C’est sur la terrasse de la chaîne préférée des Calédoniens qu’Ambre Lefeivre nous a proposé de papoter « numérique », de son parcours et de son quotidien. Le lagon en contrebas, un perpétuel sourire aux lèvres, la « Madame Numérique » de Nouvelle-Calédonie La 1ère n’a éludé aucun sujet et s’est même permise une petite annonce réseaux sociaux. La transformation numérique du paysage audiovisuel calédonien a entamé sa mue et, définitivement, Ambre n’y est pas étrangère. Une énergie à revendre, une expertise acquise dans de grands groupes médiatiques métropolitains, nous vous proposons aujourd’hui une interview en Ultra HD qui ne saurait vous laisser indifférents ! Parole à notre consoeur journaliste…
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Bonjour Ambre et bienvenue sur NeoTech ! Tu es donc la « Madame Numérique » de notre chaîne télévisée préférée ; peux-tu nous résumer ton parcours en quelques dates clés ?
Bonjour NeoTech et bienvenus à NC La 1ère ! Pour commencer, devenir journaliste est une ambition que je porte depuis l’âge de sept ans. Pour y parvenir, j’ai suivi un long parcours scolaire. Après avoir terminé mon lycée au pays, j’ai poursuivi mes études supérieures en métropole : en 2005, j’ai débuté une licence d’Histoire à la Sorbonne-Paris 4, avec une spécialisation en langues vivantes puis, j’ai effectué deux années de master sur la thématique « Le fait culturel et religieux à l’époque contemporaine ». A cette époque, j’ai même passé les écrits du CAPES pour devenir enseignante… avant de finalement comprendre que ce n’était pas du tout ce que à quoi j’aspirais. Je suis donc revenue vers mon premier amour, le journalisme. Pour ce faire, j’ai passé les concours pour entrer dans un master professionnalisant à l’ESJ (École Supérieure de Journalisme) à Paris.
Puis, en 2013, à la fin de ces études, j’ai commencé un stage chez « Galaxie Presse« , une grosse agence de presse spécialisée dans la réalisation de documentaires qui assurait des missions pour France Télévisions, pour la Chaîne Parlementaire, Public Sénat et même Canal +. Mon passage dans cette agence a été très formatrice et reste encore aujourd’hui une expérience très enrichissante.
Il a été alors l’heure de revenir en Nouvelle-Calédonie une première fois pour faire quelques piges comme journaliste avant de retourner en métropole où je me suis spécialisée en journalisme web. Il me semblait que c’était à la fois un secteur pourvoyeur d’offres d’emploi mais aussi un secteur d’avenir. J’ai notamment travaillé pour « CNews » ou encore collaboré avec des rédactions comme « l’Opinion ». Après ces expériences, j’ai finalement travaillé pour « Non-Stop Production », une filiale de « Banijay » du « Groupe Canal + ». J’ai été embauchée en CDI en qualité de responsable éditoriale du site d’informations continues « Non-Stop People ». On y couvrait toute l’actualité média et culturelle française : j’ai participé à de nombreux tournages parmi lesquels, entre autres, les « Victoires de la Musique », les « Césars » ou quelques actualités « chaudes ».
En parallèle, comme je suis restée en lien avec la Calédonie, j’ai continué à piger pour « France Télévisions » où j’ai développé la série web « Calédoniens d’ailleurs » qui retraçait des portraits de Calédoniens vivant hors du territoire. Comme il m’était délicat de me déplacer partout à travers le globe pour les rencontrer, j’ai dû développer une parfaite maîtrise de tous les outils numériques nécessaires pour les prises de contact avec les interviewés : Whatsapp, Messenger, Teams… C’est alors que « NC La 1ère » m’a contactée pour me dire qu’un poste de « Déléguée Numérique » s’ouvrait au sein de la chaîne. J’ai postulé et j’ai eu le plaisir d’être recrutée en octobre 2020 !
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En quoi consiste ton poste de « Déléguée Numérique » au sein de la chaîne et quelles sont tes missions quotidiennes ?
Je m’occupe des « offres numériques » de « Nouvelle-Calédonie La 1ère », à savoir tous les contenus, hors info, que l’on retrouve sur le site internet et les réseaux sociaux : articles, podcasts, replays, publications sur nos réseaux sociaux etc… Mon équipe et moi-même gérons les « plateformes » et éditorialisons tous nos contenus pour qu’ils soient bien référencés et facilement trouvables par nos lecteurs et les visiteurs des plateformes numériques.
Par ailleurs, nous travaillons en étroite collaboration avec les journalistes ainsi que tous les services de « NC La 1ère » et de manière transversale avec le groupe « France TV » et, tout particulièrement avec le portail des Outre-Mer, l’offre numérique des Outre-Mer de France Télévisions. Notre objectif est de relayer les informations qui existent sur ce portail en local et inversement. Un exemple ? La série 100% numérique nommée « Ultra loin » met en scène une colocation de jeunes d’outre-mer qui vivent à Paris. Cette série web est relayée sur le site des Outre-mer, mais aussi sur le nôtre. Un super programme !
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Quels sont les canaux digitaux et social media que vous utilisez régulièrement pour diffuser vos contenus ?
Au quotidien, on utilise plusieurs canaux digitaux et social media et c’est notre site internet qui se trouve au centre de notre communication avec la mise en ligne de tous nos articles, replays, podcasts, et contenus 100% numériques.
On utilise aussi les réseaux sociaux, sur lesquels nous sommes très actifs et qui nous demandent beaucoup de temps : Facebook, Instagram, Youtube et Twitter. Nous ne sommes pas encore sur TikTok mais, spoil alert, on est en phase de réflexion et de formation pour développer notre présence sur ce réseau social. On travaille notre ligne éditoriale pour qu’elle soit adaptée à notre identité média et à nos contenus de base. Pas de petite danse sur TikTok donc…
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Quels types et formats de contenus diffusez-vous sur le web et à qui sont-ils adressés ?
Sur notre site, on va retrouver la grande majorité des formats diffusés à la télévision. Des magazines, des documentaires, des programmes courts comme « CALEDINNO » et autres « contenus info » comme la météo ou le JT. On propose aussi bien du format court que du format très long comme des documentaires. C’est l’internaute lui-même qui va choisir ce qu’il a envie de regarder en fonction de son temp et ce où il veut, quand il veut et sur n’importe quel support digital.
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Comment gère-t-on une communauté aussi active sur les réseaux sociaux au quotidien ? Et notamment, toutes les interactions, positives ou négatives, émanant de cette présence ?
Nous avons deux personnes à temps plein, des « community managers » qui gèrent nos communautés. C’est finalement assez peu au vu du travail de modération et de gestion des réseaux sociaux. Il faut savoir qu’en 2021, on avait en moyenne 900 commentaires par jour sur notre page Facebook ! Même si le contexte était particulier – confinements et référendum -, les commentaires étaient très nombreux et l’actualité a amené beaucoup de « haters » qui sont venus polluer nos espaces de commentaires. Pour les en dissuader, on a mis en place des filtres sur la page Facebook, enrichis de 600 mots « interdits ». Mais, bien entendu, il y a des haters qui connaissent le système et qui arrivent à le détourner. C’est malheureux mais c’est ainsi…
On propose aussi une charte de modération sur la page Facebook : « France Télévisions » se réserve le droit de supprimer tout commentaire trop virulent quel qu’il soit ! Le but, ce n’est pas d’empêcher les gens de donner leur avis, même s’il est critique à notre encontre, mais simplement de mettre des limites quand les propos ne sont plus respectueux et dépassent les bornes de la correction.
D’autre part, « France Télévisions » collabore avec « Netino », un prestataire qui nous accompagne sur la gestion du community management et la gestion de crise : lorsqu’on s’aperçoit que certaines vidéos font le buzz et génèrent des centaines de commentaires, on leur signale l’information : ce sont eux qui prennent alors le relai et s’occupent de gérer la modération.
D’autre part, on essaie de répondre à tous les messages privés, qu’ils soient positifs ou négatifs. C’est aussi un moyen d’avoir des retours de nos spectateurs sur nos différents contenus et de créer ainsi du lien entre la chaîne et les internautes. En revanche, on ne répond que très rarement aux commentaires, à l’exception des cas où un internaute cherche une information ou un contenu.
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Quels sont les grands piliers de votre stratégie digitale ?
Tous les contenus proposés répondent à « l’utilité sociale », à la « proximité » et à « l’interactivité ». On mise beaucoup sur la « plateformisation », c’est-à-dire trouver la forme de contenu adaptée à chaque utilisateur, accessible quand ils veulent et où ils veulent : sur l’ordinateur, tablette ou sur leur téléphone.
Pour que tout ça soit réalisable, on améliore en permanence le site et notre application avec les équipes de développement à Paris dans une logique de « test and learn ». On améliore également la structuration du site et nous portons une attention particulière au référencement SEO afin de permettre une meilleure navigation et d’obtenir une expérience utilisateur la plus agréable qui soit. La plateformisation nous permet de passer d’un média de masse où « tu subis l’information » à un média personnalisé où « tu choisis ce que tu veux regarder ». Finalement dans cette logique algorithmique, à terme, il y aura autant de « sites » que d’utilisateurs !
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As-tu des statistiques sur les audiences web et sur les réseaux sociaux à partager avec nous ?
En 2021, il y a eu plus de 21 millions de visites uniques sur le site internet, soit environ 58 000 visites par jour. C’est gigantesque ! Notre page Facebook, c’est plus de 240 000 abonnés, en gardant en mémoire que la grande majorité de ces abonnés sont des Calédoniens. En toute humilité, je crois que nous gérons donc la page la plus suivie de Nouvelle-Calédonie !
Sur Youtube, on vient de franchir le cap des 43 000 abonnés. Côté Instagram, on dépasse les 30 000 abonnés et sur Twitter, près de 15 000 followers nous suivent. Sur les réseaux sociaux, nous concentrons principalement nos efforts sur Facebook et Instagram tout en menant actuellement une réelle réflexion sur l’intégration de TikTok dans nos supports de diffusion avec pour ambition d’aller chercher une audience plus jeune et férue de ce nouveau canal.
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La transformation numérique du secteur de l’audiovisuel public est une étape que rencontrent toutes les rédactions. Sur quels leviers s’appuie-t-elle en règle générale et chez NC La 1ère en particulier ?
Avec les confinements, la transformation numérique du territoire s’est largement accélérée : les gens se sont rendu compte de la présence continue et de l’utilité du numérique au quotidien. Il n’y aura pas de retour en arrière, même pour les réfractaires : le numérique fait déjà partie de nos quotidiens à tous !
« France Télévisions » a déjà pris ce virage numérique il y a une dizaine d’années : le groupe faisait partie des premiers diffuseurs à proposer des contenus digitaux. Localement, notre défi est de poursuivre la transformation de nos outils et d’améliorer l’expérience utilisateur sur le site.
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On collabore avec votre chaîne (MERCI !) sur le magazine TV + web « CALEDINNO » qui illustre et explique les innovations calédoniennes. Quel est ton ressenti sur l’appréhension de cette thématique par les publics calédoniens ?
L’innovation est un sujet essentiel et pourtant, le public a du mal à appréhender ce sujet. Ces innovations se trouvent pourtant partout autour de nous, et tout particulièrement dans le monde du numérique : il faut que tous les Calédoniens en prennent désormais conscience ! En effet, la population n’est globalement pas encore assez formée aux usages et outils numériques alors qu’ils représentent un véritable enjeu social et économique pour la Nouvelle-Calédonie.
Ce qui fonctionne particulièrement bien quand on propose un contenu sur le thème de l’innovation, c’est de passer par l’intermédiaire de quelqu’un qui explique et d’ainsi proposer un contenu à visée pédagogique et vulgarisé au maximum. Il faut en effet incarner au maximum ces sujets compliqués et les rendre accessibles à une plus grande frange de la population.
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Le format vidéo est déjà largement digitalisé et le format audio / radio suit le chemin, notamment avec l’explosion du format « podcast ». Quel est ton regard sur ces nouveaux formats que vous devez déjà bien connaître ?
Nous mettons à disposition une offre radio qui comporte de plus en plus de podcasts. D’autre part, les équipes travaillent actuellement sur une refonte du « Back Office » de notre radio afin de proposer une expérience utilisateur la plus agréable possible. Le but, c’est d’avoir un meilleur référencement afin que les podcasts soient plus facile à retrouver. C’est un format qui explose aujourd’hui et nous souhaiterions d’ores et déjà produire des contenus 100% podcasts qui seraient indépendants des produits « radio ».
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Un dernier mot pour la route ou une dernière actualité à partager ?
La première « actu », c’est évidemment notre travail actuel autour de notre future présence sur TikTok. Un objectif : s’adresser aux jeunes générations ! D’ailleurs, pour cette cible, on développe aussi la plateforme « NC La 1ère Educ’ », une plateforme 100% locale conçue en partenariat avec le Vice-Rectorat qui diffuse des contenus pédagogiques à destination des professeurs d’Histoire-Géographie et d’Enseignement Moral et Civique. On a le projet de l’étoffer et d’ouvrir à d’autres disciplines, voire à d’autres niveaux – primaire ou université.
Pour terminer, nous poursuivons une démarche de valorisation de nos archives ; depuis 1970, nous disposons d’un stock assez conséquent et ce patrimoine local concerne et parle vraiment beaucoup aux Calédoniens ; pour moi, connaître son passé est essentiel et nous permet d’imaginer le futur et d’avancer ensemble ce qui est également l’une des valeurs centrales d’NC La 1ère !
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