Si on vous vous parle de l’école, vous pensez à quoi ? Un crissement de craie sur un tableau noir ? Un professeur sévère aux lèvres pincées ? Des élèves assis en rang d’oignon répondant sagement et correctement aux questions ? Le cas échéant, vous êtes encore dans les années 70 et cette actualité va vous en sortir ! La Nouvelle-Calédonie bouge désormais les lignes à travers le dispositif « Innov’École », mis en place par La Direction de l’Éducation de la Province Sud.

Innov'École
590 élèves réunis dans une école pour l’occasion © Julie Cateau

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L’innovation à l’école, une question urgente

L’innovation s’était déjà invitée dans les établissements du second degré avec le programme « Startup à l’école » : c’est maintenant au tour du premier degré ! L’idée du dispositif « Innov’Ecole », lancé depuis 2018 dans le Grand Nouméa, est née de constats forts : décrochage scolaire, absentéisme, désengagement, fatigabilité… soit autant de termes pédagogiques pour dire que le fonctionnement traditionnel de l’école ne convient plus nécessairement à l’ensemble des élèves. De ce fait, pour remotiver les élèves – ainsi que le corps enseignant – des établissements se sont portés volontaires pour expérimenter un nouveau fonctionnement.

Le principe de ce dispositif consiste à développer des projets innovants. Une équipe enseignante, composée de plus de 200 professeurs volontaires, a peaufiné les projets en suivant un mot d’ordre : laisser aux porteurs de concepts éducatifs une liberté dans leur capacité à innover. Ainsi, de nouvelles méthodes d’apprentissage ont été proposées dans les classes ; il fallait en effet tenter de s’éloigner de l’enseignement conventionnel, à savoir : une classe, des élèves assis, un professeur qui enseigne. 

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Innovations certes, mais lesquelles ?

Cette année scolaire 2023-2024 voit une vingtaine d’établissements porter ce dispositif novateur. Il permet aux équipes pédagogiques d’expérimenter de nouveaux fonctionnements pour changer les habitudes scolaires des élèves et s’adapter à leurs besoins. Ainsi, à l’école Victorien-Bardoux, les apprentissages fondamentaux se font le matin, alors que l’après-midi s’organise autour de différentes activités. Puis, à Heinrich Ohlen, le lundi, les élèves commencent leur journée par quarante-cinq minutes de temps libre où ils sont invités à participer à des activités ludiques. Les équipes ont donc opté pour une innovation dans les rythmes d’apprentissages. 

« Le matin, les enfants sont plus ouverts et ont une meilleure concentration. L’après-midi, ils suivent différents parcours : culturelle, artistique, scientifique, sportif et civique »

Informe Magali Charlou, directrice de l’école Victorien-Bardou.

A l’école Christine-Boletti, les élèves ont bénéficié d’une formation complète à l’« EMI », l’« Éducation aux Médias et à l’Information ». L’objectif ? Permettre aux élèves d’apprendre à lire et à décrypter l’information pour aboutir à un usage raisonné et citoyen des outils et des ressources numériques. Pour ce faire, les équipes enseignantes ont pu utiliser le réseau éducatif « ONE », un espace digital qui regroupe de nombreux outils pédagogiques virtuels. A la fin de cette formation, les élèves ont pu réaliser collaborativement un journal numérique commun à toute l’école.

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« ONE » journal numérique pour « one » école ! © ONE

D’autres écoles ont mis l’accent sur la culture. A l’école James-Paddon par exemple, de nombreux enfants viennent tous les matins de la tribu de N’dé, à Païta. Pour consolider ce lien à la culture Kanak et la faire découvrir à ceux qui ne la connaissent pas, l’équipe pédagogique a décidé d’organiser des sorties scolaires dans la tribu et de suivre le cycle de l’igname pendant une année entière. Défrichage, plantation, récolte, les enfants participent à toutes les étapes. A Kaméré, les écoles Desbrosse, Fontrobert et Lods se sont réunies pour une journée de cohésion dans le but de se rapprocher de la culture océanienne et de développer un sentiment d’appartenance. Ici, l’innovation est au service de la culture.

Pendant ce temps-là, à l’école Fontrobert © Province Sud

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Le programme porte ses fruits

Ce dispositif innovant, mis en place depuis maintenant six ans, a fait ses preuves. En effet, Isabelle Collenot, directrice de l’école élémentaire Gustave-Lods, a constaté une plus grande motivation de la part des élèves, de meilleurs résultats et, surtout, une atmosphère plus sereine. Il y a moins de conflits, d’absentéismes et plus de respect. Avis aux établissements scolaires pour l’année 2024-2025, l’innovation pédagogique est à votre porte !

« L’éducation c’est la jeunesse, et la jeunesse c’est l’avenir. Améliorer l’éducation relève d’un intérêt collectif, car globalement, c’est toute la société calédonienne qui y gagne ».

Pour conclure cet article, un mot du Président du groupe Calédonie ensemble au Congrès de la Nouvelle-Calédonie Philippe Michel.

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