Hier, mercredi 22 mars, se déroulait la première édition du “Motion Juice Festival” au REX de Nouméa, une institution ô combien importante pour la culture et notre jeunesse. Au programme de cette première édition, des conférences, des tables-rondes, une battle graphique, des shows, des concours mais, surtout, une véritable mise en valeur des arts numériques. Talents artistiques, professionnels, jeunes et étudiants étaient au rendez-vous de ce festival qui a touché du doigt les 1 000 visiteurs. Retour sur une édition pleine de bonnes vibes ! 

Du beau monde au Motion Juice Festival © NeoMedia / NeoTech

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Matinée active, intervenants passionnés, publics au RDV !

« Ahou, c’était choc cette battle graphistes ! ». Ce sont les quelques mots envoyés par Kevin à sa bande en sortant de la salle de cinéma où se déroulait cette compet’ des talents graphiques ; six duos de graphistes, jeunes et moins jeunes, s’affrontaient en effet dans un format drivé par la team de Katchup devant un public – au rendez-vous – qui pouvait interagir en direct via l’application Slido. Une thématique, le « voyage », et une heure de temps pour créer une affiche aussi originale qu’esthétique. Un sacré challenge pour les “duettistes en alternance” qui ont répondu avec classe et humour comme en témoignait la « grand-mère énervée » de la team médaille d’argent.

Avant ce spectacle interactif unique, aussi technique que ludique, s’était déroulées trois conférences thématiques avec des intervenants aussi dynamiques que créatifs ; le premier d’entre eux, Nicolas Yann Martin, « l’enfant solitaire de bateau » et illustrateur reconnu, a tout d’abord présenté les nouveaux outils numériques des métiers du design artistique : Adobe Capture, Procreate, réalités virtuelle et augmentée ou encore 3D scanner app ont ainsi pu se faire brosser le portrait par le dessinateur en mode « masterclass ».

Après une petite heure d’originalités, il céda la scène à Maeva Bochin et Marie Claudel pour une présentation autour de l’œuvre interactive, « Le Pixel Blanc ». A peine le temps de présenter leurs travaux artistiques divers et de constater « qu’il n’y a pas de grandes opportunités en tant qu’artiste sur le territoire » et Mehdi Mahroug, fondateur de la société iLearn, jumpait sur le mic’ pour débiter des tirades sur le « Digital Learning » et tous les modes de formation innovants. Percutant, Mehdi s’essaya à comparer l’arrivée de l’intelligence artificielleaux premiers pas sur la lune” avant de conclure sur les plateformes de formation en ligne. « Est-ce que j’ai une tête de robot ? »… 

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Le Motion Juice Festival, une foire aux merveilles animées…

A l’entrée, les bénévoles n’ont pas arrêté, sans cesse challengés par le flot incessant de visiteurs curieux qui pénétraient dans le REX, à la queue leu leu, parfois par groupes de dizaines de personnes. A peine entrés, ils étaient immédiatement immergés dans une salle « noire » où des œuvres interactives étaient exposées. Une caresse à la délicate et sensorielles « Haptonymphe » de Marie Claudel plus tard, ils pouvaient déambuler dans les deux salles voisines : à gauche, la salle des exposants « pro » et des ateliers découverte ; à droite, la salle des artistes qui exposaient leurs œuvres et papotaient avec les visiteurs dont les pupilles se garnissaient de pixels quantiques. En fait, le “Motion Juice Festival” n’avait pas qu’un seul programme : il exposait ici, slamait par-là, photographiait là-bas et geekait en mode “retro” tout au bout. 

Fort de cette variété de formes artistiques liées au numérique et de cette énergie communicative lâchée par les visiteurs et les artistes, l’événement prenait la tournure d’une foire aux merveilles animées, ouverte à un vent de jeunesse et de fraîcheur créative. Une foire ouverte à tous, accessible à tous et, une fois n’est pas coutume, le “Motion Juice Festival” remplissait une mission cruciale pour le territoire et pour l’écosystème numérique : sensibiliser TOUS les Calédoniens – jeunes, familles, professionnels et artistes – au numérique à travers un format aussi ludique qu’interactif. Cibler, c’est bien : toucher, c’est mieux… 

Alors que les salles du bas ne désemplissaient pas de la journée, la grande salle de cinéma, aux allures retro, accueillit une aprèm de tables rondes thématiques autour de deux sujets : « les métiers du design artistique » et « les digital nomads et les nouveaux modes de travail ». Cinq intervenants partagèrent ainsi leurs expériences avec un public impliqué qui, malgré quelques siestes opportunes, se montra curieux et interrogateur. Alors que sonnait la dix-huitième heure de la journée, Mister Vaimu’a Muliava fit une apparition remarquée au stand des lauréats du concours « Jeunes talents calédoniens » avant de seconder les trois co-organisateurs – ADAMIC, Motion Juice et NeoTech – au micro pour un discours philo comme il aime les faire. « Sortons de notre bocal à poisson et partons découvrir le monde… » conseilla-t-il à une audience conquise…

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Merci Maïcène et… à l’année prochaine ?

Remise des prix des deux concours – Battle Graphique, Motion Juice Award – aux lauréats, et des cadeaux des artistes par tirages au sort d’une « main innocente » et le Motion Juice cocktail débuta : « Blabla, t’as vu ça ? », « Bloubli, et cet artiste-ci ? », « Y’a pas de bières ? », « Non, mais un très bon cocktail ! » et le bouquet final pouvait être tiré : un mini-concert de rap introduisit un spectacle de danse – « Œuvre » – augmenté en représentation unique et exclusive. La journée se terminait avec ces réjouissances artistico-numériques et l’orga’ pouvait souffler : le “Motion Juice Festival” fera date même s’il existe encore un peu de suspens quant à l’organisation d’une seconde édition. 

Certes, il a fallu beaucoup résumer la journée tant il s’est passé de choses pratiques, d’émulations artistiques, d’échanges de fluides énergiques, de discours dynamiques et autres compliments dithyrambiques… mais il ne faut pas oublier une chose : il y a deux mois à peine, le « Motion Juice Festival » n’existait encore que dans la vision d’une jeune fille de 23 ans : Maïcène Ajmi. C’est à cette « guerrière tunisienne », cet « OVNI » de passage civique en Calédonie que l’on doit jeter les lauriers ! Elle a su fédérer autour d’elle une équipe de bénévoles engagés, balancer son « juice » à des artistes talentueux et créer, d’un coup de stylet numérique magique, un événement qui restera dans les mémoires.

Alors qu’elle nous quitte dès samedi matin, rendons-lui un dernier hommage et gardons tous en tête l’image de cette jeune fille qui avait formulé un début de vœux et qui a réussi à mettre à la Nouvelle-Calédonie un sacré paquet d’étoiles dans les yeux… 

Motion Juice Festival
Trois bénévoles heureux : merci Maïcène ! © NeoTech

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