Depuis le début de l’année, la Fédération des Entreprises des Outre-Mer a pris son bâton de pèlerin en organisant des séminaires sur la transition énergétique des entreprises. Celui de la Nouvelle-Calédonie a eu lieu jeudi 1er juin. L’objectif ? Mettre en lumière les problématiques des entreprises locales par rapport à l’objectif de décarbonation de l’économie du territoire. Ce séminaire, coorganisé avec la CCI-NC et le MEDEF-NC, a eu lieu dans l’auditorium de la CCI, plein à craquer pour l’occasion. Devant un parterre de chefs d’entreprise, de membres du gouvernement tel que Gérald Darmanin et Christopher Gygès ou encore de Calédoniens concernés, Hervé Mariton a introduit une matinée bien chargée :

« La décarbonation représente un enjeu crucial pour les territoires d’Outre-mer qui sont bien plus dépendants de l’importation d’énergies fossiles que dans l’Hexagone, alors même qu’ils sont en avance dans la part d’ENR dans le mix énergétique »

Hervé Mariton, président de la FEDOM.
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Une invitation sur le volet © FEDOM

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Objectif F(re)EDOM face au CO2

Les territoires ultramarins font face à de nombreux défis liés aux transitions contemporaines. Ils sont également confrontés à des problèmes tels que l’éloignement des sources d’approvisionnement, l’insularité, le changement climatique, la préservation de la biodiversité exceptionnelle et une économie fortement dépendante des énergies carbonées. La réduction de l’empreinte carbone est l’objectif central de ces transitions, tant au niveau national qu’international. Les douze propositions législatives « Fit for 55 », qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, en sont un exemple.

Dans ce contexte, la FEDOM a organisé des séminaires territoriaux sur les enjeux de la transition énergétique pour les entreprises, dans chaque bassin océanique. Ces séminaires ont permis aux entreprises, à l’État, aux opérateurs et aux collectivités territoriales de travailler ensemble à la décarbonation énergétique des territoires ultramarins. L’objectif était d’identifier les obstacles et de trouver des solutions opérationnelles. Les résultats de ces travaux seront présentés au Gouvernement lors de l’Assemblée générale de la FEDOM le 29 juin prochain et serviront de feuille de route pour placer les entreprises ultramarines au cœur de la transition énergétique.

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Un auditorium plein pour la venue de la FEDOM © NeoTech

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Un Caillou en cours de décarbonation

Lors de ce séminaire, nombre de sujets sont venus sur la table – ronde –, notamment un état des lieux de la Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, 80 % de l’électricité du pays est d’origine fossile. La production d’électricité décarbonée fait donc consensus et l’objectif est d’inverser la tendance dans le mix énergétique calédonien. Pour ce faire, le Gouvernement a établi des processus pour arriver à une diminution drastique de l’utilisation des ressources fossiles et donc la production de CO2 : le mandat de l’ADEME, l’accord-cadre avec la Province Sud, la SLNProny Resources et Enercal pour la décarbonation du secteur métallurgique ou encore le schéma de transition énergétique (STENC) adopté au Congrès depuis juin 2016.

Dans ces démarches, de nouvelles solutions technologies innovantes se sont installées depuis quelques années. À commencer par la mobilité électrique des véhicules légers, un sujet d’actualité pour les entreprises comme pour les particuliers qui ont désormais à leur disposition un réseau de bornes de charge dont le maillage s’étend de plus en plus, et bientôt un bonus à l’achat. D’autres actions en faveur de la transition énergétique ont déjà été mises en place : réduction des consommations, énergie issue de la biomasse, revalorisation des déchets…

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De plus en plus de borne de charge disponibles sur Hivy.nc © Hivy
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Une centrale STEP, kézako ?

N’oublions pas les champs de panneaux photovoltaïques qui produisent et fournissent de nombreux Calédoniens : jusqu’à 50% de la consommation des habitants de l’île des Pins, comme précisé par Jean-Gabriel Faget. L’enjeu maintenant, pour Stefan Sontheimer, est d’assurer l’équilibre en production et consommation tout en palliant la variabilité de la production de cette énergie solaire. En effet, qu’advient-il s’il n’y a pas de soleil pendant deux jours d’affilé ? La problématique du stockage est donc en cours de résolution : à court terme avec un stockage électrochimique et à long terme avec un stockage avec des STEP.

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Petit à petit la NC fait son nid

L’énergie solaire a donc largement été abordée lors de ce séminaire car elle est l’énergie renouvelable la moins coûteuse et la plus fortement disponible dans notre pays insulaire ensoleillé. Pourtant, d’autres solutions écologiques ont été mentionnées mais « à garder en tête » car elles ne sont pas encore assez développées sur le territoire pour être utilisées : le biogazole, le biochar, l’hydrogène… La Nouvelle-Calédonie, un territoire d’innovation en cours d’évolution. L’assemblée s’est tout de même accordée sur un point : décarboner ne se fait pas du jour au lendemain. 

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biochar, biogazole, hydrogène, le tout pour un futur décarbonaté © Canva

« Il est crucial de choisir des solutions matures pour réduire rapidement nos émissions de CO2 et progresser dans un mix énergétique sur plusieurs années. Cependant, il ne faut pas se limiter à ces solutions, car de nouvelles alternatives innovantes, bien qu’actuellement immatures ou coûteuses, émergeront inévitablement. Rappelez-vous, le photovoltaïque, qui était très coûteux il y a quinze ans, est désormais l’option la plus intéressante. Il est donc primordial de prendre le virage technologique au bon moment et de ne pas s’engager dans des voies qui pourraient nous freiner. Nous devons avancer sur le plan technique tout en assurant des financements à long terme, afin de préserver notre capacité d’investissement lorsque de nouvelles solutions innovantes se développeront. »

Marie-Caroline Lacroix, chargée de mission transition énergétique KNS

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