On décode la tech’ – épisode #6
« Blockchain », « IA », « deep learning », « ransomware »… Le monde de la tech a son propre jargon et ses concepts qui, soyons honnêtes, laissent parfois un peu perplexe. Même si ces technologies font désormais partie de notre quotidien, leur fonctionnement reste souvent un mystère pour beaucoup (y compris vous, ne mentez pas). Dans cette série, nous retroussons nos manches en vulgarisant certaines de ces notions pour en comprendre l’essentiel. Alors, que vous soyez un geek en devenir ou un néophyte un peu perdu, embarquez avec nous dans les fascinants méandres de la tech’ !
Vendu comme une seconde réalité dans un univers parallèle, le métavers a nourri les scénarios de science-fiction, agité la Silicon Valley et fait briller les yeux des investisseurs. Tour à tour annoncé comme l’avenir d’internet ou le glas de notre monde bien réel, il ne laisse décidément personne indifférent. Alors, enfilons nos lunettes de réalité virtuelle et partons explorer les rouages de cet univers qui déchaîne autant les espoirs que les controverses.
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Regarde au-delà de ce que tu vois
Contraction de « meta », signifiant « au-delà », et d’« univers », le « métavers » désigne un réseau d’environnements virtuels où les utilisateurs évoluent et interagissent par le biais d’avatars. Imaginé d’abord par des auteurs et réalisateurs visionnaires, comme Neal Stephenson dans Le Samouraï virtuel ou les Wachowski avec Matrix, le concept a quitté les pages et les écrans pour prendre corps avec l’avènement d’internet. Et si pour certains il correspond à une vision futuriste d’internet ou à un monde immersif prennant le pas sur la réalité, il peut être aussi considéré comme l’ensemble des mondes virtuels connectés à internet comme les réseaux sociaux, les jeux vidéo en ligne ou les expériences interactives immersives.
C’est depuis le début des années 2020 que ce concept de « mondes virtuels » a quitté la science-fiction pour voir le jour dans des jeux comme Second Life sorti en 2003. Et même si ce dernier a eu son petit succès, c’est bien le mythique World of Warcraft qui a embarqué les foules. Un univers où des millions de joueurs ne se contentent pas de cliquer derrière un écran, ils rejoignent des « guilds », tissent des alliances et vivent des épopées collectives dans un monde virtuel en constante mutation, bien loin de la simple partie en solo.


À l’aube des années 2020, le métavers refait parler de lui avec des projets comme Decentraland, une plateforme 3D décentralisée où chaque parcelle virtuelle, sous forme de NFT, s’achète en cryptomonnaie. En 2021, Mark Zuckerberg rebaptise Facebook en Meta et affiche clairement ses ambitions avec son métavers « Horizon Worlds ». Depuis l’essor des casques VR et des technologies immersives, le concept de « monde virtuel » est poussé un cran plus loin, promettant une immersion totale. Mais en réalité, chaque métavers reste aujourd’hui un écosystème fermé, hermétique aux autres. Impossible de faire voyager son avatar ou ses biens numériques d’un univers à l’autre. L’interopérabilité reste, pour le moment, un rêve…


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Back to reality
En 2025, le métavers est encore loin du grand univers virtuel promis par ses prophètes. Pour le grand public, il se résume surtout à du gaming. Certes, d’autres usages pointent le bout de leur nez comme des formations immersives pour apprendre en situation quasi réelle, des espaces de travail collaboratif ou encore des bureaux virtuels pour le télétravail… Mais la vision d’un « internet du futur » reste, elle, encore hors de portée.
Sur le plan technique, les casques restent encombrants, coûteux et parfois peu agréables à porter. Côté économique, l’équation n’est pas non plus évidente, les investissements se comptent en milliards pour des retombées financières encore incertaines. Mais c’est peut-être sur le terrain éthique que le métavers suscite le plus de débats. Car au-delà des promesses d’innovation et des bénéfices potentiels pour nos modes de vie, il soulève de nombreuses questions. De la collecte des données au risque d’isolement ou d’addiction en passant par la difficulté de modération de ces environnements et l’encadrement des dérives associées, il reste aujourd’hui beaucoup de zones grises où les réponses, pour l’instant, se font attendre.
Pour autant, les géants de la tech n’ont pas lâché le morceau. Meta continue d’injecter des milliards dans son rêve numérique, tandis qu’Apple mise sur son casque Vision Pro pour séduire le marché. Mais la fièvre des débuts des années 2020 est retombée. Les investissements se font plus prudents et tout le monde attend encore la fameuse « killer app » qui fera basculer le monde virtuel du terrain de jeu des gamers à un espace incontournable du quotidien.
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Partenaire particulier
Alors, le métavers atteindra-t-il un jour la grandeur des univers de science-fiction ? Pour l’instant, il reste surtout un terrain d’expérimentation. Entre promesses futuristes, innovations techniques et enjeux éthiques, ce vaste territoire reste encore à apprivoiser. Peut-être qu’un jour nos avatars nous accompagneront dans des mondes virtuels interconnectés, mais ce n’est pas pour aujourd’hui. En attendant, nos meilleurs alliés restent faits de chair et d’os avec qui nous pouvons construire ce mirage numérique pour qu’il enrichisse notre monde réel plutôt que s’y substituer.
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