Lorsque vous envoyez un e-mail, que vous naviguez sur un site web ou que vous écoutez votre playlist sur une plateforme de streaming, vous polluez. Alors que les entreprises prennent le pas vers la dématérialisation, les centres de données foisonnent aux quatre coins du globe et, “spoil alert”, ils sont loin d’être “eco-friendly”. Une question se pose alors : les datacenters sont-ils compatibles avec une vision éthique et green du numérique ?

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Datacenters et Big Data : kesako ?  

Le terme “Big Data” désigne une immensité de données collectées par des entreprises. Une fois explorées, analysées et exploitées, elles permettent de dégager des informations précieuses afin, par exemple, d’améliorer les process des organisations, d’optimiser leur prospection ou encore de lancer des campagnes marketing ultra personnalisées.  Ce qui caractérise les mégadonnées comparées aux données traditionnelles, c’est le volume, la variété des données, et la vélocité avec laquelle elles sont générées, collectées et traitées. 

Vous l’aurez deviné avec cette introduction, les Big Data ont des besoins très spécifiques en matière d’infrastructure informatique pour atteindre une puissance de traitement suffisante. Et lorsqu’on parle de besoins spécifiques, on parle d’une combinaison de milliers de serveurs, logés au sein d’immenses datacenters. Pour vous donner une idée plus précise de ce que cela représente, les dix plus gros datacenters du monde sont hébergés en Chine et aux Etats-Unis, et leurs surfaces varient entre 200 000 et près d’un million de mètres carrés.

Bienvenus au coeur d’un DataCenter de © Google Workspace

Selon Cloudscene, il y existe aujourd’hui plus de 7 580 datacenters à travers le monde, soit plus de sept mille entrepôts remplis de serveurs tournant à plein régime 365 jours par année, 24h/24h et accompagnés de systèmes de refroidissement et de climatisation, eux aussi, fonctionnant en continu. Et lorsqu’on parle de besoins de cette envergure, on parle évidemment d’une consommation d’énergie hors norme et d’un impact environnemental massif !

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Plus de 7000 data centers à travers le monde… © Datacentermap.com

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Les enjeux éthiques et durables liés aux datacenters

Selon Peter Gross, ingénieur spécialisé dans la conception de datacenters et interviewé par le New York Times, “un seul Data Center peut consommer plus d’énergie qu’une ville de taille moyenne “. D’ici à 2030, l’ensemble des datacenters du monde pourrait absorber 10 % de la production mondiale d’électricité.

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© Statistica

À ce jour, les datacenters représentent 17 % de l’empreinte carbone du secteur de la technologie. Avec 2 % des émissions totales de gaz à effet de serre, leur empreinte carbone est similaire à celle de l’industrie de l’aviation. 

Plusieurs villes et pays de l’Union européenne se confrontent aujourd’hui à des problématiques énergétiques à cause de leurs datacenters. Amsterdam, par exemple, se retrouve interdite de construire de nouveaux datacenters durant un an, tant le nombre d’installations y est déjà important ! Autre illustration de cette problématique écologique, l’Irlande n’arrive pas à atteindre ses objectifs en termes de transition énergétique à cause de la sur-consommation énergétique de ses centres de données.

Les enjeux liés aux datacenters sont donc majoritairement associés à leur impact sur notre environnement et au fait qu’ils ne représentent pas une solution durable. Comment alors exploiter les mégadonnées dans un cadre responsable et durable ? Comment pallier la pollution produite par les données massives ? 

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Des initiatives pour “décarboner” les datacenters 

Le premier pas vers un datacenter “durable” est déjà engagé et on commence même à évoquer le terme “green datacenter” dans les chaumières technologiques à travers le monde : des centres de données basés sur les énergies vertes seraient en cours de création. L’idée au coeur de ce sujet est de limiter la perte de chaleur et d’utiliser les énergies renouvelables telles que le soleil, l’eau et le vent pour faire fonctionner ces centres. 

Afin d’éviter l’utilisation de systèmes de climatisation énergivores, certains datacenters déménagent dans des pays au climat plus froids, notamment du côté des pays scandinaves. Le climat naturellement frais permet un refroidissement plus naturel des serveurs. Pour répondre à la même problématique, on voit également apparaître le système de “free cooling” ou refroidissement par l’eau. On remplace ici la pompe à chaleur en distribuant directement l’eau (située à proximité du datacenter) dans un circuit d’eau glacée du datacenter.

Des data centers eco-friendly, c’est déjà possible comme le prouve le Green Mountain Rennesoy Data Center © Datacenters.com

D’autres entreprises ont décidé de redistribuer cette perte de chaleur. En Finlande, l’entreprise Fortum utilise la chaleur dégagée par son datacenter pour chauffer des entreprises, des piscines, ou encore des foyers situés à proximité. Un premier pas vers la Smart City du futur…

Les pays scandinaves semblent toujours avoir beaucoup à nous apprendre et c’est d’ailleurs en Norvège que l’on trouve le datacenter “Green Mountain“, le centre de données le plus “green” du monde. Ici, les ressources sont puisées dans les énergies circulaires et renouvelables, notamment dans le fjord qui se situe juste à côté du datacenter. L’eau récoltée dans le fjord grâce à la technique du free cooling est utilisée pour le refroidissement des machines, puis déversée dans la mer, et l’énergie nécessaire au fonctionnement de ce datacenter est fournie par deux centrales hydro-électriques. Brillant, n’est-ce pas ? 

Si des initiatives pertinentes voient le jour à travers le globe pour contrer la menace d’une pollution numérique, elles ne sont pas encore monnaie courante ! L’occasion pour la Nouvelle-Calédonie de se pencher sur le sujet ?

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