Saviez-vous que le début d’année 2023 avait compté parmi les plus intenses en termes d’incendies de ces dernières années ? A voir tomber toute cette pluie, probablement pas ! Il faut dire que le mois de septembre, particulièrement humide, a permis de rétablir la donne. Et puis côté « presse », peu d’informations ont été relayées concernant ces épisodes de feux qui ont particulièrement touché la zone Nord-Est du territoire.
Qu’à cela ne tienne, l’Observatoire de l’Environnement en Nouvelle-Calédonie veille au grain : une conférence de presse était organisée hier dans les bureaux de l’ŒIL pour expliquer comment utiliser les outils d’alertes incendies et les données satellitaires de référence de l’Observatoire autour de ce sujet.
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Des outils accessibles à tous et d’un seul clic
A l’Observatoire de l’Environnement, on aime bien les innovations technologiques qui veillent sur nos écosystèmes… y compris depuis l’espace ! Dès 2015, l’ŒIL s’est appuyé sur la télédétection par imagerie satellite pour mieux comprendre l’impact des feux sur le territoire tout en améliorant leur détection. Mais alors, comment ça marche ? Il faut savoir que certains des satellites qui nous survolent sont équipés de capteurs multispectraux, notamment des capteurs thermiques, bien utiles pour repérer et comprendre les catastrophes naturelles.
Ainsi, l’ŒIL s’appuie sur les données de différents satellites (MODIS, NOAA/SUMI, Sentinel 2…) qui survolent la terre plus ou moins souvent et acquièrent des informations de façon plus ou moins précise. Certains d’entre eux sont seulement capables de détecter des « points chauds », c’est-à-dire des départs de feux, et donc d’alimenter des systèmes d’alertes, tandis que d’autres peuvent analyser de façon très fine, et a posteriori, les dommages causés par les incendies : quelles espèces touchées, quelles conséquences pour la ressource en eau, etc. Grâce à toute ces données de référence combinées, l’ŒIL a pu développer un outil d’alerte personnalisée sur les incendies ainsi que des géoportails de référence, les bien nommés « VULCAIN » et « VULCAIN PRO« .
« Depuis que l’ŒIL travaille sur le suivi des incendies sur le territoire, on a souvent constaté dans les articles de presse que les journalistes n’utilisaient que très peu nos données de référence sur la question des feux. Pire, certains de leurs chiffres étaient parfois complètement erronés. Il était donc important pour nous de leur expliquer que toutes ces données, parfaitement fiables et gratuites, étaient à leur disposition et à la portée d’un clic ».
Anne Lataste, responsable communication scientifique.
C’était là tout l’objet de la présentation de Fabien Albouy, directeur de l’ŒIL, dans ses bureaux rue Tourville : expliquer comment les gestionnaires publics, les associations de défense de l’environnement – mais aussi la presse et le grand public, donc – peuvent s’appuyer sur ces outils.
Finalement, rien de plus simple : il suffit de se rendre sur le site de l’ŒIL pour s’abonner au service de détection et une alerte personnalisée vous sera envoyée par email si un feu se déclenche dans une zone que vous avez renseignée. Un lien vers le géoportail VULCAIN vous permettra ensuite de basculer sur cet outil très complet. Ce dernier prend la forme d’une carte et d’un tableau de bord avec de nombreux indicateurs. Vous pourrez ainsi découvrir le nombre d’incendies sur les dernières 24 heures, par Province et par mois, l’impact sur la végétation et les espèces menacées, le nombre d’aires protégées touchées, les zones sensibles d’un point de vue de la ressource en eau…
Tout, tout, tout, vous saurez tout sur l’impact des feux en Calédonie ! Et si vous avez des besoins d’analyse encore plus poussés et précis, alors c’est sur « VULCAIN PRO » que vous trouverez votre bonheur, en accédant à toutes les données disponibles de l’ŒIL… et ce, toujours gratuitement !
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Incendies : un impact environnemental à ne pas sous-estimer
Il faut dire que ne pas exploiter ces données serait vraiment dommageable pour notre Caillou, tant les incendies figurent parmi les principales pressions qui pèsent sur les milieux naturels en Nouvelle-Calédonie. Tout récemment, l’année 2019 avait marqué les esprits avec plus de 1 423 incendies détectés par les outils de l’ŒIL et 2,7% du territoire partis en fumées…
Depuis que l’OEIL surveille les incendies grâce aux satellites, les détections montrent ainsi qu’il brûle chaque année l’équivalent de 2 à 6 fois la ville de Nouméa… Pour vous donner une idée, en termes de gaz à effet de serre émis, les incendies recensés en 2019 avaient représenté à eux seuls plus de 10% des émissions totales du pays ! Un volume comparable aux émissions produites par 116 600 vols Nouméa-Paris-Nouméa pour une personne… et une véritable bombe pour le climat !
Bien entendu, les feux ont également une incidence dévastatrice sur la biodiversité de notre Caillou. En réduisant chaque année un peu plus nos précieuses forêts déjà fortement morcelées, ils portent atteinte aux centaines d’espèces endémiques menacées qui composent notre patrimoine naturel.
Dernière conséquence – et non des moindres – les incendies amenuisent également notre ressource future en eau. En 2019 toujours,83 périmètres de protection des captages d’eau sur 615 en Calédonie ont été touchés par 236 incendies. Des chiffres qui donnent le tournis et que l’ŒIL espère bien faire connaître au plus grand nombre… En effet, les risques à terme sont que ces captages ne puissent plus fournir d’eau en quantité et en qualité suffisantes aux populations mais aussi que la fréquence et la sévérité des inondations augmentent. Alors là seulement, peut-être que tout le monde se sentira concerné…
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Vigilance en cette fin d’année
Depuis sa création en 2015, l’Observatoire de l’Environnement en Nouvelle-Calédonie s’applique donc à faciliter la décision des acteurs concernés sur les mesures à prendre pour conserver l’environnement dans un bon état. Avec ces outils de détection et de suivi des incendies sur le territoire, l’ŒIL parvient à nous fournir des données factuelles et fiables sur ces phénomènes, le tout gratuitement et accessible à tous.
Hop, un petit tour sur VULCAIN nous apprend ainsi que, jusqu’à présent, l’année 2023 a été marquée par 340 incendies pour 11 550 hectares potentiellement touchés… Alors qu’un retour du Niño est attendu et que la fin d’année reste la saison à plus haut risque, il convient donc d’ouvrir un ŒIL… et le bon.
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