Le ciel nuageux du mardi 30 mai n’a pas assombri les esprits des étudiants de troisième année de l’EGC, réunis ce jour à la Station N pour présenter le fruit de leurs recherches qui ont duré plus de trois mois. Les douze étudiants avaient été mandatés par le groupe Office Plus via la société SLK Mobility afin de préfigurer une vision de la mobilité en 2030, ainsi qu’un plan d’action pour la mettre en œuvre.
Le « Projet Mobilité 2030 » a été pensé dans le cadre de la troisième édition du programme IA@EGC. Un programme dont le point d’entrée est donc l’intelligence artificielle. En effet, l’EGC aspire à doter les étudiants de compétences clés en IA pour leur avenir professionnel tout en aidant les sponsors de l’EGC à explorer les opportunités offertes par cette technologie, en collaboration avec des équipes d’étudiants. Bref : d’une pierre, deux coups !
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Un programme qui combine IA et mobilité
Jean-Simon Chaudier, l’homme qui murmurait l’IA à l’oreille de la Calédonie et partenaire des premiers instants de ce programme pédagogique, a pris la parole pour faire le lien entre l’intelligence artificielle et la mobilité. Avec l’arrivée de Chat GTP, l’IA a connu une forte reconnaissance, parfois contestée, alors qu’il s’agit d’une technologie qui existe depuis longtemps. Cette soudaine notoriété a créé quelques contresens sur cette innovation qui s’avère être bien plus qu’un simple chatbot conversationnel. En effet, l’IA est l’un des moteurs des nouveaux modes de mobilité. Pour preuve, elle est déjà utilisée pour la recommandation de trajets optimisés, l’état des lieux automatiques des véhicules à partir de photos ou encore la conduite de véhicules autonomes.
Pourtant, comme le dit Jean-Simon, il ne s’agit ici que de la partie émergée de l’iceberg technologique. En effet, alors que l’IA est présente sur tous les sujets attenants aux nouvelles mobilités, elle n’en est cependant pas le seul moteur. Il y a tout de même un certain nombre de fondamentaux à mettre en place, que ce soit au niveau des infrastructures routières ou en termes de règlementation. Par exemple, comment faire pour inciter les gens à acheter ou louer des véhicules propres plutôt que de racheter un bon vieux 4×4 ? Sur quelles routes peuvent rouler les vélos ou les trottinettes ? Comment accompagner les collectivités locales dans ces transformations ? Des questions qui restent encore aujourd’hui en suspens et qui précèdent tout recours à l’intelligence artificielle …
Les travaux des étudiants ont ainsi visé en priorité à étudier les opportunités d’évolution de la mobilité en Nouvelle-Calédonie, en impliquant très largement l’ensemble des parties prenantes :
« Depuis Josette sur le parking du Géant jusqu’à Christopher GYGES, ministre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge notamment de l’écomobilité ».
Jean-Simon, inspiré par le sujet.
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Un projet de grande envergure
Nos douze élèves ont donc présenté leur projet sur la mobilité 2030 en Nouvelle-Calédonie. Pour commencer, ils ont effectué des recherches sur les différentes solutions de mobilité mises en place dans d’autres pays afin de voir si elles étaient adaptables à la Nouvelle-Calédonie. Singapour et la Finlande sont apparus comme les modèles à suivre. En effet, 14% des Singapouriens et uniquement 6,3% des Finlandais utilisent la voiture personnelle comme mode de transport ! Ces chiffres sont dus au fait que ces pays possèdent des systèmes de transports publics développés. De plus, ils favorisent l’utilisation de technologies innovantes comme les applications MaaS pour ouvrir l’accès aux différents modes de transport.
Aujourd’hui – et la comparaison n’est pas flatteuse -, 84% des Calédoniens utilisent une voiture personnelle pour se déplacer. Forts de ce constat alarmant, les étudiants de l’EGC ont voulu en savoir plus… Alors, ils ont effectué un sondage auprès de 104 Calédoniens afin de comprendre leurs habitudes de mobilité en 2023 et leurs attentes pour 2030. Grâce aux réponses récoltées, les élèves ont établi quatre profils types : l’étudiant, le cadre, le commercial et le retraité. D’après le questionnaire, quel que soit le profil, la voiture reste aujourd’hui le mode de transport privilégié. Pourtant, les interrogés sont conscients de l’impact environnemental et économique de cette utilisation. La majorité d’entre eux affirme même vouloir essayer de changer ses habitudes grâce aux transports en commun, aux véhicules électriques, au co-voiturage… Mais pour ce faire, il leur faudra des coups de pouce.
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Des solutions toutes trouvées
Après avoir discuté avec les acteurs majeurs de la mobilité en Nouvelle-Calédonie – dont Pierre Krafft, le dirigeant d’Office Plus -, voici les solutions proposées par les étudiants :
- La création d’un cluster mobilité qui viendrait accompagner le cluster synergie. Alors que ce dernier est composé d’acteurs privés, le cluster mobilité impliquerait le plus grand nombre, acteurs privés comme publics, pour faire évoluer les pratiques et les mentalités.
- La mise en place d’une réglementation qui définirait un mode de fonctionnement clair en appliquant des règles adaptées à chaque environnement et en agissant sur la politique publique. L’objectif serait d’inciter les entreprises et les particuliers à changer leurs pratiques grâce à des avantages, notamment fiscaux : bonus, baisse de la TGC, primes…
- Une acculturation à travers la sensibilisation et la promotion de la mobilité verte. Pour ce faire, des actions de formation, d’information et d’incitation doivent être mises en place.
- La transformation de la chaine de valeur, avec pour objectif de fédérer la communauté de l’innovation pour favoriser le développement de l’offre mobilité, la fiabilisation des réseaux de transports en commun et la densification de voies dédiées aux mobilités douces.
L’ensemble de ces solutions doit permettre d’atteindre un objectif de mobilité durable en 2030 ! David Leclerc, directeur des écoles de la CCI (EGC et CFA), a tenu à féliciter les étudiants pour leur travail de longue haleine qui a apporté un bel éclairage sur les opportunités de parvenir à un Caillou plus vert. Il ne reste plus qu’à se donner rendez-vous l’année prochaine pour un nouveau IA@EGC consacré à une nouvelle thématique !
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