Mardi 5 mars, à la Station N, s’est déroulé un évènement que l’écosystème du numérique calédonien attendait avec impatience depuis quelques années. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique pour l’économie numérique (PSEN) 2024-2027, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a organisé une après-midi intitulée “Ensemble pour un numérique inclusif”.

L’inclusion numérique est un sujet particulièrement important en Nouvelle-Calédonie. En effet, l’objectif est de rendre les outils numériques accessible à chaque Calédonien et de transmettre les compétences nécessaires pour faire de ces derniers des leviers d’insertion sociale et d’économie pour le territoire. Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de l’économie numérique, a introduit une après-midi en trois temps : état des lieux, baromètre et perspectives.

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L’inclusion numérique, kézako ?

“Il y a peu de temps, nous avons dévoilé la nouvelle version du plan stratégique pour l’économie numérique composé de plusieurs piliers. Selon moi, le pilier fondamental est celui centré sur les compétences numériques car la Nouvelle-Calédonie a l’ambition de devenir un hub numérique. Alors, pour ne pas créer des attentes qui ne seront pas comblées, ce pilier vise avant tout à former, accompagner et sensibiliser dans le domaine du numérique.”

Christopher Gygès
Christopher Gygès met en avant les possibilités pour le territoire © NeoTech

Maeva Leroux, chargée de programme Inclusion numérique à la DINUM et maitresse de cérémonie ce jour, a ensuite pris le micro pour débuter par un rapide rappel sur ce qu’est réellement l’inclusion numérique. Définition : c’est une démarche qui vise à garantir un accès équitable et une utilisation efficace des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour tous, quel que soit leur niveau socio-économique, géographique ou compétences. 

Cela implique de fournir un accès abordable à Internet et aux appareils, d’offrir une formation en compétences numériques et de concevoir des technologies qui répondent aux besoins de tous les utilisateurs afin de prévenir la fracture numérique et donc l’exclusion sociale et économique liée au numérique. Maeva Leroux a souligné l’importance de comprendre ce concept fondamental pour aborder les défis et opportunités qu’il présente.

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État des lieux calédonien de l’inclusion numérique

“Je vais débuter par l’état des lieux de la Nouvelle-Calédonie. Pour ceux qui attendent le baromètre, je m’excuse, mais je l’ai programmé pour après l’état des lieux volontairement ! C’était important pour moi que vous prêtiez attention à ce que j’ai à vous dire en premier.”

Maeva Leroux, devant une assistance amusée de cette ingénieuse technique

Maeva Leroux a ensuite présenté le concept d’indice de fragilité numérique développé par LA MEDNUM, la coopérative des acteurs de l’inclusion numérique. Il s’gait d’un outil qui permet d’objectiver les zones où il existe un risque accru de fragilité numérique. Un état des lieux exhaustif du territoire a alors été dressé. Pour se faire, le gouvernement a pris des mesures socio-démographiques pour recenser diverses informations, telles que les lieux d’inclusion numérique, l’accessibilité au réseau, les niveaux de diplomes et de pauvreté… 

En dépit des efforts d’accompagnement numérique, notamment par les services publics et les associations qui ne sont eux-même pas pas formés, des lacunes persistent en matière d’accompagnement des individus. Il a été noté – sans surprise malheureusement – que des communes comme Thio ou Sarraméa étaient en grande fragilité numérique, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. En effet, tandis que pour Thio s’est du à des enjeux de couverture et d’une grande popuplation jeune en non sensibilisée, pour Sarraméa il s’agit plus d’un problème d’isolement avec une population majoritairement senior. Pour plus de précision, une cartographie du risque de fragilité numérique du territoire sera bientôt disponible pour une meilleure compréhension de la situation.

Maeva Leroux impliqué dans l’inclusion numérique depuis plus d’un an © NeoTech

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Un nouveau baromètre du numérique enfin disponible

Après la clôture de l’Observatoire du Numérique en 2022 et un dernier baromètre datant de 2021, l’attente était palpable pour la révélation tant attendue du baromètre du numérique 2023. Ce dernier a été présenté par Aude Girones de l’entreprise I-scope, l’étude de marché a été réalisée en collaboration avec la Banque des Territoires. Ainsi, les chiffres présentés n’ont guère surpris l’audience, notamment le constat que 90% des Calédoniens possèdent un smartphone, au détriment des ordinateurs portables, fixes ou tablettes. Aussi, bien que 6 calédoniens sur 10 aient accès à Internet à domicile, ce chiffre a diminué depuis l’année précédente, tandis que l’utilisation d’Internet via smartphone a augmenté, en grande partie grâce aux offres d’IMD (Internet Mobile à la Demande) par l’OPT.

Il est également ressorti que les Calédoniens rencontrent des obstacles dans leur utilisation d’Internet, notamment en raison de problèmes techniques sur les sites administratifs. Malgré une progression des usages de l’e-administration et de l’e-commerce, ces secteurs restent à être développés. De plus, alors que 80% se déclarent à l’aise avec le numérique, il est a noter que la jeune génération est connectée et équipée mais bien moins au fait des bonnes pratiques liées à l’usage d’Internet alimentant des inquiétudes concernant la cybersécurité. Le baromètre a également souligné l’émergeance d’une légère prise de conscience quant à l’impact environnemental du numérique, mettant en évidence la nécessité d’une plus grande éducation à ce sujet. Cette analyse s’est conclue sur la mise en évidence d’une forte dichotomie entre les régions est et ouest de la Nouvelle-Calédonie, soulignant ainsi la diversité des usages et des attentes en matière de numérique.

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Des perspectives pour une meilleure inclusion numérique

Ainsi, l’événement a dessiné un tableau complet de l’état de l’inclusion numérique en Nouvelle-Calédonie. Il est évident que des efforts supplémentaires doivent être déployés pour relever les défis actuels et garantir une transition numérique inclusive pour tous les citoyens. Ainsi, afin de renforcer le réseau de médiation numérique sur le territoire, le gouvernement, en partenariat avec l’OPT, va expérimenter la mise en place de nouveaux services d’accompagnement de proximité au sein des agences OPT.

Ces espaces seront déployés dans dix agences pilotes à partir du mois de mai. Ils offriront aux usagers l’assistance de professionnels formés pour les aider dans leurs démarches en ligne ou dans l’utilisation des outils numériques. Ces espaces, en phase expérimentale jusqu’à la fin de l’année, viendront compléter les infrastructures d’inclusion numérique déjà existantes, telles que les cases numériques, les points d’information jeunesse ou les espaces connectés provinciaux. Ils collaboreront avec les acteurs locaux pour garantir la qualité et la continuité des services offerts aux usagers. Ceci n’est que la face émergée de l’iceberg gouvernementale qu’est la feuille de route 2024 pour une meilleure inclusion numérique. L’idée est de mobiliser l’ensemble de acteurs concernés pour co-construire celle-ci. À suivre…

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