Il est jeune, il est Calédonien, il a poursuivi ses études à l’étranger, puis en métropole où il a découvert l’univers des startups… Aujourd’hui, il est entrepreneur calédonien revenu sur les terres de son enfance pour créer un concept d’application, Halt’r, dédiée au coaching à distance. Ce talent “made in Calédo”, c’est Baptiste Gauthier. A l’occasion du lancement de la version bêta de son app’, NeoTech est allé papoter avec lui. Just read it !

Baptiste a quelques mots à vous dire… © NeoTech

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Bonjour Baptiste et bienvenu sur NeoTech ; pour commencer, pourrais-tu nous raconter ton parcours en 5 dates clés ? 

Salut NeoTech ! Avec plaisir ; la première date que j’ai choisi, c’est février 2014. Je venais d’obtenir mon bac et j’ai pris la décision de partir poursuivre mes études en Australie ; un grand pas pour moi, Calédonien d’origine et le début d’une belle expérience. La place de l’éducation est très importante chez nos voisins et les universités disposent ainsi de beaucoup de moyens. Pendant ces études, j’ai par ailleurs découvert la finance et l’économie. 

Je vous donnerai la date de mon départ pour Toulouse après mes trois années d’études en Australie comme seconde data clé : juin 2017. Avec un petit mal du pays, je voulais me replonger dans une culture plus proche sans pour autant rentrer en Calédonie. Certains cursus me proposaient d’expérimenter le monde professionnel et j’ai donc rejoint l’un des cursus proposés par l’école de commerce Toulouse Business School. 

En 2018, j’ai eu l’opportunité de faire une année de césure où j’ai rejoint une entreprise du secteur industriel en stage à Toulouse. Puis, en février 2018, j’ai été embauché dans une startup qui s’appelle « Easy Movie » qui a développé une application pour faciliter la création de vidéos d’entreprises. Cette expérience m’a réellement marqué : j’ai découvert l’univers des startups et de leur manière de révolutionner leur marché. Après avoir levé 5 millions, nous sommes passés de 60 employés à 150 entre Paris et New-York en l’espace de deux mois : impressionnant ! D’autre part, j’ai été impressionné par leur ambition et par le côté « familial » de la jeune pousse qui m’a amené à me confronter aux enjeux RSE des sociétés. 

La quatrième date, c’est le début du COVID en février 2020 ! J’avais prévu de revenir au sein de la startup pour effectuer mon stage de fin d’année et j’avais même négocié un CDI qui établissait mon plan de carrière sur trois ans… En deux mois, 30% de l’effectif global et 100% de la force commerciale de la société sont partis. Une grosse remise en question s’en est suivi car j’avais perdu ce côté « affect » de l’équipe avec qui je travaillais. C’est à ce moment-là que j’ai choisi de me tourner vers l’entrepreneuriat.

Dernière date clé, mon retour en Calédonie en mai 2021 après avoir fait les confinements en métropole ; cette période était compliquée pour l’entrepreneuriat car les incubateurs n’acceptaient plus de nouveaux entrants, les locaux étaient souvent fermés… Lors de mon retour dans une Calédonie COVID-free, j’ai pu poursuivre le développement de mon projet grâce, notamment, à la proximité avec l’écosystème local, que ce soit avec les experts comme avec les institutions. Grâce à ces facteurs, Halt’r a évolué trois fois plus vite en un an ! 

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Tu es un jeune entrepreneur et tu as développé « Halt’r » une solution de coaching à distance qui s’attache à la nutrition et à la santé des utilisateurs. Comment t’es venue cette idée de solution numérique ? 

Lorsque j’étais en Australie, j’ai eu un problème de santé, une hernie discale qui m’empêchait de faire plus de 10 mètres en marchant à cause de la douleur ! Ce qui a sauvé cette année d’étude, c’est l’accès aux cours en ligne car ils étaient disponibles en vidéo et toutes les ressources étaient accessibles en ligne. 

Halt'r

Ce problème de santé pouvait être réglé en pratiquant le sport ; or, je n’avais pas trouvé de solution numérique pour faire du sport à distance… A mon arrivée en métropole, j’ai découvert le coaching à distance grâce à une amie et je me suis dit : « Et bien, c’était exactement ce qu’il me fallait pour régler mon problème de santé ! ». C’était un secteur tout nouveau et j’ai rapidement réalisé qu’une solution numérique qui connectait coachs et apprenants pouvait avoir une valeur certaine pour ces deux profils. 

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Quels sont les services proposés par Halt’r et à qui s’adresse l’application ? 

Il y a trois types d’utilisateurs sur Halt’r ; les premiers sont évidemment les personnes qui recherchent un suivi de la part d’un professionnel. Sur Halt’r, ils ont accès à des professionnels certifiés qui ont justifié de leurs formations académiques au préalable avec l’envoi de leur diplôme d’état. Le rôle de l’application est de faciliter les échanges d’informations entre les clients et les coachs, mais également le paiement avec la garantie que la prestation soit bien menée. De plus, le client va pouvoir recevoir son programme d’entraînement directement via l’application et les deux parties vont accéder à des fonctionnalités qui leur permettent de communiquer. 

Pour les professionnels du sport et de la santé, Halt’r est un outil de développement commercial qui leur permet de trouver de nouveaux clients et de dispenser des cours à distance, tout en s’assurant du règlement sécurisé de leurs prestations. 

Le troisième type d’utilisateurs, ce sont des personnes qui vont utiliser l’application pour accéder à des fonctionnalités en particulier : compteur de calories, carnet d’entraînement… Ils vont ainsi bénéficier de la communauté d’Halt’r puisque chacun d’entre eux peut partager son programme, ses cours… L’objectif est ainsi de créer une grande « communauté du sport » où chacun trouve sa place et bénéficie du soutien des autres. 

Petite vidéo de présentation de la startup © Halt’r

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Tu as développé cette application en intégralité à partir de la technologie « no-code ». Pourrais-tu nous donner ta définition du « no-code » ?

Le « no code » est une technologie qui permet de créer du contenu numérique, sites internet ou applications, sans écrire une seule ligne de code ! Son fonctionnement est simple : on utilise des blocs qui sont déjà codés et qui font référence à des fonctionnalités particulières. Ainsi, n’importe qui, sans aucune connaissance du codage, va pouvoir développer son propre outil numérique !

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De nombreux outils facilement accessibles pour développer soi-même son outil numérique © Webmarketing & com

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Comment as-tu découvert ces technologies et comment t’y es-tu formé ? 

C’est l’un de mes collègues d’Easy Movie qui m’en a parlé pour la première fois ; à l’époque, le « no code » était utilisé pour créer des MVP, tester des produits sur le marché. Comme j’étais curieux, il m’a encouragé à me former à cette technologie… ce que j’ai fait par moi-même, en regardant des tutos, en explorant les différentes solutions, en testant… Aujourd’hui, la techno a évolué rapidement et permet de lancer sur le marché des produits commercialisables à grande échelle.

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En quoi penses-tu que le « no code » est une révolution dans le secteur du numérique ? 

Par le passé, lorsqu’on souhaitait développer un site ou une solution pour mobile, on devait obligatoirement travailler avec un développeur. Ça sous-entendait qu’il fallait en connaître un ou disposer des capacités financières pour s’en payer un… 

Aujourd’hui, le « no code » a rebattu les cartes puisque n’importe qui peut développer sa propre application et les coûts sont donc bien moindres : un logiciel de ce type coûte environ 1000 euros à l’année seulement ! Dans les années à venir, le nombre de nouvelles applications va sans doute tripler grâce à ce nouvel usage innovant. 

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Le “no code” fonctionne en “drag and drop” © Explorama

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En tant que jeune entrepreneur, quelle est ta vision de l’entrepreneuriat calédonien ?

Personnellement, je pense qu’on ne se rend pas compte à quel point la Calédonie est une terre entrepreneuriale ! Déjà, si l’on considère le nombre de patentés présents sur le territoire, on se rend compte que ce sont des entreprises individuelles qui font partie intégrante de l’écosystème calédonien. Je crois que chaque Calédonien a l’entrepreneuriat dans ses racines ! 

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Quelles barrières existent encore pour les jeunes entrepreneurs ?

L’un des grands avantages de notre territoire repose sur la puissance de nos réseaux ; il existe une grande proximité avec les experts, avec les politiciens, avec les organisations. De cette manière, on peut accéder plus facilement aux personnes dont on a besoin pour développer notre projet. Par exemple, à seulement 25 ans, je suis déjà allé présenter mon projet au gouvernement deux fois ! En métropole, jamais je n’aurais eu ce privilège ! 

La Calédonie est également une terre d’opportunités avec nombre de choses à faire, à créer, à développer… Certes, nous sommes en retard par rapport à une partie du monde mais je préfère voir ça comme une opportunité, puisque nous devons combler ce retard. De plus, même si, économiquement, il y a des hauts et des bas, nous sommes tout de même un territoire riche disposant d’un niveau de vie suffisant pour créer un marché. 

Côté inconvénients, pour de jeunes entrepreneurs, il reste encore difficile de trouver des financements ; par rapport à la métropole, nous disposons de moins d’outils pour financer les projets. Je crois aussi que le chômage est l’un des facteurs qui favorisent l’entrepreneuriat métropolitain : après deux, trois années comme salarié d’une entreprise, on peut se « reposer » pendant quelques mois sur les aides à l’emploi afin de créer et développer son projet. C’est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre ici ! 

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Un conseil à leur donner ? 

Quelque chose que je n’avais pas réalisé avant de l’être moi-même : à notre âge, nous n’avons presque aucun risque à entreprendre ! Pas d’enfants à charge, pas de crédits sur le dos, on peut encore vivre dans nos familles… Je crois que, plus tôt on peut entreprendre, plus tôt on devrait le faire ! Pour ma part, je me suis plongé dans cette logique avant même d’avoir l’idée d’Halt’r ! L’entrepreneuriat, c’est identifier un problème et vouloir y trouver une solution viable. 

Autre conseil, cassons cette barrière mentale communément admise : l’échec ! Il ne faut pas en avoir peur, bien au contraire, on est obligés de passer par là pour accéder à la réussite. Et autre barrière à surpasser : savoir parler de ses idées sans craindre qu’on les vole ! On croit souvent que l’idée est le facteur le plus important dans l’entrepreneuriat alors que c’est celui qui compte finalement le moins : c’est l’exécution qui est primordiale. Si vous êtes la seule personne à avoir cette idée sur terre, il y a 99% de chances que ce soit une mauvaise idée ! Alors lancez-vous ! 

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Un dernier mot ou une dernière actualité pour la route ? 

Fin juin, une première version bêta d’Halt’r va être lancée sur le marché calédonien ! L’objectif sera de tester le concept et d’avoir un maximum de retours sur le produit, d’essayer de faire adhérer les Calédoniens mais pas forcément de focaliser sur l’aspect commercial de rentabilité. Je vais avoir besoin de nombreux retours utilisateurspour arriver à une version qui plaît à tout le monde. 

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Besoin d’un petit coup de main ? © Halt’r est là pour vous !

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