Depuis deux ans, le mot « incubation » tourne boucle sur nos lèvres… Souvent accolé au terme « période », il nous renvoie directement à ce satané COVD ! Pourtant, le terme peut également se draper d’une connotation positive lorsqu’on lui fait suivre l’anglicisme « startup ». Un « Incubateur d’entreprises », son franco-synonyme, est un passage presque incontournable lors d’un projet de création d’entreprise innovante. Quelle est donc cette étape « couveuse » dont on entend parler dans les mégalopoles du globe ? 

Toujours une histoire de poulet… © La Croix

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L’incubation, une couveuse pour entreprises  

« Un incubateur d’entreprises ou un accélérateur de startup est une structure d’accompagnement de projets de création d’entreprise. L’incubateur peut apporter un appui en ce qui concerne l’hébergement, la formation, le conseil et le financement, lors des premières étapes de la vie de l’entreprise. », peut-on lire sur Wiki. Un peu vague tout ça, non ? Si l’on creuse un peu chez BPI France, un incubateur « a pour objectif de transformer une idée innovante en entreprise performante »… Ah ! Voilà quatre termes qui en disent bien plus long que mille mots techniques : « idée » vs « entreprise » et « innovante » vs « performante ». 

L’origine de l’incubation serait donc l’idée, l’embryon de projet, les émotions qui y sont liés, l’expérience professionnelle et personnelle du porteur de projet. Avoir une bonne idée, ça arrive à tout le monde ; avoir une idée « innovante », c’est autre chose et, surtout, ce n’est absolument pas suffisant ! Une idée, aussi innovante soit-elle, ne « vaut » rien d’autre que le rêve de celui qui la prononce… En revanche, elle est indiscutablement obligatoire pour créer une entreprise. C’est la première étape de l’entrepreneuriat : avoir une (bonne) idée. 

Phase idéation activée ! © CCI Entreprendre

Vient ensuite la question de la transformation : comment transformer cette idée et la motivation qui l’accompagne en un projet, puis une entreprise ? Le “projet” nécessite déjà des connaissances business, sans doute même marketing et, sûrement financières. Et c’est à cet instant que l’entrepreneur, fort de son idée et d’un début de projet, peut se tourner vers un incubateur pour espérer bénéficier de son accompagnement et des divers services qu’il propose. L’incubation serait donc la « couveuse » d’une jeune entreprise. Une période de relative faiblesse où l’on dépend de l’environnement extérieur pour se développer… Vous y voyez plus clair ? 

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Incubateurs, une diversité et une richesse à la disposition des entrepreneurs ! 

Et puisqu’on parle de « services », un incubateur offre généralement trois niveaux de services aux entrepreneurs : une expertise business, des ressources utiles et partagées et un réseau. Ainsi, en rejoignant un incubateur, le jeune entrepreneur bénéficiera du “savoir-faire” de l’équipe : création d’un business model, rédaction d’un business plan, calcul d’un budget prévisionnel, dépôt de brevet et propriété intellectuelle ou encore aspects juridiques et financiers, tels que les levées de fonds par exemple… Les “ressource”s prendront la forme de locaux évidemment mais aussi du matériel (imprimantes, connexion, salles de réunion etc.). Côté « réseau », un aspect déterminant pour le futur de votre entreprise – et le vôtre ! -, l’incubateur permet d’identifier des opportunités d’affaires, de comprendre son marché, d’interagir avec les autres startups incubées, de trouver des financements via des fonds ou des business angels, bref, de faire décoller votre côte sur le marché. 

Évidemment, il est délicat de classer actuellement les incubateurs tant leur nombre a explosé – selon certaines sources, on en compte environ 2500 à travers le monde et près de 270 rien qu’en France ! Leurs modes de fonctionnement, leurs finalités, leurs secteurs d’intervention, leurs publics et leurs conditions d’accès sont néanmoins souvent bien différentes… Outre cette diversité d’accompagnements, cinq grandes familles d’incubateurs ont été identifiées : 

  • Les incubateurs publics, dits « Allègre » ; 
  • Les incubateurs rattachés aux grandes écoles ; 
  • Les incubateurs de collectivités locales ; 
  • Les incubateurs privés ; 
  • Les incubateurs de grandes entreprises ; 
  • (Les CEEI : Centres Européens d’Entreprises et d’Innovation) 

A chaque projet et à chaque entrepreneur, son type d’incubation : avant de postuler, renseignez-vous !

Car oui, avant de rejoindre un « incubateur », il faut montrer patte blanche et le mériter ! Pour ce faire, la plupart des structures d’incubation ont une liste de critères d’entrée avant même de candidater. De nombreux critères, souvent mis en place pour éviter une perte de temps sur l’accompagnement de projets mal « cadrés » ou d’entrepreneurs mal renseignés, créent un filtre à l’intégration. Le mode d’admission est ensuite propre à chaque organisme : pas de règle unique, pas de bonnes pratiques mais souvent deux étapes ; a minima, la remise d’un dossier de candidature qui sera ensuite validé (ou pas) par un comité de sélection et, parfois un pitch du projet par le porteur devant ce même comité. Rassurez-vous, ça semble impressionnant mais si vous êtes motivés, « everything’s gonna be alright » ! 

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« L’INCubateur », un écrin calédonien pour les jeunes entrepreneurs

incubation

Quittons désormais l’échelle du globe et les explications généralistes pour se pencher sur la Nouvelle-Calédonie… Depuis 2014, le territoire bénéficie d’un incubateur de projets innovants, « L’INCubateur » du pôle innovation de l’ADECAL Technopole ; déjà plus d’une soixantaine de projets ont été accompagnés depuis sa création par Christophe Carbou, son actuel directeur. Son rôle ? Accompagner les porteurs de projets innovants sur tous les aspects stratégiques et de gestion de projet. Incubateur « généraliste », l’accompagnement n’intervient pas sur les aspects techniques mais peut, au besoin, faire intervenir des experts dédiés. De plus, le missions de L’INCubateur vont au-delà de cet accompagnement puisque l’équipe dirigeante à également pour rôle “d’animer la communauté d’entrepreneurs, d’agir à l’échelle en faveur de l’innovation en Calédonie pour encourager TOUS les entrepreneurs à passer à l’acte mais également créer un environnement dynamique et favorable pour ces porteurs de projets innovants“. Pour appuyer la qualité de cet accompagnement, une étude menée par le Boston Consulting Group à l’échelle du monde quantifie le taux d’échec à 40 % pour une startup non accompagnée contre 20 % pour une startup accompagnée…

Pour intégrer notre “couveuse calédonienne”, les porteurs de projets doivent remplir un dossier des candidatures puis, s’ils sont éligibles sur les cinq critères d’évaluation, ils passent devant un comité de sélection constitué d’une quinzaine de personnes pour un pitch de 15 minutes suivi d’un quart d’heure de questions/réponses. L’accompagnement peut aller de 6 mois à 2 ans selon le projet. Aurélie Chéron du Pôle Innovation précise : « Notre accompagnement est personnalisé : la majorité des projets qui échoue est due au facteur humain. On n’accompagne donc pas deux porteurs de projets de la même manière. Nos conseils et suivis s’adaptent au rythme et à la disponibilité de l’entrepreneur. Dénouer des situations conflictuelles (communication défaillante au sein d’une équipe) ou encore personnelles (adéquation projet de vie/projet pro) fait partie du job. ». Et on entend souvent que 80% de la richesse d’une startup réside dans son capital humain et que les investisseurs s’attardent principalement sur la complémentarité des associés. Aurélie semble le confirmer… 

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Entrepreneurs calédoniens : à vous de jouer ! 

La Nouvelle-Calédonie regorge d’idées, d’énergies et d’une jeunesse qui a également son mot à dire pour le futur du territoire ; chaque jour, ces jeunes – et moins jeunes… – ont des idées neuves pour leur pays. Chaque année, des projets sont montés par des personnes motivées qui ont envie de faire bouger les lignes, d’inventer le monde de demain et de refuser l’immobilisme et les désastres écologiques

Pour ce faire, l’entrepreneuriat est une voie opportune : créer sa propre entreprise, c’est gagner en indépendance et en autonomie, c’est s’ouvrir aux autres et apprendre sur des sujets variés, c’est mêler son expérience, son passé à ses envies et ses rêves de futur…  « Être accompagner dans un projet entrepreneurial, c’est lutter contre l’isolement du porteur de projet, l’aider à prendre du recul et lui poser les bonnes questions au bon moment » conclut Aurélie Chéron. Oui, l’incubation, c’est ça aussi : mettre l’humain au service de l’avenir. 

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Pour en savoir plus, RDV sur la page de L’INCubateur sur le site de l’ADECAL