« C’est un pèlerinage qui s’appelle Prox Itech, « Prox » pour « proximité » et « Itech » pour innovation technologique ». C’est par ces mots que Vaïmu’a Muliava a débuté hier une conférence de presse qui se déroulait au MK2 Dumbéa en présence de la startup « Evolukid ». 

Evolukid

En effet, après des échanges numériques à l’initiative de notre ministre et une rencontre avant tout humaine, les deux frère Attik, co-fondateurs du « netflix de l’éducation », ont débarqué sur les routes calédoniennes pour « aller vers » la jeunesse avec pour objectif de détecter et accompagner les talents où qu’ils se trouvent dans les domaines de l’innovation numérique et technologique. Retour sur une balade en brousse au plus près des Calédoniens. 

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Evolukid en pèlerinage calédonien

On pouvait lire sur les visages de Rabah et Morad Attik des traces d’émotions non dissimulées ; certes, la fatigue d’un vol « Dubaï – Nouméa » chaotique – coucou les visas australiens ! – et l’enchaînement, le lendemain même de leur arrivée, d’un déplacement à Thio pouvaient y contribuer… mais c’est avant tout des marques de bonheur, d’excitation et de découverte qui animaient, hier, leur regard et faisaient battre leur cœur. On se déplace rarement aussi loin par hasard mais, chose certaine, on ne repart jamais indemne d’un voyage sur les routes de notre Calédonie, et encore moins au cœur de nos tribus ! Les deux frères, banane aux lèvres, bouclaient ainsi une première semaine d’ateliers et de présentations qui les aura menés au cœur même de ce qui fait la richesse de notre territoire : les Calédoniens. 

L’opération « Prox Itech », menée de main de maître par le GNC, est l’une de celle dont on se souviendra longtemps ; non parce qu’elle est affaire de « communication politique » mais surtout parce qu’elle est née du cœur ! Ce projet, qui avait pour objectif de « contribuer à insérer les publics les plus éloignés des structures classiques d’insertion sociale et professionnelle, en préparant les jeunes aux enjeux d’avenir », flairait bon le bingo… 

Une première visite à Thio conclue par la présence de 150 personnes et la découverte de vocations parmi nos jeunes annonçait déjà un succès certain. Il en fut de même à Poya, puis au contact des jeunes du centre d’action éducative de la DPJEJ, et enfin au complexe MK2 de Dumbéa où, hier encore, on pouvait voir jeunes et moins jeunes, casques de réalité virtuelle sur le nez ou robots en main, découvrir l’univers des nouvelles technologies dans une excitation non feinte. La « raison d’être » de cette géniale startup pouvait bomber le torse : l’objectif était plus qu’atteint…

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La technologie comme vecteur d’intégration

Ainsi, au cours de cette première semaine de « pèlerinage », les deux frangins ont animé de multiples ateliers autour de la programmation, de la robotique, de la création de jeux et d’applications mobiles ou encore de « mondes en 3D » et d’appréhension de l’intelligence artificielle. Des technologies qui façonnent déjà le monde d’aujourd’hui et transformeront en profondeur le monde de demain, à l’instar des différentes révolutions industrielles et numériques qui ont déjà eu lieu par le passé. Morad, l’ex-prof de maths, plein d’emphase, de confirmer à l’oral l’importance de cette action : « nous venons d’un milieu populaire, souvent mis à l’écart des technologies, nous sommes qualifiés de « jeunes de cité » encore aujourd’hui, à 37 et 41 ans et c’est là tout le sens de notre action : aller vers les populations isolées pour leur transmettre cette flamme qui nous anime et les préparer au mieux aux défis de demain ». Une action plus qu’utile, incontournable ! 

Alors que se succédaient au micro notre ministre de la culture, de la jeunesse et des sports, Monsieur Mickael Forest, le « Chaman » du Pôle Innovation ADECAL, Mister Christophe Carbou, et les représentants des partenaires de l’opération ainsi que le Maire de Thio, Monsieur Jean-Patrick Toura, les deux frères hochaient régulièrement de la tête pour confirmer les dires des porte-parole. De là à dire qu’ils se sentaient déjà « comme à la maison », il n’y qu’une enjambée que l’on se permet de faire… Trop de similitudes entre leurs expériences et le quotidien de nos tribus ! Peu de différences entre les âmes d’une cité de Nanterre et celles d’une tribu de Thio… car les valeurs sont communes : respect et humilité

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La preuve par deux (frangins)

Alors que la seconde partie de l’action des frères Attik aura pour cadre une formation auprès d’une centaine d’agents de la fonction publique au cours de la semaine à venir, l’heure n’est pas encore au bilan mais on peut déjà affirmer sans crainte que « Prox Itech » fut une réussite éclatante. 

Dans une société qui se borne, encore et toujours, à nous faire croire que le « vivre ensemble » n’est qu’une illusion, les deux frères, avec l’appui d’un Vaïmu’a dont le discours d’hier résonne encore dans les murs du MK2, ont montré qu’en tendant la main et en allant vers l’autre, les choses changent et évoluent dans le bon sens.

Et qu’importe, finalement, si tous ces jeunes ne finissent par ingénieurs, informaticiens ou experts en iA, cette action pédagogique autour des technologies n’est finalement qu’une belle excuse ; un moyen de créer des vocations, certes, mais surtout l’occasion de rapprocher, de fédérer, d’unir et de redonner un peu de fierté à toute une population qui se sent isolée mais qui a, elle aussi, de nombreuses choses à faire valoir, à commencer par ses jeunes qui, un jour ou l’autre, sortiront de la brousse pour laisser éclater leur talent. Les deux frères ont montré l’exemple et, c’est à nous, désormais, de les embarquer sur la pirogue qui vogue sur l’océan numérique mondial. 

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