Les professionnels de la géomatique – bureaux d’études, géomaticiens, géomètres – se sont retrouvés au centre administratif de la Province Sud pour échanger autour de la donnée “LiDAR“. La journée, qui s’inscrit dans le cadre plus global de la semaine de la géomatique, était organisée par le “GIE SERAIL“(“Système d’Exploitation, de Répartition et d’Administration des Informations Localisées”). Objectif : comprendre cette technologie et voir comment elle peut être utilisée en Nouvelle-Calédonie. Big brother is watching you !

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LiDAR, tu vas voir, « c’est pas sorcier ! »

La donnée “LiDAR” est une donnée pertinente pour la connaissance du sol, du sous-sol ; elle permet ainsi de mieux anticiper les risques. La Province Sud est une grande consommatrice de ces données, notamment celles liées au Parc Provincial des Grandes Fougères pour l’aménagement et le tracé des chemins. LiDAR permet d’obtenir des cartographies 3D et de construire les jumeaux numériques d’un territoire. “Mais dis-moi Jamy, c’est quoi la technologie LiDAR ?”

Pour faire simple, LiDAR, c’est une technologie laser qui mesure la distance entre le capteur et la cible permettant par exemple de constituer de grandes quantités de données et de les transformer en nuages de points. Ces outils permettent ainsi d’avoir des représentations extrêmement précises des territoires. C’est aujourd’hui un outil de référence dans le milieu de la topographie et de la géomatique en général. 

Le LiDAR peut être terrestre ou bien aéroporté, comme l’a expliqué Fabien Capri, le directeur du GIE Serail.

“Dans un avion, on va mettre un scanner laser qui va balayer et scanner l’ensemble de la scène en 3D. Les ondes laser se réfléchissent sur le sol, puis sont reçues par le système embarqué.”

Fabien Capri, “scanneur laser”

On parle alors “d’impulsion laser” qui traverse tous les objets. Tous ses retours sont enregistrés comme des millions de points qui vont former un nuage et chaque point est référencé pour savoir s’il s’agit de la mesure d’un sol, d’une végétation, d’un bâtiment ou de surface maritime. Vous nous suivez toujours ?

LiDAR
Une ville version 3D grâce à LiDAR © Géoservices

D’ailleurs, vous ne le savez peut-être pas mais les derniers smartphones – ceux de la marque à la pomme notamment… – peuvent aujourd’hui mesurer la distance dans une pièce à faible luminosité ; et c’est la technologie LiDAR qui permet cela, grâce à un capteur positionné au niveau de l’objectif de l’appareil photo. Malin !

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Mais à quoi ça sert la technologie LiDAR alors ?

Pour l’occasion, Christophe Tourret, le PDG d’ESRI France, avait fait le déplacement en Nouvelle-Calédonie. Géomaticien depuis 30 ans, il a pu expliquer clairement les différents usages de cette technologie dans le monde. Au Cambodge, par exemple, le temple d’Angkor Vat est recouvert par la végétation mais a pu se révéler dans sa globalité grâce à une topographie précise : ce qui se trouve en dessous du temple a pu être cartographié… des vestiges insoupçonnés ont alors été découverts ! Fun fact #1.

Dans la vie de tous les jours, en milieu urbain, “on peut capturer la géométrie d’une carrière grâce à un capteur LiDAR, pour analyser les risques d’effondrement d’un bâtiment par exemple” a-t-il ensuite expliqué. Un point appuyé par Franck, chargé de l’innovation au gouvernement et représentant du cabinet de Vaimu’a Muliava pour la journée.

“Pour pouvoir mener des politiques publiques, qui répondent aux attentes des communes, sur le volet risque et habitat, il nous faut des données fiables.”

Ce type de données est en effet très utile pour repérer des glissements de terrain cachés sous la végétation ou pour prévenir l’érosion. 

Le président d’ESRI France a également rappelé que la technologie LiDAR est aussi une base essentielle à la conception des jumeaux numériques des territoires – une représentation virtuelle du monde réel. Les jumeaux numériques doivent porter des projets et c’est grâce à des descriptions précises et exhaustives que ça pourra fonctionner. “Ces données LiDAR sont là pour aider : elles représentent des potentiels énormes si on les combine avec des modèles d’IA avancés et des géomaticiens expérimentés.”

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LiDAR utilisé dans des projets néo-calédoniens 

LiDAR
Attention au laser ! © Géoservices

Pour favoriser l’encadrement de cette technologie et ses usages, Céline Barre, chargée d’études au GNC a évoqué la création d’un groupe de travail en début d’année au sein du gouvernement. Il a pour objectif de trouver des financements pour acquérir de la donnée de référence afin de constituer le référentiel du littoral calédonien et analyser l’évolution du trait de côte : c’est le projet “RLNC”. La DSCGR porte ce projet dans le cadre de la politique publique de gestion des risques, un projet qui a été accepté le 25 octobre dernier.

Objectif : acquérir des données aéroportées, basées sur la technologie LiDAR, des données altimétriques à haute résolution et topographiques pour avoir un descriptif unique de la mer, comme de la terre. L’ensemble va pouvoir alimenter de nombreuses études, en particulier dans ce contexte de réchauffement climatique. Ces données doivent servir au plus grand nombre. Le “RLNC” a identifié une douzaine de zones en Calédonie d’une surface globale de 1798 km2, soit 20% du littoral calédonien. Quatorze communes seront alors couvertes avec un coût estimé du projet à 250 millions de francs, et une réalisation sur trois ans. Ce projet, comme ses successeurs, permettront, entre autres, de prévenir le risque tsunami et de définir des zones refuges.

Fabien Capri a pu compléter : “on a une méconnaissance de l’existant“. Aujourd’hui, en Calédonie, le GIE SERAIL travaille essentiellement avec les provinces sur des questions d’aménagement. La donnée LiDAR a été utilisée en Province Nord, aux alentours de Koné et, notamment, du côté de Pouembout dans le cadre de la création du futur barrage. En Province Sud, elle a été utilisée sur la quasi-totalité de la côte Ouest, notamment du col de la Pirogue et ce, jusqu’à Plum, données désormais accessibles aux bureaux d’études et autres collectivités. 

Pour aller plus loin, l’année prochaine, le “GIE SERAIL” a pour objectif de faire venir un avion pour réaliser une grande couverture en LiDAR du côté de la Province Nord, particulièrement en zone “VKP” et vers Koumac. La Province Sud possède pour sa part un LiDAR terrestre couplé au LiDAR aéroporté, l’ensemble d’une précision impressionnante puisqu’on parle de calculs au centimètre !

La semaine de la géomatique va désormais se poursuivre sur le Caillou avec, notamment, des “workshops” prévus en ce début de semaine et la tenue du “GISDay“, jeudi 16 novembre, en guise de conclusion. Cette journée, organisée par le Club de la géomatique depuis plusieurs années maintenant, propose un programme dense : conférences, interventions externes, concours de GéoPhotos et présentations des divers acteurs publics et privés du secteur de la géomatique calédonienne. Amoureux de la data, cette semaine est faite pour vous !

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