C’est dans un haut lieu d’érudition, l’amphi 200 – AKA l’amphi Guy Agniel de l’UNC – que s’est déroulé le GISDay, l’un des rendez-vous annuels de la géomatique calédonienne. En effet, depuis sept ans déjà, le Club de la Géomatique organise une édition locale de cette journée internationale. L’organisation s’est ainsi chargée de réunir les acteurs de l’écosystème sur une journée et demie qui se sont déroulées le 16 et 17 novembre derniers.

Au programme de l’événement, conférences, actualités géomatiques, présentations des outils, concours de posters, discussions autour des enjeux de la formation des futurs géomaticiens… Animées par une présentatrice de choc, Charlotte Ullmann, ces trois demi-journées se sont déroulées dans une ambiance conviviale et de partage. Retour sur cette édition pleine de nouveautés…

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L’équipe organisatrice en petit comité © NeoTech

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Rendre intelligible le secteur de la géomatique : un défi pour le monde de demain

Après un café de bienvenue, les participants, encore nombreux cette année, se sont installés sur les bancs de la fac. Charlotte Ullmann, chargée de l’animation, introduit cette édition 2022 et peut déjà constater chez les participants une joie non contenue de se retrouver après une édition 2021 annulée. Valérie Burtet et Vaimu’a Muliava lancent les hostilités en rappelant l’importance de ces initiatives sur le territoire :

« La géomatique est un outil dont les politiques publiques doivent s’emparer pour concevoir un futur durable ».

Car l’enjeu est bien là : exploiter la donnée géographique comme outil d’aide à la décision pour concevoir une meilleure gestion environnementale de nos territoires. C’est en rendant intelligible ces données que les actions de préservations et de prévisions pourront être menées à petite et grande échelle. La messe est dite par les deux officiels qui laissent ensuite place aux professionnels, impatients de parler SIG – ou système d’information géographique pour les novices. 

Après ces discours d’introduction, les interventions se sont succédé sans toutefois se ressembler. La communauté de la géomatique calédonienne, forte d’une structuration locale bien établie, a un bel avenir devant elle ; c’est en tout cas ce qu’a affirmé Frédéric Mège, directeur du secteur public d’ESRI France, en déplacement VIP pour l’occasion : « vous êtes inspirants ! », lança-t-il en guise d’introduction de sa présentation à propos des jumeaux numériques du territoire. Résultat : tonnerre d’applaudissements… qui se poursuivront d’ailleurs tout au long de la journée, après chaque présentation.

En cette première matinée, il s’agissait principalement de présenter l’actualité de la géomatique en Nouvelle-Calédonie et c’était aussi l’occasion, pour les différentes institutions publiques, de présenter l’évolution du secteur. Ainsi, Damien Buisson, en « chef » du Club de la Géomatique, a détaillé les différentes actions menées depuis 2020. Pourtant, c’est la conférence suivante, présentée par Karim Ouni de la DITTT, qui était particulièrement attendue. En effet, les résultats de l’audit mené par le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie à propos du positionnement de la filière géomatique à l’échelle du pays a retenu l’attention du public. Bien que l’analyse des résultats ne soit pas véritablement lancée, ces derniers semblent tout de même très encourageants ! Les questions se sont enchaînées, retardant le passage de Roman de Scoraille, venu présenter les outils SIG utilisés par la Province Sud pour stocker la data.

10h30, pause kawa ! Les participants se rassemblent en petites grappes devant l’amphi pour déguster quelques viennoiseries, un petit verre de jus et se réchauffer au café après avoir passé deux heures à 19 degrés. A 11h, c’est Hugo Roussaffa, représentant de l’ŒIL, qui réouvre le bal des conférences, suivi de Moise Clober, Bruno Broutin et Joh Xenie pour le compte de la Ville de Nouméa avant que Pierre Lafitte de la Province Nord ne prenne le micro pour clore cette première matinée. Les trois interventions ont présenté successivement les dispositifs géomatiques développés par l’ŒIL pour mesurer les pressions sur l’environnement et y répondre, puis ceux développés par la Ville de Nouméa pour une gestion plus efficiente des cadastres et de la voirie communale et, enfin, ceux développés par la Province Nord pour mieux cartographier les bassins versants. La dernière conférence prévue est reportée au début d’après-midi : il est déjà l’heure d’aller déjeuner ! 

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La géomatique : une science de techniciens

13h30 : la pause déj est finie, il faut s’y remettre… Il fallait bien se remplir le ventre avant de s’attaquer à la partie « technique » de cette après-midi. En effet, « géomatique » signifie « géographie informatique » : qui dit informatique, dit aussi nouvelles technologies, codage, outils, logiciels, mises à jour, collecte de données… Bref, tout un lexique pour géomaticiens avertis.

Le report de la présentation de Jean-Pierre Nguyen et Maximilien Riot est tombé à pic. En effet, ils ouvrent cette deuxième demi-journée en présentant le dashboard utilisé par EEC – Engie pour suivre les dégâts causés après le passage d’un cyclone. La société MAGIS, puis celle d’INSIGHT, ont, elles aussi, présenté des outils techniques utilisés pour le traitement des données géographiques de leurs clients. Une façon de rappeler que le secteur privé est tout aussi conscient des enjeux de la géomatique et tout aussi actif dans la structuration de la filière.

Et des outils, il y en a ! Focus sur le « RGNC15 » et « NEIGe » lors des deux conférences suivantes. Présenté par Quentin Pernon, le RGNC15 n’est autre qu’un nouveau système de coordonnées géographiques. Passées les explications techniques, Quentin explique en quoi il est fondamental de mettre à jour ce système de référence : les territoires bougent de quelques centimètres tous les ans. Sans mise à jour, toutes les données sont faussées ainsi que les résultats et donc les prévisions de même…

Aurélien Dimeo de la Province Sud et Fabien Capri, le directeur de GIE SERAIL enchaînent en présentant leur outil de contrôle, la « NEIGe » (nomenclature d’échange d’information géographique) qui permet de faciliter la saisie, la fourniture et l’échange d’informations géographiques numériques dans le but de constituer et d’actualiser la base de données en Nouvelle-Calédonie. L’échange de données entre administrations était d’ailleurs le sujet de la dernière conférence de la journée, présentée par Moehau Huioutu. La juriste a rappelé auprès d’un public plus que concerné que celles-ci devaient être en accès libre (sauf cas prévus par la loi) : le temps est au partage et à la mutualisation !

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La transmission du savoir au cœur de cette nouvelle édition GISDay

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Julie Mounier et GEOREP : une utilisation à tout âge © NeoTech

L’édition 2021 avait été annulée pour cause de pandémie mondiale au plus grand dam des acteurs de la place. Cette édition 2022 avait donc pour ambition de « rattraper » l’absence de l’année dernière en organisant une troisième demi-journée. Et celle-ci n’était pas des moindres puisqu’elle avait pour thème l’éducation des nouvelles générations. Une manière d’impliquer un public plus large que nos spécialistes-techniciens.

Ainsi, dans une ambiance plus intimiste mais tout aussi studieuse, la matinée a débuté avec une présentation des actions menées au primaire et au collège grâce à GEOREP, site géomatique de référence. « La géomatique est partout et elle s’apprend à tous les âges », lance Julie Mounier, représentant le Gouvernement de la Nouvelle Calédonie. Elle ne croit pas si bien dire puisque toutes les présentations qui s’en suivent ont pour objectif de mettre en avant les besoins et les enjeux de l’éducation à la géomatique. Madame Isabelle Amiot, représentante du Vice-Rectorat de Nouvelle-Calédonie, ainsi que deux enseignantes, Pamela Peyrolle et Cécile Llantia, rappellent l’opportunité que représente la géomatique dans leur classe. Ces outils SIG permettent aux élèves de « pratiquer » la géographie tout en faisant évoluer leur regard sur le monde qui les entoure. Pourtant, il reste essentiel de former les professeurs à ces outils et de simplifier leur prise en main…

Pascal Dumas de l’UNC, Marc Despinoy de l’IRD et Stéphane Haute Pottier de l’IFAP ont présenté chacun leur tour les parcours de formations à l’université, puis dans le domaine de la recherche et, enfin, dans la formation professionnelle continue. Une occasion de rappeler le besoin d’une main d’œuvre spécialisée et la nécessité de promouvoir ces filières sur le territoire. Les étudiants à l’origine du « Café Géo » de Nouvelle Calédonie font écho à cet appel : ces événements ont été initiés afin de permettre la rencontre des professionnels du secteur géographique et de promouvoir les débouchés pour les étudiants. En guise de conclusion à leur présentation, les deux étudiants ont clamé ce besoin de visibilité des domaines porteurs afin de mieux se former. La boucle était bouclée !

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Des étudiants à l’origine du Café Géo : un appel aux professionnels du secteur géomatique © NeoTech

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RDV au GISDay 2023 !

Si la Nouvelle-Calédonie n’est pas en reste en matière de professionnels de la géomatique, il manque à la filière une certaine transparence qui permettrait d’attirer les professionnels de demain. Les enjeux sont vastes et tous les participants en avaient bien conscience… Cette deuxième demi-journée a fait émerger des pistes pour répondre à ces problématiques d’éducation et de formation. Il ne reste plus qu’à espérer que les connexions se fassent véritablement afin que les étudiants et les professionnels trouvent ensembles les solutions de demain. Le rideau pouvait tomber sur le GISDay, cette nouvelle édition a tenu toutes ses promesses. En 2022, on a « dit ce qu’on faisait » : RDV en 2023 pour voir si « on a fait ce qu’on avait dit » !

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