Startupeuse à succès, présidente de la FrenchTech Polynésie, visionnaire sur le sujet de l’innovation pour son territoire, c’est peu dire qu’Heiura ne chôme pas ! A l’occasion du Tech4Islands Summit, c’est elle qui a mis un point d’honneur à recevoir la délégation de startup calédoniennes et à faire en sorte que les entrepreneurs se sentent « comme à la maison ». Notre rédacteur en chef, Guillaume Terrien, a donc pris quelques minutes pour échanger avec elle sur ses multiples casquettes. Retour sur cette discussion de qualité…

Quand notre fondateur rencontre Madame la Présidente de la FrenchTech Polynésie… © NeoTech

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Bonjour Heiura et bienvenue sur NeoTech ; pour débuter notre échange, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Enchantée de vous rencontrer et merci à NeoTech ! Je m’appelle Heiura Itae-Tetaa, je suis la Présidente de la French Tech Polynésie mais aussi entrepreneuse.

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C’est donc la FrenchTech Polynésie qui organise le Tech4Islands Summit : peux-tu nous en dire plus sur cet événement ?

Le Tech4Islands Summit est, en effet, un événement organisé par la French Tech Polynésie. L’idée de cet événement était de créer une dynamique positive autour de l’innovation, en identifiant les talents et en imaginant les solutions de demain pour nos territoires insulaires. Cette année marque la quatrième édition de cet événement réunissant entrepreneurs polynésiens mais aussi ceux de la région et, particulièrement ceux de Calédonie.

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La fière délégation calédonienne lors du Tech4Islands Summit © NeoTech

Au delà de sa vocation de créer un espace d’échanges, c’est aussi l’occasion d’attirer des « venture capitalist » (VC), des investisseurs, puisque le financement est l’un des enjeux principaux quand on se lance dans l’aventure de l’entreprenariat et de l’innovation. On a la chance cette année d’avoir une communauté calédonienne conséquente, avec une belle délégation de startup et entreprises innovantes !

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Comment définis-tu l’innovation à la polynésienne ?

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© FoodEase

Deux idées : celle de « novation » et celle d’« innovation ». Il est très important de « décorréler » les deux termes puisque, même sans levée de fonds, l’action innovante est tout de même présente. La « novation » peut passer elle-aussi par un modèle économique disruptif et ajouter un caractère nouveau à des choses qui existent par ailleurs, en y adossant un caractère technologique, par exemple.

Dans le cadre de ma startup, je travaille dans le domaine de la culture et plus spécifiquement de la langue. Je n’invente rien mais la technologie va me permettre de valoriser la langue tahitienne, va la rendre « sexy » et « swag » ! C’est parce qu’on utilise des outils technologiques et qu’on créé de nouveaux logiciels qu’on participe à l’innovation polynésienne.

En Polynésie, l’innovation est une réponse à pas mal de problématiques du territoire. Pour preuve, j’aime citer l’exemple de FoodEase, notre startup « UberEats » locale, qui s’est développée pendant la Covid-19 et qui a reçu un franc succès auprès de la population. Tout cet écosystème de startup sert de réel levier économique pour le pays.

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© Speak Tahiti

Quittons ta casquette de Présidente pour passer à celle d’entrepreneuse : peux-tu nous parler de ta startup et de sa raison d’être ?

Aujourd’hui, Speak Tahiti-Parauparau Tahiti a pour vocation de rendre vivante la langue tahitienne et, pourquoi pas demain, d’autres langues et cultures minorées. Nous sommes partis d’un triste constat dressé par l’UNESCO : d’ici 2050, 3000 langues dans le monde pourraient disparaître et, avec elles, toute leur culture et leur histoire.

Dans ce contexte d’uniformisation, je crois fermement à la « Tech For Good » ; la technologie peut apporter du positif à l’Humanité : rendre à des millions de gens leur langue autochtone en fait partie ! C’est la technologie au service de la culture…

On travaille d’ailleurs également sur le « drehu« , l’une des langues avec le plus de locuteurs en Calédonie. Je ne suis pas seule dans cette aventure puisque mon équipe est composée de neuf autres personnes. Sans elles, rien ne serait possible : c’est grâce à chacune d’entre elles que l’idée et l’envie d’innover existe aujourd’hui à travers cette startup.

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Avant de nous quitter, quel message voudrais-tu faire passer à nos lecteurs calédoniens ?

Premièrement, j’ai hâte de vous rencontrer ! C’est dans l’ère du temps de parler de collaboration régionale et j’y crois résolument et profondément ! Depuis que je suis à la Présidence de la French Tech Polynésie, je m’applique à travailler avec toutes les entités de l’écosystème French Tech d’outre-mer, notamment avec celle de la Nouvelle-Calédonie.

Deuxièmement, j’aimerais rappeler que nous sommes là pour vous accueillir aussi ! Et j’espère que l’événement vous prouve notre envie de collaborer ! Finalement, nous sommes sur le même va’a : l’esprit océanien ce n’est pas juste une mer d’îles déconnectées. Nous sommes une multitude de territoires dans un ensemble plus vaste et interconnecté : nous naviguons ensemble sur ce grand bateau traditionnel. Et ça, c’est vraiment chouette !

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