En 2020, près de 20 millions de personnes dans le monde sont décédées d’un cancer. Les experts estiment que le nombre de cas devraient malheureusement continuer de croître compte tenu de nos rythmes de vie. Cependant, à l’ère où les innovations technologiques paraissent à chaque coin de rue, les nanotechnologies, elles, offrent des perspectives prometteuses qui amélioreraient considérablement l’efficacité des diagnostiques et des traitements. Focus sur une révolution qui pourrait, probablement, faire disparaître les maladies cancéreuses.
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Un potentiel infiniment « grand »
C’est petit comment un nanomètre ? Un nanomètre, du préfixe nano qui signifie nain en grec, équivaut à un milliardième de mètre. Pour être plus précis, un nanomètre mesure 0,000 000 001 mètre. C’est la taille à laquelle on peut observer des choses à l’échelle moléculaire ou atomique. À titre d’exemple, l’épaisseur d’un cheveu humain est d’environ 80 000 à 100 000 nanomètres. Autrement dit, c’est très petit.
Les nanotechnologies englobent toutes les méthodes et outils visant à explorer et à agir au niveau nanoscopique. Bien que relativement récentes, ces avancées dans le monde de l’infiniment petit ont trouvé de multiples applications dans notre quotidien. En effet, cette innovation touche aujourd’hui des secteurs aussi variés que l’électronique pour mettre un terme à l’utilisation des dérivés du pétrole, le textile avec des vêtements rafraîchissants et même la santé.
La santé et la médecine n’échappent donc pas à cette dynamique. Acheminer des médicaments au cœur des cellules malades, diagnostiquer des pathologies ou démultiplier l’efficacité des radiothérapies sans léser les tissus sains… En empruntant la voie de l’infiniment petit, la médecine se dote de possibilités radicalement nouvelles. Et dans le domaine du médical, le cancer est un fléau générationnel que la nanotechnologie pourrait bien aider à éradiquer.
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Les nanotechnologies : des missiles à tête chercheuse
Actuellement, trois types majeurs de nano-véhicules sont utilisés : les liposomes, les nanocapsules et les nanosphères. Ces « magic bullet », concept théorisé par le scientifique allemand Paul Ehrlich, ont la capacité de viser spécifiquement les cellules cancéreuses, délivrer des médicaments directement à leur destination souhaitée, voire réparer des tissus endommagés à l’échelle moléculaire.
En France, plusieurs entreprises se sont lancées dans cette voie novatrice. Par exemple, BioAlliance Pharma a développé le « Livatag » qui agit tel un appât pour les cancers agressifs résistant aux traitements. Comme des chevaux de Troie, des nanoparticules biodégradables pénètrent les cellules malades pour administrer les médicaments. D’autres transporteurs minuscules de médicaments, les « Lipidots », sont équipés d’un GPS ! Leur avantage réside dans leur petite taille, leur permettant de circuler sans dommage dans les vaisseaux sanguins pour atteindre les tissus malades.
« 60 % des patients atteints sont traités par des rayons X de haute énergie, mais nombreux sont ceux qui ne peuvent pas recevoir les doses requises pour détruire l’intégralité de leur tumeur car les dégâts sur les tissus environnants seraient beaucoup trop importants »
Laurent Levy, président de Nanobiotix, société de nanobiologie française et PME innovante.
Ainsi, sans modifier les procédures de traitement telles que la chimiothérapie ou la radiothérapie, les nanotechnologies comme les NanoXray sont injectées pour pénétrer les cellules cancéreuses et concentrer les rayons sur ces dernières, agissant comme un paratonnerre attirant la foudre. Cette méthode rend le traitement nettement plus efficace, ciblant uniquement les zones nécessaires sans affecter l’ensemble de l’organisme.
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Prévenir c’est guérir
Une autre application des nanotechnologies dans la lutte contre le cancer consiste à détecter les tumeurs à un stade plus précoce. C’est précisément ce que propose la startup Superbranche spécialisée dans la détection et le traitement des cancers à l’aide de de nanoparticules. Ces particules sont conçues pour se fixer aux cellules cancéreuses rendant ainsi les tumeurs détectables plus tôt dans le développement de la maladie, notamment lors d’examens par scanner. Voyez plutôt.
La nanotechnologie offre donc un potentiel révolutionnaire dans la lutte contre le cancer. Malgré les avancées prometteuses, la nanotechnologie dans le traitement du cancer n’est pas exempte de défis. Des questions éthiques et de sécurité entourent l’utilisation de nanomatériaux dans le corps humain. De plus, les coûts de développement et de production des nanotechnologies médicales peuvent représenter un obstacle majeur à leur adoption généralisée. Il est donc essentiel de surmonter les défis actuels pour faire de la nanotechnologie une réalité accessible à tous.
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