C’est un concept qui passionne notre rédaction, que ce soit à travers sa première concrétisation ici-même en Nouvelle-Calédonie ou sa transposition dans différentes œuvres de fiction futuristes : la “smart city” imagine dès aujourd’hui les développements urbains de demain. Cette ville intelligente ambitionne ainsi d’améliorer la qualité de vie des citadins en rendant leur environnement plus adaptatif et efficace, à l’aide de nouvelles technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services. A l’heure où les villes deviennent toujours plus intelligentes et connectées, quel futur réservent-elles à leurs transports publics ?   

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Vous avez dit transports du futur ? ©Gaumont / The Fifth Element

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VIRAGE NUMÉRIQUE ET SYSTEMES DE TRANSPORTS INTELLIGENTS

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Un trafic pas très « smart » à Nouméa… © Outremer la 1ère

Ce n’est pas un secret, la digitalisation croissante de nos sociétés a transformé un grand nombre de nos habitudes quotidiennes.  Notre mobilité, c’est-à-dire notre façon de nous déplacer tous les jours au sein des espaces urbains, n’a pas échappé à cette évolution. Alors que la logistique de nos villes se complexifie, – on estime que l’espace urbain mondial aura triplé entre 2000 et 2030 – la nécessité de rendre notre mobilité plus intelligente et plus durable se fait sentir. Depuis plus d’une trentaine d’années, cette “smart mobility » se développe au coeur de nos villes, mais peine encore à être comprise et bien interprétée par la plupart de nos concitoyens.   

Concrètement, la mobilité intelligente se trouve au croisement entre deux secteurs : le numérique et celui du transport. Cette notion « d’intelligence » – « Smart » – a été rendue possible grâce au développement des technologies de l’information et de la communication, qui ont donné naissance à des systèmes de transport intelligents (STI).

Ces systèmes de transport sont dits « smart » car leur développement repose sur des fonctions généralement associées à l’intelligence : capacités sensorielles et de choix, mémoire, communication, traitement de l’information et comportement adaptatif. Ce concept des STI a été appliqué aux transports publics de voyageurs pour optimiser l’exploitation des réseaux existants mais aussi pour améliorer le confort des usagers et leur sécurité, tout en répondant à des objectifs de durabilité. Cela se traduit notamment par une billetique dématérialisée (Pass Navigo à Paris, automatisation des ventes…), une automatisation des engins (métros automatiques de la RATP, bus guidés…) voire leur électrification. Enfin, les transports publics intelligents doivent permettre un meilleur système d’information aux voyageurs (temps d’attente actualisés, itinéraires alternatifs…) .

 Cette transformation intelligente des transports publics a déjà été opérée dans plusieurs grandes mégalopoles et… à Dumbéa-sur-mer !  

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Le Neobus, la smart mobility façon Calédonie ! © OutreMer la 1ère

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UN FUTUR DÉJÀ BIEN PRÉSENT ?

La Nouvelle-Calédonie serait-elle donc un terreau fertile de la mobilité intelligente ? Il serait sage de mesurer notre enthousiasme à la vue du (gigantesque) parc automobile calédonien, mais il n’en reste pas moins vrai que l’innovation technologique et responsable a bel et bien tracé son chemin jusqu’aux transports publics du territoire. Lancé en fin d’année 2019, le Neobus reliant Moselle et Dumbéa-sur-mer en est le plus bel exemple ! Avec son système d’information aux voyageurs en temps réel via géolocalisation, sa billetique dématérialisée, son service de vidéo-protection (caméras et radars) et une application smartphone associée, le “Neo”bus mérite entièrement son préfixe !

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A Sangdo, les transports en commun sont tout terrain © BFMTV

Ailleurs dans le monde, les innovations estampillées “smart mobility” appliquées aux transports publics et en commun fleurissent ; « Songdo », un ambitieux projet de smart city, est sorti de terre, en 2003, en Corée du Sud et sa construction s’est s’achevée en 2018. Cette ville de 610 hectares a été planifiée « from scratch » pour répondre aux problématiques de la mobilité urbaine. Elle peut compter sur un système de transports publics, électriques et aquatiques, autosuffisants énergiquement et de 25 kilomètres de voies cyclables. Dans la ville-Etat de Singapour, “la plus connectée au monde”, la gratuité des transports publics a été instaurée pour inciter les habitants à délaisser leurs voitures personnelles. Des capteurs de densité de foule sont reliés au système de transports en commun et analysent les données récoltées. De là, le système propose des solutions de déplacement optimisées à l’utilisateur afin d’éviter les engorgements. Enfin, à Masdar City, construite en plein désert d’Abu Dhabi, les véhicules à énergie fossile ont été bannis au profit d’un système de transports en commun fonctionnant entièrement à l’énergie photovoltaïque. Les architectes ont ainsi conçu un réseau à la distribution optimale, de manière à ce qu’un piéton ne soit jamais à plus de 200 mètres d’une station. Smart !  

Si les transports publics des grandes villes opèrent donc, dès à présent, leur virage « STI’, c’est le futur de la mobilité mondiale qui est en train de se jouer ; de nouvelles formes de transport en commun sont actuellement en développement et pourraient devenir les symboles des villes intelligentes de demain. Le projet de train Hyperloop porté par Elon Musk devrait permettre de relier le centre de Los Angeles au centre de San Francisco en trente minutes, à une vitesse avoisinant les 1000 Km/h ! Un projet qui a suscité l’intérêt d’investisseurs sérieux comme la NASA ou la SNCF. A Tel Aviv, un concept tout aussi ambitieux est également en développement : le SkyTran, un transport public aérien circulant au-dessus du trafic grâce à une technologie de lévitation magnétique. Porté par Doug Malewicki, ingénieur et vétéran du projet Apollo de la Nasa, ce train intelligent pourra se déplacer jusqu’à 250km/h, pour un impact écologique réduit.

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LES VOITURES FONT DE LA RESISTANCE !

Les transports publics des « smart city » de demain s’appuieront donc sur les outils numériques, les datas et autres technologies de pointe pour proposer une meilleure expérience à leurs utilisateurs tout en limitant au maximum l’impact écologique des transports. Toujours plus adaptatifs et intelligents, ces modes de transports commencent déjà à se tailler la part du lion dans la mobilité quotidienne des usagers et ce, au détriment de la voiture. Une excellente nouvelle pour l’environnement et l’encombrement du réseau routier.

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Un taxi sans chauffeur à Singapour ©BFMTV

Toutefois, l’industrie automobile ne compte pas rendre les armes et entend bien opérer à son tour son virage numérique et durable. Les prémices de cette mutation sont d’ores et déjà perceptibles : les véhicules électriques gagnent des parts de marché et des flottes de voitures autonomes sans chauffeur ont déjà été lancées avec succès. A Singapour, de nouveau, il est ainsi possible de commander un taxi sans chauffeur et de renseigner le trajet souhaité depuis un smartphone. Parallèlement, le réseau routier opère également sa mue vers un « système de transport intelligent » (capteurs et radars IOT, feux de signalisation adaptatifs pour fluidifier le trafic, routes intégrées, etc).

L’enjeu des villes de demain sera alors certainement de faire coexister les différents modes de déplacement (publics et privés) et donc de favoriser la multimodalité des transports urbains. En devenant autonomes, connectés et intégrés, les solutions de transports publics, tout comme les véhicules personnels, devront alors permettre de se déplacer plus facilement et plus efficacement dans la « smart city ». Un pari qui ne devrait pas plaire aux lobbys du pétrole !

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