Cette semaine cap sur le numérique et plus spécifiquement les serious game avec Joram Rivaton gérant de l’agence Hélium NC. D’un parcours en économie à des découvertes en Bulgarie en passant par des expériences dans la programmation et le développement web, ce passionné de la première heure nous raconte au travers de son expérience les ambitions et les perspectives de cette entreprise calédonienne. Accrochez vos ceintures, décollage imminent !
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Bonjour Joram et bienvenu sur NeoTech. Pour débuter notre échange pourrais-tu te présenter en revenant sur les dates clés de ton parcours professionnel ?
Bonjour Neotech, je me présente, Joram Rivaton. Pour résumer rapidement mon parcours d’études, je suis titulaire d’un master en économie spécialisé en entrepreneuriat et passionné de programmation et de développement. Pendant mon cursus, j’ai allié l’utile à l’agréable en réalisant mes stages dans des entreprises spécialisées dans le web. À côté, j’ai aussi travaillé sur des projets numériques, seul ou avec d’autres personnes pour le loisir, mais aussi pour des agences pendant les vacances en parallèle de mes études. C’était vraiment une grande passion pour moi.
Lorsque j’ai terminé mon master, je suis revenu m’installer en Nouvelle-Calédonie où j’ai travaillé un an et demi dans une agence. Puis je me suis mis à mon compte pendant cinq ans. Je suis ensuite parti une année en Bulgarie dans une agence qui réalisait des serious game pour le web où j’avais un contrat de volontariat international en entreprise (VIE). Pendant cette année, je me suis beaucoup formé grâce à mon mentor, expert dans ce domaine.
Après cette expérience, retour en Calédonie où j’ai repris ma patente avec laquelle j’ai été sous-traitant d’Hélium pendant un an. En 2019, lorsque l’un des co-gérants est parti, les membres de la direction m’ont proposé de prendre sa place.
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Hélium NC a vu le jour en 2018. Peux-tu nous raconter son histoire et les motivations qui ont conduit à sa création ?

Hélium est né du constat des fondateurs de l’agence de communication Cactus, qu’il était obligatoire d’intégrer une partie web pour pouvoir proposer une stratégie de communication à 360° à leurs clients. Cependant, trouver, garder et fidéliser des personnes ressources dans ce domaine est assez complexe sur le territoire, d’autant plus que c’est une spécialité où les compétences évoluent très vite. C’était donc difficile pour l’agence Cactus de gérer cette partie-là. Ils ont donc pris le parti d’investir dans l’humain et de proposer à Pierre Thenot, l’un de leur salarié qui avait des compétences et un bagage intéressant, de monter une nouvelle structure. Et c’est ce qu’il s’est passé. Hélium a été créé en 2018 avec les deux associés de Cactus et Pierre comme co-gérants.
Cette solution a permis de faciliter la partie management car la personne est complètement autonome. Elle peut, par exemple, fixer elle-même son salaire parce qu’elle connaît les retombées de son travail. Pierre a travaillé sept ans comme gérant d’Hélium. Il est parti en mai dernier s’installer en Australie à la suite des événements.
De manière générale, Hélium a très vite fonctionné grâce à la visibilité commerciale de Cactus qui existe depuis près de vingt ans et qui a communiqué autour de cette nouvelle offre auprès de ses clients. Nous fonctionnons en sous-traitance entre nos deux structures et nous travaillons également avec d’autres agences du territoire. Aujourd’hui, nous sommes co-gérants avec Jean-Didier Koch et nous avons deux salariés.

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Vos offres incluent notamment des visites virtuelles et des serious games. Comment ces solutions se sont-elles intégrées à votre activité et qu’est-ce qui a motivé leur développement ?
Pour toute la partie « visites virtuelles », c’est Pierre qui en était à l’initiative, car il est passionné de photo et de vidéo. Il avait toutes les compétences pour la réalisation des prises de vues et le développement de la partie virtuelle. C’est donc tout naturellement que cette solution s’est intégrée à notre offre de services. Et c’est exactement la même chose pour la partie serious game.
Jouer ou concevoir des jeux m’a toujours passionné. J’ai réalisé mes premiers jeux numériques lorsque j’étais au lycée. Cette partie création d’univers, de fonctionnalités, de systèmes m’intéresse énormément. Après avoir découvert le serious game numérique en Bulgarie, je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’intéressant avec le côté pédagogique qui pouvait être commercialisé, viable et apporter une vraie plus-value à l’utilisateur. Dans cette dynamique, nous avons créé la marque commerciale WATOM pour nos serious game.

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Vous avez déjà développé trois serious games. Comment percevez-vous l’évolution de ce marché en Nouvelle-Calédonie, et quelle est votre stratégie de développement ?
Nous avons un serious game autour de la cybersécurité sous forme de mini-jeu qui nous permet de montrer ce qu’il est possible de réaliser. Nous avons aussi développé un serious game de plus d’une heure de jeu pour le FIAF, mais avant cela j’ai fait presque trois ans de prospection. Nous avons eu ensuite deux autres projets qui sont arrivés. Cependant, nous avançons encore à tâtons en Nouvelle-Calédonie car l’utilisation du serious game n’est pas encore réellement développée. Notre objectif est donc de rayonner davantage sur la zone Pacifique dans les prochaines années. Nous avons intégré la French Tech Nouvelle-Calédonie afin de pouvoir se développer au-delà du territoire du côté de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la Polynésie française.




Nous travaillons aussi sur la création d’une application permettant de générer des serious game et pouvant être réutilisée pour de futurs projets. Cela nous a permis de réduire nos coûts et de proposer des prix beaucoup plus attractifs comme ceux pratiqués en métropole. À terme, nous souhaiterions donner l’accès à cette plateforme à des utilisateurs grâce à un système d’abonnements pour qu’ils puissent développer leurs propres jeux, dans la sphère privée ou professionnelle.
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Quel regard portes-tu sur les enjeux et l’avenir des serious games ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup d’études sur le côté cognitif de l’apprentissage et sur les serious game. Il a été prouvé scientifiquement que l’utilisation du jeu pour l’apprentissage augmente la rétention d’informations. C’est grâce à ce constat que nous pouvons dire à ce jour, que ce moyen pédagogique est viable.
A l’avenir, il y a une vraie plus-value à utiliser les serious game, d’autant plus grâce au numérique qui permet une utilisation par des personnes aux quatre coins du monde en même temps. A partir du moment où il a été créé, il peut être utilisé un nombre de fois illimité. Il peut même être considéré comme un véritable outil dans a formation et considérablement réduire les coûts dans ce domaine. Le fait de pouvoir se connecter de n’importe où dans le monde avec un nombre illimité d’apprenants permet également d’amortir les coûts de son développement qui ne sont pas anodins.
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Selon toi, quel sera l’impact de l’évolution des outils numériques dans les années à venir ?
Comme nous l’évoquions précédemment, les gains de productivité ne sont pas à négliger depuis l’ère du numérique. Dans l’avenir, nous pouvons supposer que l’intelligence artificielle va continuer de se développer. Je pense que cela va vraiment amener beaucoup de changements dans notre perception de l’informatique et dans notre manière de travailler.
Lors de son développement, bon nombre de personnes, dont je faisais partie, étaient sceptiques quant à son utilisation. Pourtant, aujourd’hui, j’utilise des outils comme ChatGPT presque quotidiennement dans mon travail. Même si il faut toujours prendre avec mesure les données qu’il nous fournit. Pour autant, en termes d’outil de conception et de validation, le gain de temps qu’il nous offre n’est pas négligeable. Il y a de grandes chances pour que, dans le futur, notre productivité puisse encore être multipliée, notamment dans le secteur du web. Il y a beaucoup de métiers qui vont être transformés, il y en a d’autres qui vont se créer et il y en a même qui risquent de disparaître. Mais pas non plus à la vitesse où les gens le pensaient. Il va rester encore beaucoup de travail avant que les développeurs ne soient remplacés !
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Pour terminer, un dernier mot à adresser à nos lecteurs ?
La partie web dans une entreprise est aujourd’hui un outil central dans la communication et le fonctionnement des entreprises, même en Calédonie. Il est vrai que sur le territoire, le secteur du numérique doit encore se développer, mais nous avons la chance d’avoir énormément de structures qui peuvent aider notamment grâce aux subventions. Il y a beaucoup d’aides qui existent pour accompagner les sociétés dans leur développement numérique.
En ce qui concerne plus spécifiquement le serious game, il ne faut pas hésiter à se renseigner, car il regroupe un éventail très large de domaines. Il est possible d’intervenir aussi bien dans le secteur de la santé, que celui de l’éducation ou encore de l’environnement. Le serious game peut également être utilisé à but promotionnel ou pour des campagnes de sensibilisation. Il faut garder en tête, qu’il y a beaucoup de compétences sur le territoire, et pas seulement chez Hélium, qui sont en capacité de proposer un développement complet pour engager l’apprenant de la meilleure façon. Et ce vers quoi il faut tendre aujourd’hui.
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