « pacific islanders »… 

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Des DCP 4.0 bientôt dans nos eaux ? 

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Des données en temps réel sur le passage de Niran © CPS

Début 2021, le cyclone tropical Niran s’abattait sur la Calédonie et, plus globalement, sur les territoires iliens avoisinants et, avec lui, des vagues d’une violence impitoyable qui a endommagé écosystèmes, population et infrastructures des zones côtières. Alors que les mesures de houle sont encore très rares dans les pays insulaires océaniens à cause de la complexité de l’installation et de la maintenance de ces systèmes d’observation, la CPS a étudié la possibilité de coupler des bouées houlographes et DCP. L’hypothèse ? Les dispositifs de concentration de poissons (DCP) installés en mer, généralement gérés par les services des pêches et mis à l’eau à l’aide de moyens locaux, pourraient se muer en DCP intelligents et offrir un lieu d’ancrage solide et inédit aux bouées houlographes de la région. 

Les deux Divisions d’experts de la CPS ont ainsi fait appel au Centre de la Communauté du Pacifique pour les sciences océaniques (PCCOS) afin qu’il dirige cette initiative inter-division, assure la co-construction du projet et noue des partenariats avec des chercheurs de l’Institut français pour la recherche et le développement (IRD), la province Sud de Nouvelle-Calédonie et Météo-France. La première étape de ce projet a consisté à organiser ateliers et réunions « pour concevoir le projet de DCP intelligent et mobiliser une équipe conjointe, composée de chercheurs et spécialistes des deux divisions participantes de la CPS, ainsi que de scientifiques de l’IRD ». Ainsi, en couplant les capacités marine de l’IRD à l’expertise des spécialistes du mouillage de GEM, des prototypes de bouées « intelligentes » ont pu être mis à l’eau. 

On se jette à l’eau : on adore cette innovation ! © CPS / IRD

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La data au cœur de l’expérimentation

Alors que Météo France a également contribué à la préparation des données de suivi de la houle et au perfectionnement des modèles et des prédictions, ce projet de recherche a pu voir le jour et les résultats ne se sont pas fait attendre ; les utilisateurs finaux locaux ont ainsi pu accéder à des données de houle plus fiables, à une échelle plus fine alors que les données analysées en temps réel permettaient, quant à elle, d’augmenter la sécurité des usagers de l’océan et aux services météorologiques d’ajuster leurs modèles prévisionnels afin de délivrer des bulletins météo plus précis. 

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Une romance innovante entre DCP et houlographe ! <3 CPS

Gabrielle Castella, Responsable de la Division Prévision à Météo-France, explique en quoi la bouée houlographe améliore la prise de décision : « La bouée complète notre système d’observation et nous permet donc d’affiner nos prévisions. Ces données en temps réel, actualisées toutes les 30 minutes, nous permettront de confirmer ou d’infirmer la hauteur de la houle calculée par nos services et d’ajuster au besoin les niveaux d’alerte. C’est une aide à la prise de décision pour la sécurité civile en cas d’épisode de forte houle. »​… et une excellente nouvelle pour tous ceux qui aiment barrer mettre un coup de pêche, quelle que soit la météo ! 

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La co-construction au cœur de l’innovation

La phase finale de ce projet ambitieux et innovant, soutenu et financé par les Ministères français des Affaires étrangères et toujours en cours, prévoit en outre le transfert de la maintenance et de la pérennisation du système d’observation de la houle à la province Sud et aux services météorologiques. Côté enseignements, on retiendra principalement que le prototype était assez résistant pour générer des données continues, quelle que soit la puissance du vent et la hauteur de la houle. 

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Un houlographe à la mer… © CPS

Par ailleurs, « la localisation GPS des bouées permet de mieux suivre les DCP et de caractériser leur mouvement classique de balancier et leur rayon d’évitage, ce qui améliore la sécurité en mer et facilite la récupération des DCP en cas de rupture. » ; un cas qui s’est déjà produit pendant l’expérimentation comme le confirment Jérôme Aucan, chercheur à l’IRD et Adrien Lauranceau-Moineau, l’un des chefs de projet à l’origine de ce prototype. 

Un autre enseignement émerge en filigrane de cette expérience collaborative : la co-construction entre différentes entités et institutions calédoniennes, telles que la CPS, le Centre de la Communauté du Pacifique pour les sciences océaniques (PCCOS), l’IRD, Météo-France et la Province Sud, fonctionne parfaitement et c’est tant mieux car, in fine, ce sont « nouzôtres », Calédoniens, qui en bénéficions mais pas que… car ce prototype testé en Calédonie bénéficie également, sous l’effet du scaling-up, à nos voisins du Pacifique puisque suite au succès de l’expérimentation en Calédonie, la CPS a pu soutenir des installations similaires aux iles Kiribati et Tuvalu.. Technologie, recherche scientifique et co-construction ne resteront donc pas dans le creux de la vague !

Installation d’une bouée holographie au Tuvalu © CPS

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