Lecteurs néophytes, attention : la data est un univers en soi ! Ainsi, l’événement qui s’est déroulé, mercredi 22 février à la Station N était consacré à la présentation de la Commission Open Data. C’est dans un désormais traditionnel coucher de soleil qu’Hatem Bellagi, le Président du Cluster Numérique OPEN NC, a lancé les hostilités. Au coeur des attentions, l’or numérique : la donnée.

Au regard du nombre de personnes ayant répondu à l’invitation, le sujet, pourtant technique, semblait faire mouche. De quoi réjouir le Président de cette Commission, Stéphane Renaud, fondateur de Quid Novi. En bon chef de cérémonie, il a tout d’abord annoncé les ambitions des cinq groupes de travail qui la composent.

Aussi, au menu gourmand de cette réunion “geek”, Big Data, Open Data, Business Intelligence, Data Management et RGPD. Des mots et acronymes parfois obscurs et pourtant si cruciaux pour accélérer la transition numérique de la Nouvelle-Calédonie. Chacun leur tour, les experts se sont relayés pour expliquer et détailler les grands enjeux par thématique. Décryptage – le plus vulgarisé possible ! – de ces élucubrations “tech”.

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Réussir à (ma)nager dans toutes ces données

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Thomas Avron, roi de la gestion des données © NeoTech

La restitution a débuté avec la prise de parole de Thomas Avron (APID). Il a présenté le travail effectué autour du data management, autrement dit, en bon français : la gestion des données. Ça tombait bien puisque le slogan de sa jeune entreprise est : « In data, we trust » ! En résumé : face au déluge de données que reçoivent les entreprises, la nécessité d’intégrer de nouvelles pratiques pour exploiter ces informations numériques s’accentue. Grâce à cette discipline, le data manager met en place les outils informatiques nécessaires pour traiter et analyser cette quantité colossale de data. Dans ce contexte, ces dernières sont alors valorisées, à bien des égards, et ne demeurent pas inutiles et inutilisées.

De ce groupe de travail est ressorti différentes entraves :

  • Le manque de data engineer dû à une disponibilité limitée des compétences sur le territoire ;
  • Le besoin de donner du sens à la démarche afin de mettre en avant la nécessité d’aller vers le data management ;
  • L’absence d’infrastructure IT dans certaines entreprises.

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BI is business

La seconde présentation était dédiée à la “BI”, comprenez, Business Intelligence. Ayane Aidid, consultante décisionnelle au sein de l’entreprise Skazy, en partagea une rapide définition :

La BI consiste à installer des stratégies, des outils et des logiciels d’analyse de la donnée afin que les entreprises prennent des décisions business éclairées.

Clair comme une donnée bien traitée…

Trois acteurs locaux du numérique se sont penchés sur la question et ont mis en place des projets pour tester différentes stratégies de BI. Ainsi, avec le projet « DRHOUSE », Roman De Scoraille s’est concentré sur la maîtrise et l’utilisation des quantités gargantuesques de données disponibles à la Province Sud. Puis, Ayane Aidid a présenté « SUIVIPROD », un outil de mesure du temps passé d’un employé sur l’une de ses tâches quotidienne. Enfin, le projet « BILBO », mené par Hugo Roussaffa, responsable SI de l’Œil, a pour vocation d’automatiser le traitement et la publication des informations concernant l’environnement. Trois intervenants, trois cas d’usages. Au travers de ces trois projets, plusieurs problématiques actuelles ont été évoquées :

  • Le “turn over” des employés entraîne une perte de savoirs globale ;
  • Le manque de connaissances par rapport à l’évolution des systèmes informatiques ;
  • La recherche d’outils pertinents à utiliser en interne ;
  • La lourdeur des bases de données due à la quantité stratosphériques d’informations numériques.

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Du volume et de la vélocité pour le Big Data

Adrien Anciot (Skazy) est ensuite venu présenter le groupe de travail autour du “Big Data“. Après avoir fait une petite mise au point sur ce terme qui peut effrayer (à raison ?), les spécialistes du sujet se sont succédés pour présenter, chacun leur tour, des études de cas calédoniennes. Une problématique commune : comment traiter plus rapidement la donnée (vélocité) tout en gérant son volume et son stockage ?

Au micro, Laurent Vercamer, directeur général délégué en charge des opérations à la CSB, a présenté “Little Sister”, une solution de monitoring de l’activité monétique en temps réel  ; par la suite, Adrien Anciot, responsable du pôle “data” chez Skazy, a exposé le projet d’utilisation de la data pour le suivi, en temps réel, des températures des chambres froides des magasins Super U. Enfin, Andy Malo, architecte data à la CAFAT, a détaillé la solution “Elasticsearch“, “un moteur de recherche et d’analyse RESTful distribué“.

Au-delà de la présentation de ces cas d’usage, l’objectif de ce groupe de travail est de développer le marché du Big Data, tout particulièrement en Nouvelle-Calédonie. En effet, c’est un sujet qui est peu ou mal connu localement. Cette méconnaissance entraîne une certaine difficulté à trouver des ressources et des compétences technologiques. Si Adrien a conclu cette présentation tripartite avec une touche d’optimisme, il a toutefois rappelé la nécessité de poursuivre ce travail de sensibilisation, de formation et de promotion auprès du grand public, ainsi que des professionnels du secteur.

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L’Open data : data-topia ?

Alors que le Big Data venait d’être démystifié dans les esprits de chacun, ce fut au tour de Luc Wynifred, directeur de la société Axians, d’intervenir autour de la thématique centrale, “l’open data“. Son but annoncé : vulgariser la data, démocratiser son usage et faciliter son accessibilité. En systématisant l’accès, l’échange et le partage de la donnée, les professionnels pourraient offrir une nouvelle approche dans le traitement de celle-ci et proposer alors de nouveaux services aux utilisateurs.

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Avec Luc Wynifred, il est si simple de comprendre la data © NeoTech

L’utilisation des jeux de données publiques était au coeur de la réflexion de l’expert : s’il existe plusieurs plateformes ouvertes aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, – GNC, OPT, Province Sud , Ville de Nouméa,…- encore peu de Calédoniens sont formés au traitement des données qu’elles contiennent. Pourtant, comme il l’a rappelé :

« La data créée de nouveaux métiers, de nouvelles opportunités et elle participe au développement de l’économie numérique de la Nouvelle-Calédonie. Il y a de vraies perspectives dans ces sujets, des actions à mettre en place. Le Caillou compte déjà bon nombre d’experts motivés et actifs : partons à la recherche des talents de demain ! ».

Luc Wynifred, Axians

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Le RGPD : le garde-fou de la donnée

C’est en cinq minutes top chrono qu’Eve Chiapello a évoqué le groupe de travail “RGPD“. Elle a commencé par rappeler le besoin de contributeurs dans ce groupe d’experts, puisque les membres actifs se font encore rares autour de cette thématique centrale. Le RGPD, rappelons-le, est le “Règlement Général sur la Protection des Données“. Pour résumer, c’est le cadre juridique qui entoure le traitement de la donnée.

Eve a rappelé à quel point il est important, aujourd’hui, de reprendre le contrôle de ses données et de responsabiliser ceux qui les utilisent. Il ne s’agit pas de sanctionner, mais bien de sensibiliser les entreprises à l’utilisation des données personnelles, et à leurs diverses et multiples exploitations. Si ces métiers ne sont pas nouveaux, ils deviennent néanmoins de plus en plus incontournables, notamment au sein des entreprises calédoniennes en pleine transition numérique. La formation des responsables DPO reste encore la meilleure façon d’aller vers plus de respect de ce cadre réglementaire.

L’événement qui s’est étendu sur plus d’une heure trente a eu le mérite de “remettre l’église – la data – au coeur du village – l’organisation” ; si la technicité de ces divers sujets n’a échappé à personne, les données sont désormais au coeur même du fonctionnement des organisations calédoniennes et internationales : se saisir de ces sujets et apprendre à les exploiter permettra de faire franchir un cap au territoire. Pour clore ce chapitre, laissons la parole au Président de cette Commission Open Data, Stéphane Renaud :

« En Nouvelle-Calédonie, nous sommes passés par plusieurs phases. Depuis les années 90, des progrès ont été réalisés et on en arrive, aujourd’hui, à pouvoir ouvrir des Commissions sur ces sujets, dans un Cluster Numérique reconnu, en réunissant autant de monde ! C’est dire le chemin parcouru… Pourtant, il reste encore des pistes d’améliorations pour réaliser ce rêve de la data pour tous. À la Calédonie de jouer ! » 

Stéphane Renaud, Président de la Commission OPEN Data

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