Hugues Viens, gérant d’Interface, est un acteur majeur du secteur informatique en Nouvelle-Calédonie depuis près de vingt ans. « Au cours de ces dernières années, nous avons été témoins d’une évolution technologique rapide qui redéfinit chaque jour notre société. » Les avancées technologiques, en particulier dans le domaine du numérique, ont révolutionné nos usages et nos méthodes de travailler.
Depuis l’émergence d’internet, en passant par les applications web, jusqu’à l’utilisation de l’intelligence artificielle, Hugues ne subit pas les changements… il les accompagne ! Lors de notre rencontre, ce passionné à l’affût des derniers progrès technologiques, nous a partagé son parcours, ses activités et son point de vue sur l’avenir de l’intelligence artificielle.
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Bonjour Hugues et bienvenue sur NeoTech, pour débuter notre échange, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs en quelques mots et dates clés ?
Bonjour et merci pour votre accueil chaleureux ! Je suis Hugues Viens, le gérant de l’entreprise Interface. Notre équipe est composée d’une joyeuse bande de développeurs informatiques. Voici notre histoire en quelques dates clés.
Tout a commencé en 1995 lorsque nous avons créé Interface. À cette époque, nous développions des applications à installer sur les ordinateurs. Puis, avec l’avènement d’Internet en l’an 2000, nous avons pris le virage des applications web que l’on pouvait alors ouvrir directement dans son navigateur. En 2013, nous avons franchi une étape importante en migrant vers le modèle du Software as a Service (SaaS). Nous avons abandonné les anciennes technologies pour nous concentrer sur le développement de solutions en ligne.
Au fil des années, nous avons travaillé sur divers projets. Parmi eux, la gestion de l’emploi en Nouvelle-Calédonie a occupé une place importante. Nous avons développé des applications web utilisées par l’ensemble des services administratifs pour gérer les offres et demandes d’emploi dans toutes les Provinces du territoire. Aujourd’hui, nous travaillons principalement dans le domaine médical. Nous sommes fiers de notre histoire et nous continuons d’innover pour offrir les meilleures solutions à nos clients.
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Tu es le gérant d’« Interface » depuis quelques années maintenant. Quelle est l’histoire de cette société et quels services proposes-tu ?
Interface est constituée d’une équipe de développeurs polyvalents, spécialisés dans le développement d’applications. Nous ne développons pas seulement pour les autres, nous sommes également éditeurs de nos propres applications avec une approche centrée sur le cloud. Nous créons des applications que nous hébergeons dans un cloud et que nos clients utilisent en les louant, un peu comme on le ferait avec Netflix pour regarder des films. C’est ce qu’on appelle le service SaaS.
Notre domaine de prédilection est le secteur médical. Nous collaborons avec de nombreux acteurs du milieu médical en Nouvelle-Calédonie, qu’il s’agisse de médecins généralistes, de spécialistes, de dispensaires, ou même d’hôpitaux à Wallis et Futuna et en Afrique. Nos applications médicales permettent aux professionnels de gérer les dossiers médicaux de leurs patients, de générer des ordonnances, des certificats et tout ce dont ils ont besoin dans le cadre de leur pratique médicale. Le tout, de manière sécurisée et accessible depuis n’importe quel endroit, que ce soit le bureau, le domicile, le cabinet médical, voire même en vacances !
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En quoi cette offre globale de services « web » répond-elle aux besoins du marché calédonien ?
Chez Interface, nous sommes principalement axés sur le B2B, c’est-à-dire que nous travaillons essentiellement avec des entreprises. Nous avons peu de clients dans le secteur public. Notre objectif est de collaborer avec de grandes entreprises mais aussi de petites structures telles que des cabinets médicaux. Même nos plus petits clients sont des professionnels à part entière ! Nous travaillons également avec des secteurs diversifiés tels que les mines et les banques, bien que notre niveau d’implication soit moindre dans ces domaines.
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Où sont stockées toutes ces données que vous traitez avec vos applications ?
Nous sommes spécialisés dans le développement d’applications et nous nous concentrons uniquement sur la couche applicative. Alors que nous proposons du « Software as a Service », nous sommes clients du« Hardware as a Service ». Ainsi, nous nous procurons le matériel nécessaire ainsi que des solutions cloudauprès de fournisseurs calédoniens tels que DSP ou Azure. Nous sommes ravis de pouvoir travailler avec des professionnels qui se chargent de cette partie : chacun ses spécialités ! Cette collaboration nous permet d’offrir à nos clients des solutions d’hébergement professionnel et de garantir ainsi la sécurité et la fiabilité de leurs données.
C’est un réel avantage de pouvoir compter sur des experts pour gérer cette infrastructure, car cela nous permet de nous concentrer pleinement sur notre cœur de métier : le développement d’applications de qualité pour répondre aux besoins de nos clients.
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Quel regard portes-tu sur la transformation numérique de notre territoire ? Quels sont les freins et les opportunités que tu as identifiées ?
En ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, je pense que nous pouvons être fiers de notre niveau de maturité technologique. Malgré notre statut d’île de petite taille, nous parvenons à offrir des débits réseaucomparables à ceux du reste du monde – à une échelle similaire – ainsi qu’une connectivité pratiquement omniprésente. Nous pouvons être satisfaits de ce que nous avons accompli ici en Nouvelle-Calédonie.
Cependant, dans notre domaine, certains stagnent dans le passé et continuent à vendre des applications selon l’ancien modèle. Ce modèle traditionnel implique la gestion d’un parc informatique, des ordinateurs et des sauvegardes de données, un modèle très peu adapté à notre époque. Tout cela disparaît avec les applications web en ligne. En effet, les équipes de développeurs peuvent travailler continuellement à l’amélioration de la solution et la mettre à jour en temps réel. Bien sûr, aujourd’hui, ceux qui se lance dans cette activité ne se posent même pas la question. Toutefois, nous sommes encore dans un paysage mixte, en particulier en Nouvelle-Calédonie.
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L’iA est en train de révolutionner notre société à bien des égards ; quel est ton avis sur l’arrivée de l’intelligence artificielle dans nos quotidiens ?
L’arrivée de l’intelligence artificielle dans nos vies est une véritable révolution, tout comme l’a été l’avènement d’Internet. L’iA aura au moins le même impact, voire plus, dans notre quotidien. Son arrivée se profile depuis un certain temps et comme une boule de neige qui grossit, il y a un moment où il sera impossible de l’ignorer. Je trouve passionnant de vivre ces moments clés qui transforment profondément notre société.
L’iA s’est démocratisée récemment avec l’arrivée de ChatGPT. Les passionnés de technologie savaient déjà que des changements incroyables se profilaient, pour les non-initiés, c’était la première ouverture vers quelque chose qu’ils considéraient comme futuriste. Personne ne croyait réellement à cette « science-fiction » jusqu’à l’apparition de ChatGPT, une iA mise à la disposition de tous. Ça a marqué un tournant majeur et a permis à chacun d’accéder à cette technologie révolutionnaire.
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Quels sont les enjeux professionnels liés à son utilisation ?
Avec l’arrivée du modèle 4 de ChatGPT, nous sommes confrontés à une profonde révolution dans nos méthodes de travail. De ce fait, comme ceux qui ont manqué le virage d’Internet et sont restés dans le passé, ceux qui manqueront le virage de l’intelligence artificielle ne seront pas gentiment impactés… ils seront laissés sur le trottoir sans pouvoir aller beaucoup plus loin sur la voie de l’évolution. Utiliser correctement un tel outil va démultiplier notre productivité de manière incroyable. Chez Interface, dans notre équipe de développement, nous interdisons de travailler SANS !
Toutefois, je pense que la phase dans laquelle nous sommes ne durera qu’un certain temps. Dans quelques années, je crains que nous n’ayons plus réellement besoin de développeurs. Nous sommes actuellement dans une période de transition où l’humain reste au cœur du processus. Ça risque de changer d’ici quelques années mais rassurons-nous, il y a toujours un décalage entre la naissance de la technologie, sa progression et son utilisation réelle dans la société.
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En quoi les iA peuvent-elle être une révolution pour les entreprises et un facteur d’accélération de la transformation numérique du territoire ?
Deux aspects clés se démarquent. En termes de performance, l’adoption rapide de l’iA au sein des processus internes d’une entreprise lui confère un avantage compétitif. C’est un nouvel outil qui dépasse les précédentes solutions et pour rester compétitif, il est essentiel de l’utiliser correctement et en tirer le maximum de bénéfices. En termes de productivité, l’utilisation même de l’iA peut considérablement améliorer les performances. Dans le domaine médical, par exemple, Interface vise à intégrer l’iA dans les outils eux-mêmes. Les médecins peuvent ainsi interagir avec une intelligence artificielle pour les assister dans la résolution de problèmes médicaux, bénéficiant ainsi d’une immense source de connaissances.
Cependant, il est important de souligner les enjeux éthiques liés à la confidentialité des données. Il s’agit-là d’un terrain complexe à naviguer. Un défi futur consistera à déterminer où placer le curseur : partager ou ne pas partager ? Telle est la question. À savoir que certains modèles d’iA peuvent être exécutés localement, évitant ainsi de télécharger les données sur des serveurs en ligne. Mais cela implique une puissance de calcul moins importante. Trouver l’équilibre approprié sera un véritable challenge. Une fois que nous connaissons les capacités de l’iA, il est essentiel de réfléchir à la manière dont nous les utilisons.
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Un dernier mot ou une dernière actualité pour nos lecteurs ?
Actuellement, nous travaillons à ouvrir notre société calédonienne aux marchés internationaux. Qui sait ce qui nous attend ?
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