C’est un évènement annuel très attendu par tous les géomaticiens. La septième édition du GISDay est toujours organisée par le Club de la géomatique et, pour la deuxième année consécutive, animée par dynamique Charlotte Ulmann. Nouvelle édition d’un grand classique pour la communauté qui s’était déjà retrouvée l’année dernière pour l’édition 2022. Retour sur cette matinée dédiée à la présentation des projets et actualités géomatiques des membres du club. A noter : cette année, le GISDay enregistre son taux d’inscription record avec plus de 166 inscrits !
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La géomatique au secours des territoires
Beaucoup de visages familiers ce jeudi 16 novembre ; la plupart des personnes présentes était aussi là en début de semaine dans le cadre de la journée dédiée aux données LiDAR. Fabien Capri a profité du micro du CAPS de la Province Sud pour rappeler l’importance de ces données en Nouvelle-Calédonie, notamment pour la Province Nord. Sur la presqu’île de Bogota, LiDAR a d’ailleurs révolutionné les études archéologiques. « Aujourd’hui, sur les zones à enjeux, il nous faut des données LiDAR », a confirmé le directeur du GIE SERAIL. L’un des objectifs : rendre accessible la cartographie aux petites communes et à leurs administrés.
Un point également appuyé par Vaimu’a Muliava, le membre du gouvernement en charge notamment de l’innovation et de la transformation numérique de l’administration. Aux yeux de faiseurs de comètes, le GISDay « devrait inspirer les femmes et les hommes politiques de ce pays pour agir aux bénéfices de nos populations. » En guise d’exemple, il a notamment évoqué les glissements de terrain sur le territoire, à Houaïlou en 2016 et, plus récemment, à Yahoué, où une famille avait tout perdu dans lors de la disparition de sa maison. « Elle est aujourd’hui en difficulté. Pourquoi ? Parce que nous n’avons pas de cartographie précise sur notre environnement immédiat. »
La Province Sud, qui vient d’acquérir un drone LiDAR investit chaque année environ 30 millions de francs dans la géomatique car ces données permettent de prendre des décisions les plus précises possibles pour les populations et sont un outil décisionnel utile pour les décideurs. Christophe Tourret, le PDG d’ESRI France en visite sur le Caillou pour l’occasion, a « plussoyé » : « les cartes servent à sauver des vies ! »
Notre monde subit des challenges importants, tout comme chaque territoire. Le changement climatique est un challenge des territoires du Pacifique. Un point commun entre tous ces challenges à la surface d’une seule planète : la géographie est la clé pour résoudre ces problèmes.
Christophe Tourret, le « big boss » d’ESRI France
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Apprends-moi la géomatique
Parmi les interventions de la matinée, Paméla Peyrolle-Drayton, enseignante en histoire-géographie et chargée de mission au Vice-rectorat est venue démontrer comment les « SIG » – les systèmes d’informations géographiques – se sont intégrés dans les cursus scolaires. Le Vice-rectorat a identifié des grandes thématiques et des besoins pour mettre en place des programmes adaptés, aussi bien aux élèves qu’aux enseignants. Le SIG est un outil attractif pour les jeunes qui sont désormais tous très connectés. Cette année, ils ont notamment travaillé sur les conséquences du changement climatique à Ouvéa, en utilisant… la géomatique !
De leurs côtés, les enseignants ont eux aussi eu droit à un petit cours théorique et pratique. Objectif : diversifier leurs pratiques pédagogiques. Finis les livres, bonjour le numérique pour apprendre et, surtout, comprendre la géographie du « Caillou » sur lequel ils vivent. Pour 2024, la volonté du vice-rectorat est de continuer à accompagner les enseignants dans l’utilisation des SIG à travers une pédagogie plus attractive et pourquoi pas, proposer un concours « storyma« p ». Du ludique au service du pédagogique donc…
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De Tahiti à Nouméa, la géomatique, c’est fantastique !
Après la pause-café, les participants ont décollé pour Tahiti. Alexandre Amary, en charge de la section cadastre et topographie au gouvernement polynésien, est intervenu en « mondo-visio » depuis Papeete. Dans l’archipel, « les choses sont en train de bouger et c’est tant mieux ! » a-t-il martelé. D’après lui, le nouveau gouvernement polynésien affiche la volonté de créer un SIG décisionnel pour la sphère politique et dirigeante.
« On a beaucoup de demandes de prospection foncière dans le cadre de projets structurants, pour faire des recherches de terrains et de parcelles ».
Alexandre Amary, form Papeete en mondo-vision
Le gouvernement lance en effet de grands projets pour la Polynésie. Les équipes ont notamment cherché des parcelles cadastrales qui auraient un haut potentiel solaire pour installer des fermes solaires. « On utilise la topographie, les notions d’accès à la route, etc… et on fait des analyses pour produire des cartes explicites » a-t-il indiqué non sans ingéniosité.
Autres projets sur la table : la prospection de sites pour l’installation d’un observatoire de géophysique fondamentale et géodésie (OG2P). Il représente un gros challenge pour le pays avec la possibilité de créer de l’emploi et des formations. La Polynésie est confrontée à un gros problème de circulation selon Alexandre Amary. Le SIG a le mérite de confronter les décisions politiques à la réalité géographique pour démontrer ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, concernant la construction de nouvelles routes. À terme, l’objectif final chez nos amis de PF est de construire une stratégie géospatiale officielle du territoire d’ici fin 2024 pour qu’elle soit adoptée par le gouvernement.
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La qualité de l’air cartographiée
Sur le territoire, la géomatique est utilisée dans de nombreuses entreprises. Chez « EEC-ENGIE » par exemple, on cartographie l’ensemble du réseau électrique. Chez « Scal’Air« , Sylvain Gleye est venu présenter la modélisation et la prévision de la qualité de l’air à l’échelle de l’agglomération de Nouméa. Un outil de modélisation a en effet été mis en place par l’entreprise. Il vise à représenter les niveaux de pollutions atmosphériques rendus possible via des algorithmes mathématiques et des processus physiques et chimiques. Si les stations de mesure servent à connaître la qualité de l’air, il est pourtant impossible d’installer une station dans tous les endroits : la modélisation permet ainsi de couvrir l’ensemble des zones de la capitale et de ses alentours.
Chez Scal’Air, la modélisation est à la fois rétrospective et prédictive. Rétrospective car elle permet de faire des bilans annuels ou d’analyser l’impact des paquebots, par exemple, pendant la haute saison. Prédictive, cela veut dire que l’entreprise peut modéliser la qualité de l’air à venir pour le jour même et pour le jour suivant, un peu comme les prévisions météos. « ADMS Urban » et « Urban Air » sont les deux outils utilisés. Ils sont alimentés par des données météorologiques, des informations sur le relief et sur la qualité de l’air. Avec tout ça, ils peuvent alors produire des cartes. Bienvenue dans le monde merveilleux de la géomatique !
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