Le « monde du silence » n’est pas si silencieux qu’il n’y paraît ! Les habitants des océans, notamment les baleines, utilisent une gamme variée de sons essentiels à leur survie et à leur cohésion. Pour mieux appréhender ce monde sous-marin, les scientifiques ont entrepris depuis quelques années la collecte de ces sons. Ils utilisent des hydrophones, des micros sous-marins conçus pour filtrer les bruits indésirables et capturer les sons les plus délicats. Leur alliée dans l’analyse de cette cacophonie aquatique ? L’intelligence artificielle.
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L’iA au coeur d’un projet hors-norme
Depuis ses débuts en 2022, le projet CETI réunit des chercheurs spécialisés en biologie marine et des experts en intelligence artificielle et en deep learning. Leur objectif principal ? Déchiffrer le langage des cétacés en s’appuyant sur l’iA. Toutefois, chaque son doit être identifié par un humain, ce qui requiert beaucoup de temps. Malgré cela, la communauté scientifique est galvanisée par les avantages de cette technologie et parlent d’une renaissance de la recherche sur les mammifères marins.
« Mettre toutes ces données ensemble pour voir les similitudes, c’est l’expertise de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage profond. Ils prennent des données qui ne semblent pas avoir de liens et voient les schémas, et ça, c’est très excitant. »
Shane Gero, biologiste, Université Carleton
Cet apport de l’intelligence artificielle transforme considérablement le travail des biologistes en automatisant et en analysant minutieusement toutes les data collectées. Cependant, pour parvenir à cette analyse, l’iA doit être entraînée à reconnaître les sons émis par chaque espèce.
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« Whup whup »
Michelle Fournet, professeure de biologie marine à l’Université du New Hampshire, explore depuis des années les divers sons émis par les cétacés. Elle a observé que les baleines possèdent un vocabulaire étendu et varié. Indépendamment de leur âge ou de leur sexe, elles émettent toutes un son semblable à “whup“. Elle pense que ce son pourrait servir de moyen de communication entre ces mammifères. Alors, grâce à l’iA, la scientifique a créé sa propre version synthétique du “whup”. Elle a voulu interagir avec les baleines en se présentant comme un membre différent de leur groupe.
Lors d’une récente expérience de contact menée dans le sud-est de l’Alaska, un haut-parleur sous-marin a diffusé différents sons. En réaction à un appel ressemblant à un “whup”, une baleine femelle adulte nommée Twain aurait engagé une “interaction acoustique et comportementale intentionnelle” autour du bateau de l’équipe scientifique. Cette interaction aurait duré environ 20 minutes, au cours desquelles la baleine aurait répondu à chaque signal émis par le haut-parleur sous-marin, s’adaptant intelligemment les intervalles entre les signaux.
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L’iA, pierre de rosette pour comprendre les aliens ?
C’est le tout premier échange de communication de ce genre entre les humains et les baleines à bosse dans le “langage” des cétacés. Cette interaction rappelle des scènes de science-fiction telles que celles présentes dans des films comme « Premier Contact » de Denis Villeneuve. Pour les chercheurs, cette démonstration de communication avec les baleines ouvre des perspectives importantes pour la recherche d’une intelligence extraterrestre (SETI).
« Les baleines à bosse sont extrêmement intelligentes, elles communiquent beaucoup avec des chants et des appels sociaux. Travailler avec les baleines offre donc une opportunité unique d’étudier la communication intelligente chez les espèces non humaines. »
Fred Sharpe, co-auteur de l’étude menée par la WhaleSETI Team
L’idée principale de la recherche SETI (« Recherche d’Intelligences Extraterrestres » en bon français) repose sur l’hypothèse que si des aliens veulent entrer en contact, ils pourraient viser des récepteurs humains. Ainsi, les chercheurs avancent que si des espèces intelligentes telles que les baleines peuvent comprendre et réagir à des signaux émis par des humains, des êtres extraterrestres intelligents pourraient également chercher à communiquer avec les humains en utilisant des moyens que nous sommes capables de comprendre. La frontière entre science-fiction et réalité semble s’amincir.
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