Dimanche 19 février dernier, c’était la Journée mondiale de la baleine ! Cette « fête » est l’occasion de rappeler l’importance de la protection de ces espèces marines emblématiques, largement connues du Caillou. Selon les estimations, il ne resterait plus que 20 000 baleines à bosse dans le monde, dont une partie passe dans les eaux de la Nouvelle-Calédonie. Pour protéger ces géants marins, les technologies sont de plus en plus efficaces.
Les baleines à bosse font partie de la riche faune marine de notre archipel. Notre belle Mer de Corail est une zone très importante dans le rythme migratoire de ces cétacés, puisque c’est dans l’azur de nos eaux qu’elles s’accouplent et mettent bas. Cependant, d’après la liste rouge de l’UICN, cette espèce est menacée par les activités humaines partout dans le monde et particulièrement en Nouvelle-Calédonie, principalement dans le lagon sud.
Pour mieux protéger ces mammifères marins, les innovations technologiques deviennent les armes de nos scientifiques et des organismes de sauvegarde. Ces dernières, grâce à différentes solutions, apportent ainsi un second souffle à la protection de la biodiversité marine : drones, caméras, microphones ou encore balises satellitaires… Chacun de ces outils permet de mieux appréhender les mesures à prendre pour protéger nos cétacés.
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« Écouter pour mieux protéger »
Si ce n’est pas un adage connu, on pourrait croire le contraire, particulièrement en ce qui concerne la recherche scientifique. Depuis quelques années, les chercheurs en biologie marine ont de plus en plus recours aux technologies acoustiques pour surveiller les écosystèmes marins. En effet, elles sont régulièrement utilisées comme des outils de suivi des populations de cétacés, notamment pour les localiser. L’hydrophone est ainsi une des technologies utilisées en mer pour retrouver, dans l’immensité bleue, la trace de ces mammifères marins.
Les baleines chantent, particulièrement pendant la période de reproduction. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’elles sont le plus présentes en Nouvelle-Calédonie. En transformant les ondes de ces chants en signaux électriques, les chercheurs sont capables d’identifier la direction et la distance de l’individu, dans un rayon de 20 kilomètres. Si on en sait déjà beaucoup sur leur douce mélodie, il ne s’agit pas tant de mettre leur conversation sur écoute que de pouvoir les localiser précisément, s’en rapprocher, puis les identifier. L’association calédonienne « Opération Cétacés » utilise ce microphone marin depuis plusieurs années et cet outil leur a permis de recenser quelques centaines d’individus supplémentaires dans le lagon. Mieux connaitre l’écosystème marin des baleines permet de mieux comprendre leurs besoins et les dangers auxquels elles font face. Cette technologie acoustique est donc un premier pas vers une meilleure compréhension des comportements de ces mastodontes.
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« Voler pour mieux surveiller »
Outre cette technologie d’écoute des douces mélodies sous-marines, les drones ont, eux-aussi, un rôle à jouer pour protéger ces colosses. En effet, ils sont de plus en plus utilisés comme outil de recherche : moins invasifs, ces drones permettent de collecter des données précieuses sur le comportement et la santé des baleines. Grâce à des caméras très haute résolution, la surveillance, voire l’identification de l’individu, se fait en direct « from the sky ». Taille, forme, couleurs, trajet…, les chercheurs d’« Opération Cétacés » observent (presque) tout et relève de plus en plus de données. Et comme la data est l’outil de la connaissance…
Dans ce contexte, l’association a pu collecter plus de 3 000 photographies et vidéos de baleines à bosse. En exploitant ces clichés, les bénévoles sont alors capables de reconnaître une baleine grâce au « dessin » présent sous sa nageoire caudale. Celle-ci est une véritable empreinte de l’animal puisqu’elle est unique et donc représentative de chaque individu. Plus de 1280 baleines ont pu être identifiées et répertoriées dans un catalogue, permettant ainsi de suivre l’histoire de chacune d’entre elles : dans quelle zone a-t-elle été observée ? À quelle régularité ? Avec quel autre animal ? Quelle est la fréquence de mise bas dans le cas des femelles ? Des informations plus que nécessaires pour comprendre les habitudes des baleines et ainsi préserver leur milieu.
Ces technologies sont également utiles pour détecter les navires qui se trouvent à proximité des zones de vie des baleines. En effet, les drones peuvent survoler les zones de protection des baleines et identifier les navires qui risquent de les heurter, permettant ainsi aux autorités compétentes de prendre les mesures nécessaires. Cette menace existe et, bien qu’elle soit plus faible en Calédonie, elle concerne tous les animaux marins, particulièrement les mammifères. Le traitement automatisée de ces images permettrait de réagir plus rapidement et de proposer des réglementations adaptées pour préserver leurs zones d’habitat.
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Les systèmes de balises satellitaires : de la mer aux étoiles
Des systèmes de suivi satellitaire sont également utilisés pour surveiller les déplacements des baleines en Nouvelle-Calédonie. Ces technologies permettent de suivre les déplacements des baleines à distance et de cartographier les zones où elles se trouvent. Pendant plus de 20 ans, les baleines à bosse ont été observées autour des zones côtières. Pourtant, grâce à ces balises satellitaires, les scientifiques ont pu récolter quantité de données géographiques et suivre au plus près leur activité. Ils ont ainsi découvert de nouvelles zones d’habitat et de reproduction mais ont aussi récolté des données géologiques sous-marines précieuses. Des monts sous-marins ont été identifiés au large des côtes calédoniennes. Ces monts sont restés longtemps méconnus alors qu’ils sont considérés aujourd’hui comme des zones abritant une biodiversité marine et une biomasse souvent très supérieure à celle des masses d’eau environnantes. Ces monts sont essentiels pour notre écosystème marin et particulièrement pour les baleines.
En outre, ces balises aident à la régulation des activités humaines à proximité de ces zones de fréquentation. Le risque de collision entre un cétacé et un bateau est très élevé dans certaines zones maritimes. En Méditerranée par exemples, le risque est signalé 3500 fois par an ! Face à cette menace, un système de traitement de la donnée est testé afin de renseigner et d’être renseigné sur la présence d’un cétacé sur la route. Ce logiciel fonctionne via la communication satellite et grâce à un serveur de traitement informatisé à terre.
Dans un cas comme dans l’autre, ces données satellitaires permettront de mieux répondre aux défis de préservation des mers et des océans. Alors que le milieu marin a été, pendant longtemps, le grand oublié de la protection de l’environnement, l’arrivée des nouvelles technologies apportent un second souffle à la préservation de la biodiversité marine. Les solutions technologiques existent donc et se perfectionnent donc au contact des nombreuses initiatives locales et mondiales. Alors que la saison approche à grands pas, les baleines à bosse peuvent se rassurer : la Calédo continuera de les écouter chanter !
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