Chers lecteurs, l’océan est notre maman ! Le problème, c’est qu’elle souffre actuellement d’un cancer généralisé causé par ses propres enfants capricieux qui la souillent encore et encore… Pourtant, tous les “enfants” ne sont pas à noyer immédiatement, car nombre d’entre eux innovent et agissent pour préserver sa santé. Aux détours de cette série d’articles sur la thématique “Ocean Tech“, la rédaction vous propose de découvrir les projets de ceux qui ont choisi de guérir plutôt que de détruire…
Après vous avoir présenté l’ingénieuse idée de Greenov – cette startup qui cherche à réduire le bruit et l’impact des dégâts provoqués par les travaux côtiers -, place cette semaine à un nouvel épisode qui devrait ravir les plus « riders » d’entre vous : la startup montpelliéraine YUYO conçoit des planches de surf imprimées en 3D à partir de déchets plastiques ! Une initiative qui permet enfin aux amoureux des vagues de concilier glisse et préservation de nos écosystèmes marins.
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Le paradoxe du surfeur
Romain Paul est un mordu de glisse depuis le plus jeune âge : surfeur dès huit ans, « shaper » – comprenez fabricant de planches – depuis une dizaine d’années, son amour des rouleaux l’a très vite confronté à ce qu’il appelle « le paradoxe du surfeur ». Cette contradiction, c’est celle qui existe entre les convictions environnementales des surfeurs et leur utilisation d’un matériel encore trop polluant, non recyclable et toxique pour les écosystèmes marins. Si les vagues sont leur terrain de jeu, alors il est apparu évident aux yeux de Romain que les surfeurs devaient être les premiers à protéger ce milieu naturel.
Convaincus que d’ici quelques années toute l’industrie du surf se tournera vers des solutions éco-responsables, Romain décide donc de quitter son job dans le marketing pour se consacrer avec trois copains à essayer de résoudre ce paradoxe. Leur idée ? Mettre à profit le développement des matériaux bio-composites et de l’impression 3D grand format pour élaborer des planches de surf écologiques. La startup YUYO était née !
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YUYO, l’innovation dans le sang
Grâce à la fabrication additive, nos surfeurs héraultais produisent donc à la demande des planches sur-mesure dont le cœur est constitué de PLA – un biopolymère issu de l’amidon de maïs – et de PET recyclé, constitué de déchets plastiques. Pour les stratifier, les équipes de YUYO utilise une fibre minérale naturelle écologique et résistante, alliée à une résine biosourcée et composée d’huiles végétales. Vous l’aurez compris, avec des planches écolo, le surf c’est tout de suite plus rigolo ! Mais la préservation de l’environnement n’est pas le seul avantage offert par ce process : recourir à des matériaux naturels ou recyclés signifie également produire moins de déchets, protéger la santé des shapers des effets néfastes induits par les produits habituellement utilisés, sourcer des matières premières localement…
Au-delà de l’écologie, l’innovation est également au cœur de l’ADN de YUYO qui cherche en permanence à optimiser leurs matériaux, leurs technologies et leurs procédés de fabrication. La startup collabore ainsi étroitement avec l’École des Mines d’Alès pour affiner son concept. Un travail constant de recherche et de développement qui leur permet également d’exceller sur la performance de leurs « boards » : « Contrairement à un pain de mousse classique qui est un bloc mono-matière, grâce à l’optimisation topologique, nous sommes en mesure de répartir la matière comme nous le voulons et ainsi de définir les performances spécifiques de la planche : flexibilité, réactivité, équilibre ». Sur ce point, on va faire confiance aux experts … et ça tombe bien : YUYO s’est trouvé un ambassadeur de marque en la présence de Stéphane Iralour, vice-champion d’Europe de Big Wave Surf.
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YUYO, un futur calédonien ?
Récompensée par plusieurs distinctions aux concours Sportup Summit 2018, Inn’Ovations 2019 et Osons les entrepreneurs engagés 2019, YUYO cherche désormais à poursuivre sa marche – ou sa glisse ? – en avant en doublant ses ventes mensuelles. La startup propose aujourd’hui une large gamme de modèles de planches à la vente : la Mérou, la Carangue, la Marlin, la Rascasse, la Mahi Mahi… Des noms qui sonnent doux à nos oreilles calédoniennes et qui nous tardent de découvrir chez nouzotres ! En effet, on est prêt à vous parier que le « paradoxe du surfeur » est aussi une problématique qui agite les riders du Caillou, soucieux de prendre soin de leur petit coin de paradis…
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