Pendant plus de six heures la nuit du 4 octobre, les réseaux sociaux Facebook et Instagram, ainsi que les applications Messenger et WhatsApp, ont cessé net de fonctionner avant de progressivement revenir en ligne. La plus grosse panne du genre jamais enregistrée par le groupe Facebook qui a affecté des centaines de millions d’utilisateurs et fait chuter le groupe à la Bourse. 

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Un seul réseau vous manque, et tout est dépeuplé. 

Entre 3 heures du matin dans la nuit de lundi à mardi (4/10), et jusqu’à tard dans la matinée suivante, il vous a probablement été impossible d’ouvrir votre compte Facebook, de checker vos stories Instagram, ou d’envoyer un message sur Messenger et WhatsApp. Tous les services du groupe Facebook ont en effet touchés par une panne d’une très grande ampleur et ont cessé de fonctionner. Même OculusVR, le service de réalité virtuelle du groupe de Zuckerberg, a été touché :  « impossible d’installer de nouveaux jeux ».

Pas de chance pour les insomniaques du Caillou. Rapidement, le site DownDetector, spécialisé dans le recensement de ce type d’incident, a vu ses compteurs s’affoler. En moins de vingt minutes, plus de 12 000 personnes ont signalé le bug sur la version française de DownDetector, et plus de 83 000 sur sa version US. Même constat concernant Instagram, avec quelques 76 000 signalements en trente minutes.  Pas étonnant lorsque l’on mesure le nombre d’utilisateurs ayant recours aux services du groupe Facebook. 

Facebook
Un pic, un cap, une péninsule… © Downdetector

Un désagrément particulièrement ressenti dans certains pays en développement, comme l’Inde, où la téléphonie coûte chère, et où Messenger et WhatsApp restent les principaux modes de communication. De nombreux commerçants dépendants de Facebook ou WhatsApp pour les commandes de leurs clients ont ainsi vu leur temps s’arrêter, comme d’autres applications dépendant de Facebook comme moyens d’identification de leurs utilisateurs via le FacebookConnect.

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« Bonjour littéralement tout le monde »

Panne Facebook

De quoi vraiment passer (encore) une mauvaise soirée pour la firme au Big F, qui subissait déjà les lourdes accusations d’une ancienne employée, Frances Haugen, devenue lanceuse d’alerte : elle reproche à l’entreprise de faire passer ses profits avant la sécurité de ses utilisateurs. Pour couronner le tout, l’entreprise a clôturé mardi soir en baisse de 4,9 % à Wall Street, Zuckerberg voyant ainsi sa fortune fondre de quelque 6 milliards de dollars en seulement quelques heures. 

Pour les « rivaux » du groupe, en revanche, il y avait un peu de la magie de Noël au moment de découvrir la situation. Comme le laissait entendre le compte officiel de Twitter au petit matin, il y avait « littéralement tout le monde » sur le réseau social au petit oiseau bleu. 

Panne Facebook

D’autres services de messagerie comme Signal et Telegram, réputés pour leur cryptage de données, ont annoncé « un gros flux d’inscriptions » pendant la panne. A tel point que Telegram s’est à son tour retrouvé à patiner en raison de trop nombreuses connexions. 

Beaux joueurs, les chargés de communication de Signal ont toutefois apporté un semblant de soutien aux techniciens de Facebook : « Nous savons aussi ce que c’est de travailler pendant une panne et nous souhaitons bonne chance aux ingénieurs ». 

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Les BGP et DNS, coupables désignés. 

Panne Facebook

Pendant la panne, Facebook a très peu communiqué.  Un des porte-paroles du groupe, Andy Stone, s’est contenté de déclarer :

« A l’immense communauté de personnes et d’entreprises qui dépendent de nous dans le monde : nous sommes désolés ».

Un message repris à l’identique par le compte officiel de Facebook sur Twitter. 

Le « New York Times » révélait dans la foulée que la panne avait également affecté les moyens de communication internes au groupe Facebook. Certains employés ne parvenaient pas à accéder aux bureaux, car leurs badges ne fonctionnaient plus. Les salariés du groupe ont eux aussi dû se tourner vers d’autres moyens de communication, dont Discord et Zoom, pour continuer à travailler.

Quelques heures après la fin de la panne, des premières pistes d’explications ont été apportées. Et pour les amateurs de sensations fortes, cela n’a malheureusement rien à voir avec une quelconque cyberattaque. D’après les informations fournies par Facebook, cette panne majeure aurait plutôt été causée par un « changement de configuration défectueux » de ses serveurs. Les routeurs principaux qui coordonnent le trafic entre les centres de données du groupe ont ainsi crashé, entrainant des difficultés techniques aboutissant à l’arrêt de toute communication. 

En cause donc, d’abord le BGP (Border Gateway Protocol). Un BGP est ainsi l’équivalent d’un GPS de l’Internet : il permet de déterminer à tout moment le meilleur chemin pour aller d’un point A – votre smartphone ou votre ordinateur, par exemple – à un point B – ici, Facebook. Ensuite, et comme le laissaient entendre les premiers messages d’erreur, les serveurs DNS (Domain Name System ou « système de noms de domaine ») qui constituent une sorte d’annuaire en faisant la jonction entre une adresse IP – une suite de chiffres – et un site web – le plus souvent, une suite de lettres ou de mots compréhensibles – de la même manière que les Pages Blanches associent un nom à un numéro de téléphone. C’est après leur remise en service que les utilisateurs ont recommencé à pouvoir accéder à leur compte Facebook et Instagram. Le DNS vous indique ainsi où vous rendre dans l’internet, le BGP comment s’y prendre. 

Zuckerberg et Facebook en première ligne !

Si cela demeure relativement opaque pour les non-initiés, la bonne nouvelle reste que cette explication écarte le danger selon lequel les données des utilisateurs auraient été compromises. Un bon point pour Zuckerberg avant d’être auditionné par le Congrès américain. Il demeure que, comme souvent dans les problèmes liés aux technologies de BGP et DNS, l’erreur est très vraisemblablement humaine, d’où la relative discrétion et la gène du groupe. 

Si Facebook n’est pas étranger des pannes sur son réseau, l’ampleur de celle connue par le groupe aux milliards d’utilisateurs dans la nuit du 4 au 5 octobre fera date. Les ingénieurs de la firme au logo bleu devront maintenant faire le nécessaire pour éviter qu’elle ne se reproduise. De notre côté, on espère vivement que ce sera le cas avant une mise en service du métaverse qu’aspire créer un jour Zuckerberg, histoire de ne pas connaitre pareils déboires une fois entièrement plongés dans la matrice… 

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