« Les moustiques nous piquent, nous piquent ! Ça devient dramatique, matique, matique… On n’y peut rien…». La dernière phrase de cette petite comptine pour enfants à la gloire des insectes buveurs de sang paraît aujourd’hui de moins en moins vraie ! En effet, depuis quelques mois, la municipalité de Nouméa a annoncé que les épidémies de dengue étaient désormais de l’histoire ancienne… Et l’innovation n’y est pas étrangère !

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L’innovation biologique « Wolbachia »

Alors que certains se concentrent sur les requins, d’autres ont fait le pari, depuis 2018, de s’occuper du problème de l’animal le plus meurtrier de la planète : le moustique ! Vecteur de maladies mortelles et d’autres très désagréables, comme la dengue ou le paludisme, les moustiques ont été une véritable menace pour la santé des Calédoniens confrontés régulièrement à des épidémies de dengue fatales, notamment à Nouméa. 

Fort heureusement, le progrès scientifique a permis la création d’une innovation de laboratoire : transmettre aux moustiques de type « Aedes aegypti » une petite bactérie, la « Wolbachia », qui empêche la transmission à l’homme des arbovirus tels que la dengue, le zika ou encore le tristement célèbre chikungunya. C’est au moment de l’accouplement que les moustiques « optimisés » contaminent positivement les moustiques sauvages et les rendent ainsi inoffensifs. Grâce à un partenariat de longue date avec l’Université australienne de Monash, située à Melbourne, “aujourd’hui, 80 % des moustiques de Nouméa portent la bactérie Wolbachia. Les moustiques sont toujours là, ils nous piquent toujours mais le risque d’attraper la dengue est lui considérablement réduit.“, indique le Docteur Nadège Rossi, chef du “World mosquito program” en Nouvelle-Calédonie.

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Une startup calédonienne s’attaque à l’origine du mal

Entre juillet 2019 et juin dernier, 12 millions de moustiques Wolbachia ont été lâchés en 2.600 points de la ville“, s’est félicitée Nadège Rossi, qui a reçu l’appui de l’Institut Pasteur comme en témoigne un article de Capital. Des chiffres encourageants conjugués à une baisse drastique du nombre de cas de dengue : 1324 cas en 2019 vs environ une centaine en 2020 à Nouméa. “Pour protéger encore davantage les Calédoniens, nous étendons désormais la méthode aux communes de Dumbéa et du Mont-Dore (au niveau des quartiers les plus densément peuplés dans un premier temps) avec des premiers lâchers de moustiques prévus en janvier 2022 et nous espérons pouvoir étendre le programme sur d’autres communes du territoire par la suite“, précise Nadège Rossi.   

Certes, le programme a pu paraître coûteux puisque institutions et État ont investi près de 430 millions de CPF dans ce programme au long cours qui finit donc par porter ses fruits : “rapporté au nombre d’habitants à Nouméa, le coût lissé représente 1100 FCFP par habitant et par an“, ajoute Nadège Rossi.

Mais l’innovation ne s’arrête pas qu’à la recherche biologique puisqu’une startup calédonienne, AEDES System, a, elle aussi, développé un produit innovant pour contrer ces épidémies à la racine ; « En 2012, nous avons relevé le défi de concevoir un procédé permanent empêchant la nidification des moustiques, laissant le passage libre à l’eau et répondant aux critères de faisabilité industrielle. », confirme Cédric Faivre en présentant ce filtre écologique appelé Aglostic® et présent dans de plus en plus de gouttières locales et à travers le monde. 

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Ils me rendent dingue, dingue, dingue (mais plus dengue) 

Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé s’inquiète des progrès des maladies transmises par les moustiques à cause du réchauffement climatique, la dengue touche aujourd’hui plus de 390 millions de personnes par an et fait encore des dégâts énormes. 

Innovation
Dengue, dingue ces humains…

La Nouvelle-Calédonie, à travers ces deux innovations semble avoir, pour sa part, trouvé un bon moyen de protéger sa population. Bref, les moustiques calédoniens nous rendent toujours dingues mais près de 80 % d’entre eux ne sont plus capables de transmettre la dengue. Une histoire de fou ! 

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