C’est une visite solaire, venue tout droit de Polynésie française, qu’a rendu Heiura à la Station N. Ce jeudi 16 novembre, la lauréate de la French Tech Rise Pacifique est arrivée, fleur à l’oreille et sourire aux lèvres, dans le temple calédonien de la tech et de l’innovation.
Avant de prochainement décoller pour l’Hexagone, la fondatrice de la startup « Speak Tahiti-Paraparau Tahiti » a choisi le Caillou pour des vacances bien méritées… Rattrapée par la French Tech Nouvelle-Calédonie, elle est cependant venue échanger avec les entrepreneurs calédoniens et, surtout, présenter son projet. « E-reo » est une plateforme « e-learning » qui s’est donné pour mission de préserve les langues autochtones. Quand la culture rencontre le numérique sous l’oeil visionnaire d’une femme ultra-motivée !
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Iaorana « E-reo »
Tout sourire, Heiura, ancienne présidente de la French Tech Polynésie, a fait son entrée dans la Station N en compagnie de Vaimu’a Muliava. Affublée de jolis colliers de coquillages autour du cou, elle a salué les « startupers » calédoniens présents et, notamment, les récents lauréats du concours « Innovation Outre-mer« .
D’une voix assurée, la Tahitienne, lauréate pacifique 2023 du programme « French Tech Rise« , a ainsi présenté l’état d’avancement son projet à l’assemblée. Entrepreneuse et chef d’entreprise, elle milite avec vigueur pour la conservation des langues autochtones. Selon l’ONU, d’ici 2050, 90% des milliers de langues parlées à travers le globe sont vouées à disparaître. Do you speak English ?
« Ma vision est de savoir comment faire en sorte que ce chiffre-là ne soit pas irréversible, en passant notamment par le numérique et par une plateforme, qui propose de déployer des applications d’apprentissage des langues autochtones. »
Heiura, protectrice de langues à travers le globe
Après quatre ans à réfléchir et poser le projet vient la naissance de « E-reo« , sa plateforme numérique qui déploie des applications pour l’apprentissage et la diffusion des langues autochtones. Les rendre « désirables », c’est l’un des objectifs de l’entrepreneuse.
« Le but c’était de marketer les langues. Comment on peut rendre attractives des langues autochtones qui ont de moins en moins de locuteurs et de moins en moins d’intérêts ? »
Heiura, marketeuse de langues autochtones
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« E-reo », une solution pour protéger nos langues locales ?
Les prochaines étapes pour la plateforme : aller chercher de nouveaux territoires. « On a déjà des clients aux USA, en Afrique et on aimerait travailler avec la Nouvelle-Calédonie. Il y a une vingtaine de langues ici et on sait qu’on va y arriver ». Heiura a profité de sa visite sur le territoire pour rencontrer des linguistes avant de confier que, déjà l’année dernière, elle travaillait sur le Drehu.
Sociologue de formation, Heiura en a profité pour glisser un mot d’encouragement au programme « French Tech Tremplin« , un programme qui a pour ambition de débusquer, puis accompagner des potentiels entrepreneurs hors circuit, hors école de commerce et éloignés des zones urbanisées.
« On peut faire partie d’une classe moyenne et monter les échelons d’entreprenariat. »
Heiura, « encourageuse » d’entrepreneurs
Heiura veut désormais démontrer la capacité des personnes originaires du Pacifique à développer de l’innovation sur la scène internationale. Et l’entrepreneuse est en bonne voie puisqu’elle fait partie des 20 lauréats territoriaux qui participeront à la grande finale « RISE », le 6 décembre prochain, à Paris. Elle y rencontrera notamment des représentants d’importants fonds d’investissements lors d’un événement organisé à la Délégation de la Polynésie Française. « Je ne fais pas 22h d’avion pour ne pas remporter un prix ! ». A toi de jouer, Heiura : tout le Pacifique est avec toi !
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