L’Organisation des Professionnels de l’Économie Numérique (OPEN NC) a pour mission de structurer durablement la filière numérique en Calédonie. Pour soutenir cette mission, le cluster numérique dispose de quatre commissions qui « créent des groupes de travail pour mener des actions concrètes comme la création d’une filière cybersécurité en Nouvelle-Calédonie, l’élaboration d’un outil d’évaluation de la maturité numérique d’une organisation ou entreprise locale, ou encore la promotion de formations qui répondent aux besoins des professionnels du secteur« . NeoTech est allé à la rencontre du Président de la « Commission Cybersécurité », Laurent Rivaton, qui nous explique son fonctionnement et ses actions.
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Bonjour Laurent, tu es le fondateur d’AdDo et Président de la « Commission Cybersécurité » du Cluster Numérique OPEN NC ; comment es-tu arrivé là ?
Bonjour aux lecteurs de NeoTech ! Fin 2017, début 2018, l’ancienne manager d’OPEN, Myriam Sanchez, a sollicité les membres d’OPEN NC pour établir la liste des projets à porter et à développer en 2018. Comme j’avais déjà en tête pas mal d’idées sur le sujet de la cybersécurité, je lui ai proposé de lancer un projet de création et de développement de la filière. Je crois qu’elle a été réceptive et enthousiaste à l’écoute de mon « histoire » : la commission cybersécurité d’OPEN était née !
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Quelles sont tes missions et celles que couvre cette commission au sein d’OPEN NC ?
L’objectif de la commission, sa mission, sa cause, est d’améliorer la sécurité informatique du territoire. A cette fin, nous travaillons au développement de la filière cybersécurité sur le territoire.
Mon principal rôle en tant que président de la commission est de donner envie aux membres de la commission de consacrer leur temps et de leur énergie pour nous faire avancer vers notre objectif. Je dois aussi veiller à ce qu’on aille bien vers cet objectif et qu’on ne se perde pas en chemin !
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Quelles sont les récentes réalisations de la commission et sur quels projets d’avenir travaillez-vous ?
En ce moment, nous travaillons sur différents projets :
- Des ateliers de sensibilisation destinés aux entreprises du territoire dans le cadre du programme « Les Tremplins du Numérique » d’OPEN (ateliers en présentiel et en ligne) ;
- Des ateliers découverte de la cybersécurité pour les jeunes des maisons de quartier en collaboration avec la mairie de Nouméa ;
- La conception et l’organisation d’un Challenge CTF (Capture The Flag) qui a malheureusement été reporté compte tenu des contraintes sanitaires ;
- Une newsletter mensuelle sur la cybersécurité (déjà 7 éditions !)
- Un travail en cours sur un vaste programme pour favoriser la prise de conscience des entreprises.
- Candidature en cours pour être CLUSIR de Nouvelle-Calédonie.
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En quoi la cybersécurité est-elle un sujet d’actualité pour la Nouvelle-Calédonie et, plus globalement, les îles du Pacifique ?
La cybersécurité est un sujet d’actualité pour le monde entier. Il ne se passe pas un jour sans que des failles de sécurité soient trouvées et les annonces de problèmes de sécurité s’enchaînent sans cesse, qu’ils soient causés par des pirates informatiques ou la conséquence d’erreurs humaines, comme la dernière panne de Facebook. La Calédonie n’est pas en reste, et aussi bien les particuliers que les entreprises, font régulièrement face à des problèmes : de la perte de ses photos de vacances qui étaient dans le smartphone qui vient de tomber à la mer, à l’entreprise paralysée pendant plusieurs jours suite à une attaque de cybercriminels.
Nous sommes tous de plus en plus dépendants des outils numériques, la cybersécurité est donc de plus en plus importante.
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C’est actuellement le « mois européen de la cybersécurité » (ECSM) porté par l’ENISA. Qu’est-ce que cela signifie et quel est l’objectif de cette démarche ?
C’est une campagne de promotion, d’information, de sensibilisation à la cybersécurité. Et chaque année c’est aussi l’occasion pour nous d’essayer encore davantage de faire passer notre message. Disons que c’est un « prétexte » ou plutôt une opportunité de fédérer et de rassembler les bonnes volontés.
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La cybersécurité est toujours un sujet sensible mais encore plus en ce moment, dans le contexte géopolitique actuel. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Sur le plan international, tout le monde constate qu’un certain nombre de tensions se renforcent entre les états et que des rapports de force de plus en plus fort se mettent en place. Je rappelle que, depuis toujours, la maîtrise de l’information est un enjeu majeur et que l’informatique est la science du traitement de l’information. Or, la cybersécurité a pour objectif de sécuriser ce traitement de l’information, en s’assurant de la confidentialité des informations, de leur intégrité et, enfin, qu’elles seront disponibles à chaque fois qu’on en a besoin. Dans un tel contexte, on voit bien qu’il n’y a pas de débat quant à la pertinence de développer une expertise solide dans le domaine de la cybersécurité… Si vis pacem, para bellum… Rien de nouveau !
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Quel est le rapport entre le dossier des « sous-marins France – Australie et l’accord AUKUS » et la cybersécurité ?
Depuis la nuit des temps, les humains se dotent de capacités pour pouvoir s’affronter militairement partout où ils peuvent aller. Sur la terre ferme d’abord, puis sur la mer, sous la mer ensuite et enfin dans les airs. Le cyberespace ne fait pas exception, et l’AUKUS est un accord militaire qui a pour objectif de contrer l’expansionnisme dans la zone Asie-Pacifique de la « nouvelle » puissance qu’est la Chine : CQFD !
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Quels sont les objectifs de la Nouvelle-Calédonie en matière de cybersécurité au regard de sa position stratégique dans le Pacifique ?
Nous – OPEN NC – avons fait part de notre volonté de développer la filière cybersécurité et d’en faire une filière d’excellence, pourvoyeuse d’emplois, créatrice de richesses, avec une forte capacité à exporter son savoir-faire. Nous pensons donc que pouvons/devons avoir une place de choix pour appuyer et promouvoir les intérêts de la France, et plus largement de l’Europe, dans ce domaine et dans la zone.
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Un dernier « cyber-conseil » pour nos lecteurs ?
Contrairement à une idée largement répandue, prendre soin de ses données, de ses biens numériques et améliorer son hygiène de vie numérique n’est pas réservé à une élite d’experts sur le sujet. De même qu’il n’est pas nécessaire de savoir résoudre les équations thermodynamique d’un moteur à explosion pour conduire prudemment sa voiture, il n’est pas nécessaire d’être un petit génie de l’informatique pour utiliser les outils numériques prudemment. Mon conseil est donc de toujours réfléchir avant de cliquer et en cas de doute, ne pas hésiter à s’informer, à se renseigner et toujours faire confiance à son bon sens !
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