Et si le spatial n’était plus réservé aux fusées et aux grandes agences internationales ? Et si les idées et la créativité venues des îles pouvaient, elles aussi, lever les yeux vers les étoiles ? C’est tout l’enjeu de MJFxSpace4NC, l’événement qui fera vibrer le REX de Nouméa les 4 et 5 juillet prochains. Organisé par l’ADAMIC et NeoTech, avec le soutien du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, cette seconde édition du Motion Juice Festival, dédié au design numérique fusionne avec Space4NC le premier hackathon calédonien autour du spatial. 

Pour lever le voile sur ce tout premier hackathon spatial calédonien, la rédac’ de NeoTech est allée à la rencontre de Kévin Decludt, chargé de projet innovation et spatial au sein du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, et coordinateur du Space4NC. Au menu de cette aventure pour les participants ? 24 heures intenses pour imaginer des solutions concrètes à partir de technologies et données spatiales, épaulés par des experts du CNES et de nombreux partenaires locaux. Retour avec Kevin pour explorer les coulisses d’un défi ambitieux… et qui sait, vous donner envie à vous aussi de décrocher les étoiles.

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Bonjour Kevin et bienvenue sur NeoTech, pour commencer pourrais-tu te présenter rapidement à nos lecteurs ?

Bonjour NeoTech, merci beaucoup pour l’invitation ! Je m’appelle Kevin Decludt, j’ai 32 ans. J’ai effectué la majeure partie de mes études ici en Calédonie, puis je suis parti trois ans à l’extérieur. J’ai intégré une école d’ingénieur à Bidart, et j’ai terminé ma troisième année à l’Université de Cranfield, en Angleterre, où j’ai obtenu un double diplôme, un Master of Science.

De retour en Nouvelle-Calédonie, j’ai travaillé plus de deux ans pour Koniambo Nickel, avant de rejoindre des sociétés de services. Puis, j’ai intégré le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, où je travaille aujourd’hui au Service d’Aménagement et de la Planification en tant que chargé de projet spatial et innovation.

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Peux-tu nous expliquer ce qu’est Space4NC et comment est née cette idée de hackathon autour du spatial et son lien avec le Motion Juice festival ?

Space4NC est né dans la foulée de la signature d’une convention entre le CNES (Centre National d’Études Spatiales) et le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, en février 2024. Cette convention vise à promouvoir le programme Connect by CNES sur le territoire. C’est dans ce cadre que je suis devenu le référent local du programme.

L’un des dispositifs phares du CNES est le hackathon Act In Space, organisé tous les deux ans en partenariat avec l’ESA (Agence Spatiale Européenne). Il s’agit d’un hackathon mondial de 24 heures où les participants doivent imaginer des solutions concrètes et économiquement viables à partir des technologies et données issues du spatial.

Au départ, nous avions prévu d’organiser Act In Space qui devait avoir lieu en février 2025 dans le cadre d’une seconde édition du Motion Juice Festival, mais faute d’organisation cette année, le CNES a reporté l’événement à 2026. Plutôt que d’annuler, nous avons décidé avec l’équipe du Motion Juice Festival de maintenir une édition locale et de créer Space4NC, un hackathon calédonien inspiré du modèle d’Act In Space, mais adapté aux enjeux et besoins locaux.

Space4NC
A vos agendas !

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Pourquoi associer la thématique du spatial à un hackathon en Nouvelle-Calédonie ? Qu’est-ce que cela apporte concrètement au territoire ?

C’est vrai que, spontanément, le spatial semble lointain, voire inaccessible pour la Calédonie. On pense tout de suite à des fusées, des satellites, des astronautes… Mais ça, c’est la vitrine.

Derrière tout cela, il y a des brevets, des technologies, de la donnée, collectés chaque jour, qui peuvent être réutilisés. C’est là que se situe tout l’intérêt. Il existe aujourd’hui un courant appelé le New Space, né aux États-Unis et qui se développe en France. Son principe est de démocratiser l’accès au spatial et permettre à des acteurs privés, même modestes, d’utiliser les technologies spatiales pour créer des services ou des produits.

En Calédonie, cela peut avoir des retombées concrètes sur des secteurs comme le maritime, l’agriculture, l’environnement, l’énergie… L’objectif est de faire comprendre aux Calédoniens que ces outils sont accessibles, et qu’ils peuvent s’en saisir pour répondre à des besoins réels du quotidien.

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À qui s’adresse le Space4NC ? Faut-il être expert en spatial ou développeur pour participer ?

Absolument pas ! Comme tout hackathon, Space4NC est ouvert à toutes et tous à partir de 18 ans. Pas besoin d’être expert en spatial, ni ingénieur ou développeur. Il faut surtout être curieux, motivé, aimer travailler en équipe et avoir envie de se frotter à un défi.

Ce qu’on cherche, ce sont des personnes prêtes à imaginer une solution économiquement viable à partir d’un problème identifié, en s’appuyant sur des technologies spatiales. Il y a aussi une dimension entrepreneuriale. On veut que les participants se disent « pourquoi pas moi ? », et peut-être aient envie de créer leur propre startup après cette expérience.

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Qu’est-ce qui attend concrètement les participants pendant ces 24 heures ? Quels types de projets ou d’idées innovantes espérez-vous voir émerger ?

Concrètement, les participants vont plancher pendant 24 heures non-stop sur des défis qu’on a définis en amont, en lien avec les besoins réels du territoire. Ces défis ont été validés par le CNES, par des acteurs locaux et des professionnels calédoniens, donc ils sont ancrés dans la réalité du terrain, pas sortis d’un chapeau.

Mais ils ne seront pas seuls ! On met à leur disposition des experts locaux ainsi qu’un accès direct à une dizaine d’experts du CNES, disponibles en visio tout au long de l’événement. L’objectif est qu’ils soient accompagnés au mieux pour faire émerger une solution concrète.

À la fin des 24 heures, chaque équipe présentera son projet sur scène devant un jury. Mais pour moi, le vrai enjeu, ce n’est pas le classement, c’est l’expérience vécue, les idées qui germent, et peut-être la naissance de futures startups. C’est aussi ça qui est important derrière.

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Le hackathon mobilise aussi des partenaires comme le CNES, des experts, des coachs… Peux-tu nous dire un mot sur ces collaborations ?

Tout part de la convention signée avec le CNES, mise en œuvre par Vaimu’a Muliava, membre du 17e gouvernement. Cette convention, désormais bien ancrée et éprouvée par l’expérience, continue de porter ses fruits. Elle fait aujourd’hui l’objet d’un travail de renforcement mené par  Petelo Sao,, membre du 18e gouvernement en charge de l’innovation technologique, pour inscrire durablement la collaboration entre le CNES et la Nouvelle-Calédonie. Grâce à cette convention, on bénéficie gratuitement du réseau d’experts, des ressources techniques et scientifiques du CNES.

En parallèle, les experts locaux ont répondu présents. Ils ont compris la démarche, l’importance de l’événement, se sont engagés avec enthousiasme et sont prêts à recevoir les participants pour les aider, pour les faire avancer, faire émerger de belles choses. 

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Enfin, qu’est-ce que tu aimerais que les participants retiennent de cette expérience ? Et pourquoi, selon toi, il ne faut pas rater Space4NC ? 

J’aimerais qu’ils repartent en se disant que le spatial est accessible et qu’il ne faut pas s’arrêter à l’image de l’astronaute. Il y a des technologies concrètes, des données exploitables tous les jours, ici et maintenant.

Mais surtout, j’espère qu’ils vont prendre du plaisir, s’amuser et échanger avec tous les experts qui se sont mobilisés afin de voir la multiplicité des champs des possibles, Et qui sait ? Peut-être que des startups verront le jour à la suite de cette expérience. Toute l’équipe organisatrice est à fond, prête à faire de cet événement une vraie fête !

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Informations et inscriptions

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