Parler de sexualité, de maladies, d’addictions ou encore de nutrition est toujours complexe ; en effet, ces thématique de santé publique ô combien importantes pour le “bien vivre” des Calédoniens sont souvent sujettes à débats, parfois irrationnels, parfois émotionnels et souvent, finalement assez peu renseignés.

Au petit jeu de la communication digitale, l’Agence Sanitaire et Sociale mène sa barque en abordant ces thématiques à travers ses différents canaux de communication. Pour en savoir plus sur la gestion de la communication autour de ces sujets qui touchent chaque Calédonien, nous sommes allés à la rencontre de Anne-Laure Meunier, la chargée de communication qui déborde de travail et… d’idées pour faire passer les messages et éveiller les consciences.

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Bonjour Anne-Laure et bienvenue sur NeoTech ; pour débuter notre échange, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs et nous parler de ton rôle à l’Agence Sanitaire et Sociale de Nouvelle-Calédonie ? 

Bonjour à tous les lecteurs ; je m’appelle Anne-Laure Meunier et suis chargée de communication à l’Agence Sanitaire et Sociale de Nouvelle-Calédonie depuis quatre ans maintenant. 

L’ASSNC est un établissement public de la Nouvelle Calédonie. Pour resituer, sa mission principale, c’est de préserver et promouvoir la santé pour tous les Calédoniens. Pour ce faire, on a huit programmes thématiques de prévention : le diabète, les addictions, la santé sexuelle, la santé orale, le rhumatisme articulaire aigu, la tuberculose, les cancers féminins et le « mange mieux, bouge plus ».  

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Quelle est la raison d’être de L’ASS-NC et quels objectifs poursuite-elle année après année ? 

Notre mission principale, c’est de préserver la santé des Calédoniens et, donc, de faire beaucoup de prévention auprès du public via des campagnes de communication, via des opérations événementielles etc… Nous sommes, par exemple, présents sur les stands de certains événements dédiés à ces problématiques. 

Nous intervenons auprès de plusieurs cibles, notamment en milieu scolaire. Nous rendons visite aux élèves, du primaire jusqu’au lycée, pour échanger sur ces sujets. D’autre part, on intervient auprès des professionnels de la santé et, plus globalement, auprès des adultes. Notre présence et nos cibles sont donc multiples et la communication, notamment digitale, nous permet d’adresser l’ensemble des publics visés. 

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Vous avez mis en ligne un espace « Actualités » sur votre site internet : pourquoi est-ce important de produire du contenu régulièrement à destination des visiteurs de votre site ? 

C’est très important, en effet ! Cet espace en ligne, accessible via notre site internet, nous permet de tenir les visiteurs informés de l’activité de l’Agence Sanitaire et Sociale, de leur présenter les actions qui sont en cours et de diffuser un contenu personnalisé et régulièrement mis à jour, accessible à tout un chacun. 

Comme je vous le disais, nous avons huit programmes de prévention ce qui représente à peu près dix campagnes de prévention annuelle ; dans ce contexte, nous produisons de nombreux contenus informatifs et nous les communiquons largement sur l’ensemble des supports digitaux et print dont notre site Internet via cette rubrique « actualités ».
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Quels sont les indicateurs que vous utilisez sur le site internet afin de connaître vos visiteurs et de savoir si ces contenus touchent effectivement leurs cibles ?

Je crois qu’on peut toujours et encore s’améliorer ; les chiffres et autres statistiques du site internet fluctuent : c’est un gros chantier ! La dernière version de notre site date de 2019 mais nous avons modifié et optimisé notre page d’accueil en fin d’année dernière. Désormais, il faut revoir l’intégralité du contenu des pages internet du site. 

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RDV sur “santepourtous.nc” © ASSNC

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Parlons un peu de « social media »… Sur quels réseaux sociaux êtes-vous présent et à quoi vous servent-ils concrètement ? 

Alors, le premier canal qu’on a mis en place était évidemment Facebook. Aujourd’hui, nous sommes très contents des résultats ; on a plus de 13 000 fans, de nombreux commentaires et interactions et un fort taux d’engagement : c’est une page qui vit bien.

Plus récemment, nous avons choisi d’aller sur d’autres réseaux sociaux pour toucher des cibles différentes ; c’est comme ça que nous avons lancé, il y a environ un an, la page LinkedIN et des comptes Instagram et TikTok pour organiser une communication adressée à l’ensemble de nos cibles. 

Sur LinkedIN, nous nous adressons évidemment aux professionnels, notamment ceux du secteur de la santé alors qu’Instagram et TikTok nous permettent de nous connecter avec des publics plus jeunes, les 16 – 25 ans

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Très logique… Avez-vous posé une stratégie en amont de votre entrée sur ces différents canaux ? 

Oui, effectivement ; d’une part, nous essayons de varier les thématiques pour couvrir l’ensemble des sujets de nos différents programmes. Selon le réseaux social, certains messages sont privilégiés. Par exemple, sur les réseaux qui ciblent le public « jeunes », on parle de la santé sexuelle, des addictions ou encore de l’activité physique et de l’alimentation équilibrée. D’ailleurs, en ce moment, nous avons une campagne au sujet de la santé sexuelle qui fonctionne bien donc nous sommes contents des résultats. 

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Une campagne qui fait mouche ! © ASSNC

L’avantage des réseaux sociaux, ce qui fait leur particularité, c’est que les communicants bénéficient d’un retour « en direct » ; on peut lire les commentaires, analyser les réactions des internautes, suivre les débats engendrés par nos communications et, en effet, le sujet de la santé sexuelle fait beaucoup parler. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons ouvert des comptes TikTok et Insta : réussir à toucher nos jeunes générations calédoniennes qui sont très présentes sur ces canaux.

En complément, nous nous adressons aux parents via Facebook afin de les inciter à accompagner leurs enfants et les jeunes d’une manière générale. C’est également leur rôle d’échanger sur ces sujets qui sont parfois un peu tabous… Parfois, les parents réagissent défavorablement à nos messages – « Mais de quoi vous vous mélez ? » – mais c’est tout de même intéressant de leur laisser la parole tant qu’elle n’est pas agressive ou insultante. Et parfois, notre rôle est également de faire de la modération quand les propos vont trop loin… 

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En parlant des « jeunes », on a récemment découvert un petit communiqué de presse où l’ASS-NC parlait d’une collaboration avec des étudiants de la licence professionnelle « communication et numérique ». Qu’est-ce que vous attendez de cette collab’ ?

Nous avons effectivement lancé récemment un partenariat avec l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) ; je reçois régulièrement des stagiaires au sein de mon service : l’année dernière, j’ai collaboré avec deux étudiants de BUT MMI et leur profil était vraiment intéressant et correspondait à mes besoins. Ils étaient à la fois capables de réfléchir à des stratégies mais également de m’accompagner sur la partie « créations graphiques ». 

Par ailleurs, il est intéressant de passer par le filtre de la jeunesse pour savoir si nos communications vont les toucher. A ce petit jeu, leur aide concernant les publications sur TikTok s’est avérée précieuse. En effet, ils ont proposé des vidéos sur ce réseau social et elles ont cartonné ! Je pense notamment à une vidéo sur les gestes d’auto palpation dans le cadre de la prévention du cancer du sein, un sujet pas évident à appréhender mais je leur ai fait confiance. La vidéo a fait plus de 7 000 vues ! A quoi attribuer cette viralité ? Leur regard, leur maîtrise des codes, leur réseau, les bons hashtags, la bonne musique, bref, c’était court, dynamique, pas ennuyant et surtout… ça a fonctionné ! J’étais vraiment satisfaite de leur travail…

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Ça c’était donc en 2022. Et en 2023, tu as renouvelé l’expérience ? 

Oui, bien sûr car j’ai souhaité poursuivre ce type de collaboration. Cette année, ce sont les étudiants de la licence pro, un niveau encore supérieur si je peux le dire comme ça ! Leur professeur est venu me voir pour parler d’une coopération que j’ai accepté immédiatement : les jeunes qui parlent aux jeunes, ça fonctionne !  

Cette année, ce sont donc les étudiants du programme « Pépite NC » qui m’appuient sur ma stratégie à travers ce projet tutoré. Dans leur cursus, ils doivent réfléchir et proposer une stratégie de communication à destination des publics jeunes. 

Par ailleurs, toujours dans cette démarche d’ouverture sur les jeunes stagiaires, j’accueille en parallèle une alternante en infographie et webdesign de “L’école du design” qui nous apporte sa fraicheur et ses compétences. Il y a vraiment un créneau à saisir pour cette jeunesse dans le domaine de la communication. Ils ont beaucoup à nous apporter ! Leur rôle est essentiel. 

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Cool ! A ton avis, en quoi le numérique est-il un levier de communication pertinent lorsqu’il s’agit de parler de prévention, de santé et de toutes ces thématiques centrales dans nos vies ?

Premièrement, le numérique dispose d’une pertinence en termes de coûts : aujourd’hui, avec les restrictions budgétaires et autres problématiques financières, une campagne digitale coûte beaucoup moins cher qu’une campagne classique. La problématique actuelle des organisations, c’est qu’il faut communiquer mieux avec… moins ! 

D’autre part, le numérique permet de cibler des populations de manière plus simple ; je sponsorise les publications à fort impact et j’ai un retour quasiment instantané sur la qualité des contenus qu’on diffuse. Le numérique permet cet échange rapide avec les populations, ce qui n’était pas le cas lorsqu’on passait par les médias mainstream, qu’ils soient papier, télévisés ou radiophoniques. Les canaux de communication digitaux permettent d’échanger en direct avec nos cibles et c’est quelque chose d’essentiel pour moi. 

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Et ces échanges avec la population, parfois vindicatifs, d’autres fois positifs, comment les gères-tu ? 

Je vais prendre un exemple précis ; on a lancé une campagne autour de la vaccination des jeunes contre le papillomavirus qui doit permettre de prévenir certains cancers pour les filles comme pour les garçons … Cette campagne contenait évidemment le terme « vaccination » qui a généré beaucoup de réactions de détracteurs ! C’est un superbe challenge pour nous car notre rôle est de rester vigilants et, surtout de ne pas envenimer les conversations. 

Un contenu pertinent pour sensibiliser les publics © ASSNC

Ainsi, tout ce qui est haineux, colérique, agressif est, de facto, banni. On n’en veut pas sur nos canaux social media ! En revanche, on ne censure pas par principe, c’est-à-dire que je trouve important que les gens puissent s’exprimer, quels que soient leurs avis sur ces questions. Et puis, de manière tout à fait naturelle, les socionautes se répondent entre eux et, la plupart du temps, nous n’avons pas à arbitrer entre les avis. Globalement, il y a aussi de nombreux internautes qui soutiennent cette campagne donc ils répondent aux autres de manière construite et intelligible. 

D’une manière générale, nous avons effectivement des campagnes sur des sujets sensibles et nous devons rester vigilants ; je regarde régulièrement les notifications, je réalise une veille quasiment constante pour éviter que certains sujets soient mal appréhendés et deviennent viraux dans le mauvais sens du terme. 

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Toute une aventure… Aurais-tu un dernier mot ou une dernière actualité pour nos lecteurs ? 

Aller, je tente un petit coup de pub… Rendez-vous à tous sur nos réseaux sociaux et sur notre site internet pour découvrir nos campagnes et nos actualités. Si vous êtes parents, regardez un peu les contenus que nous produisons, notamment en ce qui concerne la vaccination anti-HPV pour savoir si vos enfants sont concernés. 

Côté « santé sexuelle », je m’adresse plus aux jeunes : n’hésitez pas à nous contacter, à prendre connaissance des infos mises à disposition et à poser des questions en ligne. L’idée de cette campagne est vraiment de dédramatiser le sujet, de lever les tabous autour de la sexualité et d’en parler tous ensemble.

Et, dernier sujet dont je n’ai pas trop parlé mais qui est également très important : la concertation territoriale. Nous lançons des ateliers participatifs en septembre et octobre pendant lesquels on invite la population à venir participer ; ça dure deux heures et ces ateliers sont animés avec pour objectif de communiquer sur les bonnes pratiques d’activité physique, les intégrer dans notre quotidien car, pour la plupart d’entre nous, ces petits « tips » pour bouger plus au quotidien seront utiles. 

Je profite de NeoTech pour lancer un appel aux institutionnels qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure TikTok : on cherche encore à s’améliorer sur cette plateforme et à apprendre donc je suis prête à discuter avec d’autres partenaires qui auraient les mêmes besoins ou partageraient leurs bonnes pratiques. Voilà, le message est passé ! 

Agence Sanitaire et sociale
Aller la bande, on se bouge ! ASSNC

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