Chers lecteurs, l’océan est notre maman ! Le problème, c’est qu’elle souffre actuellement d’un cancer généralisé causé par ses propres enfants capricieux qui la souillent encore et encore… Pourtant, tous les “enfants” ne sont pas à noyer immédiatement, car nombre d’entre eux innovent et agissent pour préserver sa santé. Aux détours de cette série d’articles sur la thématique “OceanTech“, la rédaction vous propose de découvrir les projets de ceux qui ont choisi de guérir plutôt que de détruire…
Après vous avoir présenté la jeune pousse “Ayro” qui fabrique des ailes pour gros cargo, place à un nouvel épisode dédié aux « riders » fans d’innovations, pour qui la glisse est plus qu’une histoire de passion mais aussi d’engagement. Jérémy Lucas fait partie de ceux-là : entrepreneur dans l’âme et surfeur engagé, il a créé Paradoxal Surfboards, un concept de planches de surf 3D conçues avec des algues vertes d’échouage. Une nouvelle façon d’associer passion et protection de l’environnement.
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Le « paradoxal » du surfeur
Le concept du « paradoxe du surfeur » ne doit pas être inconnu à qui aime ce sport de glisse. Si les surfeurs sont souvent perçus comme des amoureux de la nature et, particulièrement de l’océan, leurs planches, elles, restent encore trop souvent issues d’une industrie polluante. Il existerait donc une contradiction entre convictions environnementales et utilisation de matériaux toxiques pour les écosystèmes marins. Ainsi, de nombreuses innovations voient le jour pour rendre les « boards » écoresponsables.
Si ce paradoxe a été introduit par Romain Paul et sa startup YUYO, Jérémy Lucas s’en est largement inspiré pour créer ses propres planches de surf 3D écoresponsables. L’innovation supplémentaire ? L’impression 3D se fait à partir des algues vertes d’échouage trouvées sur les plages bretonnes, d’où il est originaire. Une innovation donc 100% locale où le déchet est « upcyclé », c’est-à-dire revalorisé. Comment faire du positif avec du « négatif » !
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Paradoxal Surfboards : une innovation 100% bretonne
Les algues vertes sont une « plaie » pour la plupart des côtes, particulièrement en Bretagne. En effet, depuis plusieurs années maintenant, elles se développent en masse sur les plages. Problème ? Elles sont à l’origine de l’asphyxie de nombreux écosystèmes marins et dégagent un gaz toxique pour l’Homme lorsqu’elles se décomposent. Jérémy en a fait les frais à la suite d’une session de surf. Parti pour une session sur la plage du Ris à Douarnenez, envahie par ces algues, il est tombé malade après avoir bu plusieurs fois la tasse.
L’idée d’agir à son échelle pour pallier ce phénomène apparaît alors dans son esprit. Utilisant une imprimante 3D dans son activité professionnelle, Jérémy menait déjà une réflexion sur l’utilisation de matériaux thermoformables écoresponsables locaux. Suite à son expérience malheureuse, l’idée d’utiliser ces algues pour produire des planches de surf 3D est devenu une évidence : « Paradoxal Surfboards » était née. Vous l’aurez compris, le nom est un petit clin d’œil au « paradoxe du surfeur »…
Ainsi, ces planches se distinguent par le matériau utilisé et sa disponibilité locale. « Paradoxal Surfboards » n’agit ni sur le volet préventif, ni sur le volet curatif mais bien sur une proposition d’une nouvelle valorisation du « déchet ». Cinquante millions de kilogrammes sont récoltés chaque année, rien qu’en Bretagne ! Ainsi, elles deviennent une excellente – et abondante – alternative aux produits pétrocomposés que constitue l’essentiel d’une planche dans la quasi-totalité des cas. Cerise sur le gâteau ? Ces designs sont inspirés du biomimétisme de la fameuse algue verte, ils sont zéro déchet.
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Paradoxal Surfboards : du local à l’international !
Créé en 2019, c’est véritablement en mars 2023 que Paradoxal Surfboards reprend de l’activité. En nouant avec des partenaires 100% locaux, Jérémy relance son projet et participe à l’Ocean Pitch Challenge 2023… dont il remporte le premier prix ! Parmi 136 candidats et 41 pays, Jérémy a su séduire le jury avec sa planche à la structure alvéolaire.
Pour le moment, la planche n’est qu’au stade du prototype. Pourtant, un premier test est en cours à base d’algues sargasses. De quoi lancer cette innovation bretonne sur tous les salons de l’Hexagone, avant de la propulser à l’international et, bientôt, vers la Nouvelle-Calédonie ?
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