3 millions de tonnes pour 7 milliards de dollars, c’est ce que représente la « production » de thon dans le Pacifique central et occidental. Alors que le changement climatique et la pollution augmentent de facto la pression sur les stocks de poisson, la surpêche vient compléter ce triptyque de facteurs aggravants pour la santé des bancs. Pour lutter contre ce dernier phénomène, une association « The Nature Conservancy » a opté pour un combiné technologique pour assurer une surveillance électronique innovante. 

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La technologie au service de l’accord de Nauru

Depuis 1982, la gestion des ressources halieutiques du pacifique fait l’objet d’un accord dit « de Nauru » entre huit états océaniens : les États Fédérés de Micronésie, Kiribati, Îles Marshall, Nauru, Palaos, Papouasie-Nouvelle Guinée, Îles Salomon et Tuvalu. Au cœur de cet accord, la pêche au thon qui représente près de 30% de l’approvisionnement mondial en thon et environ 70% de celui du Pacifique occidental et oriental. Depuis 2021, les états concernés ont annoncé la mise en place de technologies de surveillance électronique de la pêche pour freiner la surpêche, augmenter l’identification des espèces pêchées de jour comme de nuit et contrôler ainsi les stocks de poisson. 

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L’iA compte les thons © Ouest France

Ainsi, des technologies de surveillance électronique sont actuellement déployées sur les navires au rayon desquelles on retrouve notamment des caméras vidéo embarquées couplées à des capteurs dotés d’intelligence artificielle pour la reconnaissance automatique des espèces sorties de l’eau et un comptage précis des pêches de jour comme de nuit. Le marquage GPS est également efficace pour relever la géolocalisation des navires en temps réel et s’assurer du bon déroulement de chaque « partie de pêche ». Ce dispositif technologique a pour objectif de remplacer le traditionnel « observateur » habituellement chargé des relevés « à la main ». Pourtant, cet observateur n’a pas complètement disparu ; désormais, c’est lui qui en charge de l’analyse des données récoltées…

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La data au cœur de la lutte

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Ces solutions technologiques, couplées les unes aux autres, permettent ainsi de mieux comprendre l’activité « légale » de la pêche au thon et ses effets dans le Pacifique grâce, notamment, à la récupération et à l’analyse complète de jeux de données. Chaque enregistrement fournit ainsi un nombre de datas démultipliées avec un « degré de granularité supérieur » aux enregistrements « humains ». En revanche, seuls 2% des palangriers thoniers de la région disposent actuellement de ce système de surveillance indépendant. Un pourcentage encore bien trop bas pour lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée… 

En « s’appuyant sur un ensemble de technologies embarquées pour récolter des données relatives à la pêche, ces dispositifs livrent une information détaillée sur la capture de thons et ses interactions avec des espèces menacées comme le requin ou la tortue. Ils recueillent aussi d’autres données sur les activités à bord, notamment en matière de sécurité des conditions de travail », peut-on découvrir sur le site de l’association « The Nature Conservancy » qui collabore avec les pouvoirs publics et les entreprises de pêche de la région. Alors que les effets d’une pêche non durable se répercutent sur l’ensemble des économies des états concernés, l’innovation technologique n’est plus une option. Il y a urgence, encore une fois, à accompagner le secteur et à faire évoluer les mentalités. Les assiettes de nos enfants sont en jeu…  

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