Il est 12h04 dans la salle Jacques Iekawe de la Communauté du Pacifique lorsque Léo Cann-Polydor, coordinateur du projet et analyste statistiques à la CPS, prend la parole pour introduire la cérémonie de clôture (et de remise des prix) du « Pacific DataViz Challenge« . Une salle pleine de jeunesse aux couleurs du Pacifique, en duplex de Fidji, répond à cette introduction par une première salve d’applaudissements. Le meilleur est à venir… 

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Récit-oraux vs Data-stories

En quelques mots à peine, le Dr Stuart Minchin, DG de la CPS s’est attiré les sourires du public :

« J’ai une confession à vous faire : je suis un vrai « data-geek » ! » – Dr. Stuart « Datageek » Minchin

La quatrième édition du Pacific Dataviz Challenge a tenu toutes ses promesses et même au-delà avec pas moins de 148 projets de datavisualisations déposés, soit plus de 50 de participations supplémentaires par rapport à la précédente. Et Stuart Minchin de poursuivre : « C’est la preuve que les Océaniens, et spécialement les jeunes, utilisent les données pour construire leur avenir ». 

Raconter des histoires grâce à l’analyse de données autour du thème « Blue Pacific 2050 », c’est tout l’enjeu de ce concours qui fait des émules dans le monde entier. Et c’est bien le message qu’a également souhaité délivrer Apaita Veiogo, le Directeur des opérations du « Pacific Islands Forum Secretariat » (PIFS) :

« Le thème Blue Pacific 2050 renvoie à l’importance de construire ensemble l’avenir de la région grâce à l’innovation et, notamment, aux données qui permettent de meilleures prises de décisions » – Apaita, « Blue », Veiogo

Comme chacun le sait, le récit oral est la base des cultures océaniennes et les « dataviz » permettent, elles-aussi, de raconter ces histoires et de transmettre les savoirs. Tradition et modernité. Récits oraux et data-stories…

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And the « Pacific Dataviz Challenge » winners are…?

« Chaque année, le challenge évolue, innove et pour la première fois de l’histoire du challenge, nous allons avoir une cérémonie de remise des prix en duplex de Fidji grâce à notre partenaire, le Pacific Island Forum Secretariat » – Léo Cann-Polydor, collecteur de dataviz 

Après ces interventions, Léo a présenté les chiffres clés de cette nouvelle édition : 148 projets déposés issus de 27 pays différents mais dont plus de 50% proviennent tout de même des quatre coins du Pacifique. La part belle est faite à ces dames qui représentent 59% des projets déposés, dont 53% des participants ont entre 15 et 26 ans. L’occasion également d’un petit clin d’œil à la doyenne calédonienne, Ida Carapelle, enseignante-vacataire au master MIAGE et aussi fidèle participante que supportrice pédagogique. Pour résumer, les femmes et la jeunesse ont pris le « power » de cette édition 2025. 

Pacific Dataviz Challenge
Money, money, money et entrepreneuriat ? © NeoTech

Après un touchant témoignage de Fiona Umpa, précédente lauréate qui vient de créer sa société en Papouasie Nouvelle-Guinée, les roulements de tambours sont entrés en scène avec l’annonce des lauréats des trois catégories « Open », « Pacific » et « Pacific Youth », elles-mêmes divisées en trois formats : « statique », « interactive » et « highly commended ». 

Prix OPEN

  • Interactive : Nur Adhyaska Hamid – « Paying the heaviest of the carbon debt never incurred » 

« J’espère que mon projet permet de faire ensemble la lutte contre le changement climatique pour protéger la région vulnérable qu’est le Pacifique »

  • Statique : Eduardo España (Espagne) – « Echoes of the unprotected sea »

« Chaque couche de la conque raconte une histoire : cette dataviz est un appel à l’action et à la protection du vivant aujourd’hui ».

Prix PACIFIC

  • Interactive : Eunice Rigo (France – Sydney) – « Blue Paradigm » – Prix remis par Fiona Umpa

« C’est une gamification de la stratégie Blue Pacific mais c’est aussi une invitation à créer, à rêver et à croire que chaque décision compte ». 

  • Highly commended :  Crispin Laka (Îles Salomon) – « Visualising Digital Access Across the Blue Pacific »

« Ma dataviz concerne l’inclusion numérique dans 16 nations océaniennes : il faut veiller à ce que chaque océanien puisse avoir accès au numérique ». 

  • Statique : Sarah Mouniama (Nouvelle-Calédonie) – « When our waste suffocates the ocean »

« La dataviz raconte les différents types de pollution et données choc qui touche l’océan Pacifique » – Angélique, professeure à l’école du design.

Prix PACIFIC YOUTH

  • Highly commended : Lusiana Boutu & Elia Komaitoga (Fidji) – « Resource and Economic Development : Tourism in Fiji » 
  • Statique : Inès Reboul (Nouvelle-Calédonie) – « Education in the Pacific »
  • Interactive : Pélagie Sivitongo (Nouvelle-Calédonie) – « The Silence of the Mother Whale » prix remis par Nina Polo, professeur au lycée polyvalent du Mont Dore.

Après des prises de parole internationales en visioconférence, les participants ont pu recevoir leur trophée et les financements associés puisque cette nouvelle édition a distribué au total 17 250 dollars US à ses « data-pépites ». De quoi mettre de la donnée dans les épinards professionnels des lauréats 2025.

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La data, un enjeu crucial pour le Pacifique

S’il est clair que les impacts du changement climatique qui touchent l’Océanie sont des considérations régionales que tout le monde a en tête, il paraît aujourd’hui de plus en plus évident que les précieuses données collectées à travers la région sont autant d’épées statistiques pour lutter contre. 

Dans ce contexte, le « Pacific Dataviz Challenge » représente un excellent moyen de sensibiliser à ces précieux outils et de permettre aux populations, jeunes et moins jeunes, de se saisir de l’innovation technologique pour construire l’avenir de la région comme en témoigne Sefanaia Nawadra, le Directeur général du PRO (SPREP) en guise de conclusion :

« L’accessibilité, la disponibilité et l’exploitation des données dans le cadre des prises de décision à tous les niveaux sont des enjeux cruciaux pour la région » – Sefanaia, décision-maker

Mais l’important est (aussi) ailleurs et, avec une touche de poésie et un doigt de philosophie, Léo pouvait clore définitivement cette édition 2025 :

« Le plus grand prix, c’est ce que vous emportez avec vous : des compétences, une confiance nouvelle ; chaque idée compte et chaque histoire que vous racontez à travers la donnée aura un impact sur le monde » – Léo poète coubertinesque

Avec des « si », on mettrait le Pacifique en bouteilles. Avec des datas, on enlèvera peut-être les bouteilles du Pacifique… 

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