Les hôtels calédoniens sont bien remplis en ce moment ! Hier matin, nous étions au Méridien pour assister au showcase de Motorola Solutions. Hier soir, c’est au Château Royal, littéralement à deux pas, que nous nous sommes rendus pour participer à un séminaire sur les grands fonds marins de l’Asie-Pacifique. Les 13 et 14 juin 2023, le comité France Territoires du Pacifique du PECC – Pacific, Economic, Cooperation, Council – a organisé un séminaire PECC International à Nouméa afin de dresser un état des lieux de la connaissance des fonds marins et de leur potentialité. 

Vous vous demandez peut-être pourquoi la rédaction de NeoTech, aux côtés de celle de NeOcean, partenaire média du séminaire, était présente ? Tout simplement parce que la quatrième session de la journée était poétiquement intitulée : « Voyage au centre de… la mer : quels enjeux technologiques ? ». À cette occasion, de nombreux acteurs étaient présents : entreprises, chercheurs, scientifiques et membres du GNC se sont réunis pour discuter de ce sujet qui anime les débats cette année. 

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Explorer pour mieux comprendre et agir

Une introduction enregistrée de Christopher Gygès a lancé la session. L’absence du politicien était due au fait qu’il est actuellement à Paris pour le salon VivaTech 2023. Alors, dans une courte vidéo, le ministre de l’économie maritime – entre autres attributions – a rappelé l’ambition de la Nouvelle-Calédonie de « faire de la mer un véritable levier d’activité« . Cette ambition se traduit par un soutien actif à la formation, la recherche et l’innovation. Pour ce faire, le Caillou s’est engagé dans la création de projets innovants visant à améliorer notre compréhension des profondeurs marines de la région. Innovation et exploration font souvent bon ménage…

Les avancées technologiques dans le domaine de l’exploration sous-marine ont connu une remarquable évolution depuis la célèbre descente de l’explorateur suisse Jacques Piccard dans la fosse des Marianne il y a déjà plus de 60 ans. Des progrès technologiques qui offrent désormais des perspectives d’explorations inédites grâce à de nouvelles capacités, que ce soit en termes d’observation, mais aussi d’interaction, d’intervention et même d’exploitation des environnements qui étaient jusqu’alors difficilement accessibles. De nouvelles ambitions de découvertes qui pourraient occuper un place prégnante dans l’économie bleue du futur – rien que l’extraction d’hydrogène est une mine d’or ! Parallèlement à ces enjeux, d’autres défis, bien plus pragmatiques existent : l’installation et à la sécurisation des câbles sous-marins, qui jouent un rôle crucial dans la circulation des données numériques et donc dans l’économie mondiale, suscitent, par exemple, une préoccupation grandissante.

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1 300 000 de kilomètre de câbles dans les fonds océaniques mondiaux © NeoTech

Les actions tech du Caillou

Les premiers intervenants, Laurent Mingoual et Antoine Queval, ont ainsi exposé le plan de déploiement du câble sous-marin « SMART ». Grâce au projet « TAM-TAM« , l’OPT vise à faire de ce câble bien plus qu’un simple moyen de télécommunication. En effet, il deviendrait un instrument clé l’analyse et la compréhension des différents phénomènes se déroulant dans les profondeurs océaniques du Pacifique. Ce futur câble, reliant la Nouvelle-Calédonie au Vanuatu, sera équipé de six capteurs et pourra fournir de précieuses informations sur les mouvements marins, l’élévation du niveau de la mer et les changements de température. Le projet est annoncé pour 2025 dans le cadre de la stratégie « Construire demain » de l’Office.

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Jérôme Aucan, un orateur passionné et passionnant © NeoTech

Ensuite, c’est Jérôme Aucan qui a pris la parole pour donner une courte conférence, alliant expertise et vulgarisation, sur les enjeux de la présence de dioxyde de carbone dans les océans. Comme vous le savez sans doute, l’excès de CO2 est la principale cause du réchauffement climatique et les océans sont de véritables éponges à CO2. Dans le contexte actuel plus qu’écolo-sensible, les mers jouent donc un rôle naturel dans la réduction des gaz à effet de serre. Jérôme, chef du PCCOS de la CPS, a ainsi insisté sur le fait qu’il était désormais temps de mettre en œuvre des solutions innovantes pour réduire l’acidification des océans et diminuer les trente-huit mille gigatonnes de CO2 stockées au fond des océans. Attention cependant aux fausses bonnes idées qui pourraient aggraver la situation, le mieux étant (parfois) l’ennemi du bien…

Pour conclure cette session axée sur la technologieJean-Marc Sornin, président d’Abyssa, a présenté ses derniers « joujoux » tech : des robots novateurs (AUV) capables de descendre jusqu’à 6 000 mètres de profondeur et adaptés à diverses missions. Ces drones océanographiques permettent des explorations étendues et non intrusives, organisés en une flotte pouvant couvrir de vastes zones marines. Cartographie, localisation, collecte de données, ces différents AUV réalisent ces missions grâce à leur technologie de pointe. #Soumsoum.

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Un séminaire sur fond de moratoire

Plus globalement, l’adoption d’un moratoire, au début du mois de juin et actuellement à l’étude au Congrès, a plané sur ce séminaire. Ce projet de loi-pays vise à interdire les activités d’exploitation et d’extraction minière, pétrolière ou gazière mais semble encourager « l’exploration scientifique« . Technologies et fonds marins ont encore pas mal d’opportunités de s’apprivoiser alors que la Nouvelle-Calédonie pourrait tirer son épingle de ce ménage sous-marin…

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