En arrivant devant la Mairie du Mont Dore, tout est calme ; pas de foule à l’extérieur, un accueil flambant neuf où la file d’attente est numérisée, un « bonjour » amical à l’entrée, rien ne présage d’une ville qui a mis le digital au coeur de ses ambitions. NeoTech est ainsi allé à la rencontre de M. Goyon, Conseiller Municipal et Délégué auprès du premier adjoint, en charge du développement numérique.
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Bonjour Matthieu, peux-tu me raconter ton parcours depuis tes études jusqu’à ton mandat actuel ?
Bonjour NeoTech ! Bien sûr : après mon bac obtenu au lycée d’état de Wallis et Futuna, j’arrive en Nouvelle-Calédonie pour suivre une licence en Droit Économie Gestion que j’obtiens en 2009. Ensuite, au lieu de partir en France, je débute ma carrière professionnelle à l’OPT comme téléconseiller pendant quatre années où je collabore, entre autres, au lancement de la 3G.
En parallèle, je m’inscris au concours d’instituteur en 2014 puis entre à l’IFM (Institut de Formation des Maîtres) où je passe le diplôme Licence Métiers de l’Enseignement et celui d’Instituteur. En 2017, je suis muté à Kouaoua pendant deux ans. Il est alors temps de retourner en Province Sud où, suite aux élections provinciales, une opportunité se présente à moi : travailler au Congrès. Je quitte ensuite le Congrès début 2021 pour rejoindre le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
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Que représente le numérique pour la ville du Mont Dore et, plus globalement, pour la population calédonienne ?
Les deux mots qui me reviennent en tête lorsqu’on parle de numérique sont :
- « Avenir » : le numérique est présent dans le quotidien à travers l’informatique, les télécommunications, internet et continuera d’irriguer nos modes de vie.
- « Opportunité » : celle de rendre le numérique accessible à tous les Mondoriens.
La stratégie numérique réalisée avant mon arrivée est basée sur trois axes :
- Inclusion numérique : rendre le numérique accessible à tous les Mondoriens,
- Ville numérique : améliorer la qualité des services publics en les rendant plus accessibles aux administrés à travers, entre autres, la dématérialisation des services de la commune et des démarches en ligne,
- Modernisation de l’administration : optimisation des coûts et du fonctionnement de notre administration.
J’en profite d’ailleurs pour remercier M. Bernard Deladrière, mon prédécesseur, tout comme le service informatique représenté par M. Jean-Charles Cartegini. Ces deux personnes et leurs équipes ont réalisé un excellent travail autour de la refonte de notre stratégie basée sur ces trois axes.
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Quelles sont les initiatives numériques et technologiques que vous soutenez à travers votre travail à la Mairie ?
Côté vie numérique, notre récente et dernière initiative a été de dématérialiser la collecte des ordures ménagères : les Mondoriens peuvent désormais signaler et payer en ligne ce qui a trait à cette activité quotidienne.
Autre initiative, côté « inclusion numérique » cette fois, nous avons créé un espace de travail partagé à Boulari où les Mondoriens peuvent visualiser une salle à visiter en 3D, réserver et payer à l’avance puis entrer dans la salle de manière parfaitement autonome à l’aide d’un QR Code. C’est un espace accessible à tous qui dispose de matériel informatique dernier cri et de salles de réunion pour les entrepreneurs par exemple.
Le soutien au monde associatif fait également partie des prérogatives du Maire : nous souhaitons renforcer le lien avec cet écosystème ; par exemple, l’association « Mont Dore Jeunesse Multimédia » qui travaille depuis quelques années sur le développement numérique de la commune souhaite aujourd’hui étendre ses ateliers d’initiation à l’informatique ou de rédaction de CV et lettres de motivation à l’ensemble de la ville. Nous sommes en cours de discussion avec eux.
On pourrait également parler de la médiathèque de Boulari qui est l’un de nos espaces publics numériques où nous organisons, entre autres, des cours d’initiation à l’informatique pour nos seniors. C’était un réel besoin auquel nous nous devions de répondre car cette population peut rapidement se retrouver en difficulté face à ces nouvelles technologies.
Dernière actualité, nous envisageons de recruter un profil de responsable des cultures numériques : nous avons une réelle envie de développer cet aspect et de montrer que sur notre mandature 2020 – 2026, nous avons réellement travaillé sur le secteur du numérique. Nous avons également un projet de FabLab avec le lycée du Mont Dore, un lieu ouvert où les étudiants pourraient passer du processus de visualisation au projet de fabrication à l’aide d’une imprimante 3D. C’est un projet qui devrait débuter en 2023.
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On répète souvent que la formation initiale dans le numérique fait défaut en Nouvelle-Calédonie ; que penses-tu de cette réflexion et quelles sont les solutions que vous y apportez sur la ville ?
Je ne pense pas qu’on puisse dire que ça « fait défaut » mais plutôt que le système est perfectible ! Il faut savoir qu’à l’école élémentaire, en fin de cycle 3, les enfants passent le « Brevet Informatique et Internet » (B2i) qui leur permet d’acquérir des compétences en traitement de texte, en recherche internet, en comportements numériques responsables… ça leur permet d’arriver au collège avec une base de compétences qui seront reprises dans le secondaire où le numérique sera intégré de manière transversale dans l’enseignement.
Depuis 2005, nous soutenons l’opération « Développement Internet » qui a pour objectif de créer des structures réseau performantes ou d’apporter du matériel informatique dans la ville. En 2020, notre commune a renouvelé son soutien à cette démarche en prenant 50% de la location du matériel informatique, 100% du coût de la connexion OPT internet dans toutes les écoles ou encore l’achat des consommables. Cela représente un budget total de 17 millions CFP par an.
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En quoi le numérique peut-il être, selon toi, un facteur de bien-être et de confort pour la population locale ?
Pour reprendre l’exemple des ordures ménagères, les administrés n’ont plus à se déplacer ; en le faisant à distance, ils gagnent ainsi en confort et en bien-être sans être obligés d’adapter leurs horaires à celles de la Mairie.
Nous sommes également en cours de déploiement des compteurs d’eau intelligents qui vont permettre à la population de mieux maîtriser sa consommation et sa facture.
Nous avons rénové l’accueil de la Mairie pour faciliter la prise de rendez-vous mais aussi la gestion des files d’attente : tout a été considérablement modernisé dans l’esprit de « QualiVille », une charte de modernité pour l’accueil du public.
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En quoi la Calédonie dispose-t-elle d’avantages concurrentiels pour développer une vraie politique de l’innovation écologique ?
Bonne question car c’est un point sur lequel je travaille au cabinet de la Présidence. La Nouvelle-Calédonie est, en effet, un « hot spot » de la biodiversité avec un lagon classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2008… En 2016, le Congrès a adopté le « STENC« , Schéma pour la Transition Énergétique, avec trois objectifs principaux : la réduction des gaz à effets de serre, la réduction de notre consommation énergétique et l’accroissement de notre production d’énergies renouvelables.
En 2019, le Président T. Santa évoquait également des possibilités de croissance à travers l’étude des biomimétismes et des biotechnologies et, la même année, nous avons le retour de l’action « Territoires d’Innovation » : la Calédonie est le seul lauréat parmi les territoires d’Outre-Mer ! Cela a permis d’accéder à une aide financière d’1,760 milliards CPF qui a pour objectif de faire du Parc de la Mer de Corail un sanctuaire naturel mais également une richesse à valoriser dans l’ensemble du Pacifique.
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Que t’inspirent les « greentech » actuellement développées en Calédonie et quels sont les projets que vous menez avec la ville sur cette thématique ?
Il faut en premier lieu féliciter ces entrepreneurs qui se sont lancés dans un contexte économique difficile mais qui portent avec eux des valeurs écologiques fortes.
Au Mont Dore, nous avons deux projets qui sont orientés « green » ; le premier, c’est le renouvellement de notre parc lumineux, notre éclairage public est en train de passer en 100% led. Le second, c’est l’installation de panneaux photovoltaïques sur tous les bâtiments communaux d’ici la fin de l’année.
Nous disposons également d’un véhicule électrique, une Zoé, ainsi qu’une borne de recharge à disposition du grand public. Cette voiture, uniquement réservée à l’usage de la Mairie est, quant à elle, destinée à veiller à la propreté des quartiers : l’un de nos élus sillonne la commune pour s’assurer que la commune est bien entretenue, qu’il n’y pas de réparations à faire, c’est une forme de veille communale.
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Le numérique englobe une grande diversité d’usages ; sur quels usages numériques concentrez-vous votre politique numérique pour améliorer le quotidien des habitants du Mont Dore ?
Notre volonté politique c’est qu’aucun Mondorien ne manque ce virage numérique car il représente l’avenir. Nous sommes donc toujours dans cette optique de ville numérique où nous proposons à nos administrés des compteurs intelligents pour l’eau, des bornes de télépaiement, des accès étendus à des bornes WiFi, des accès à des postes internet…
Nous souhaitons conserver ce service de proximité parce qu’en général, lorsqu’on parle numérique, on oublie ce côté proximité : il faut mêler l’aspect social et l’éducation numérique afin de continuer à créer du lien social entre nos administrés. Suivant cette logique, il me faut aussi vous parler de notre « Fête du numérique » qui aura lieu du 21 au 23 octobre 2021 et qui nous permettra d’organiser des ateliers thématiques et pratiques dans les espaces numériques de la ville.
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Question décalée : sans contrainte politique ou financière, quel projet souhaiterais-tu porter pour la commune ?
C’est drôle car on en discutait avec M. Cartegini juste avant notre entretien ; je vais te faire une réponse de « gamer » : j’aimerais créer un espace gamer dans l’espace public numérique de Yahoué car c’est un bon moyen de fédérer notre jeunesse et que de nombreux métiers se développent autour du jeu vidéo. Nous avons une grosse communauté de e-sportifs sur toutes les plateformes.
En parallèle, je souhaiterais également accélérer l’accès à la fibre optique pour développer la formation et nos outils pédagogiques. Le Mont Dore est une commune qui bouge et, même si notre communication n’est peut-être pas optimale, il faut que les Mondoriens sachent que nous travaillons pour le développement numérique de la ville !
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