Le programme French Tech Tremplin a été lancé en 2019 à l’initiative de la Mission French Tech, en partenariat avec Bpifrance. Il vise à lever les freins socio-économiques ou géographiques qui éloignent encore trop de personnes de l’entrepreneuriat. En Nouvelle-Calédonie, la French Tech a suivi le mouvement et a lancé pour la première fois le volet PREPA.

Pendant deux mois, neuf porteurs de projets, originaires de différentes communes du territoire, ont suivi un programme d’accompagnement pour transformer leurs idées en projets d’entreprises. C’est à la Station N qu’ils ont pu « pitcher » pour la première fois devant une assistance curieuse et attentive.

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PREPA Tremplin 2023 : deux mois pour être la/le boss

Neuf porteurs de projets, des hommes et des femmes aux idées aussi différentes qu’intéressantes. Ils ont passé les deux derniers mois, d’octobre à décembre, à comprendre comment passer de l’idée au projet. Les professionnels avaient préparé un programme intensif avec des partenaires comme Initiative NC, le pôle innovation de l’ADECAL et avec le soutien de Pépite NC et de la CCI.

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© NeoTech

Ils ont pu participer à des ateliers pour acquérir les bases de l’entrepreneuriat ou encore suivre des modules sur le numérique. Les porteurs de projets ont été coachés : un diagnostic de début de programme leur a été donné et ils auront un bilan de fin pour constater l’avancement de leur projet.  « Vous pouvez êtes fiers de vous, c’était intéressant et utile et vos projets sont fascinants » a lancé Franck Ollivier, co-président de la French Tech aux entrepreneurs en herbe. 

Ils viennent de la Grande Terre mais aussi des Îles Loyauté et de l’Île des Pins. Chacun d’entre eux porte un projet de développement économique innovant pour le territoire. « Ça prouve que la French Tech se structure et prend pleinement sa place sur le territoire  » a ajouté Vaimu’a Muliava. Pour cette première session de « pitch« , le stress était à son maximum. 

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Le numérique, au service de l’écologie et de l’agriculture 

« Je n’ai pas de slides à présenter car je voudrais que vous développiez votre imagination. » C’est comme cela que Taina Saine a débuté son pitch. Ex-salariée du groupe Melchior, elle a longtemps hésité entre retourner vers le salariat ou se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle a finalement choisi d’être son propre chef avec une idée : E-reader NC, une application pour faire connaître tous les trésors de l’Île des Pins, son île natale de façon écologique, avec le vélo ! L’application permettrait de localiser et louer des vélos à assistance électrique. « Quand on prend la voiture, on passe à côté de plein de choses mais à vélo, on peut s’ancrer. Mon concept c’est de prendre son temps et de savoir où aller en découvrant son île » a-t-elle conclu.

Autre projet : celui de Danielle Atti. Malgré le stress, la jeune femme était dynamique dans sa présentation. Son but : valoriser l’agriculture des tribus. Son projet se situe à Lifou. A force d’observer les mamans de Drehu vendre difficilement leurs produits sur le bord de route, elle aimerait lancer une application EATech NC – qui fait le lien entre l’agriculteur et le circuit marchand. Un moyen de lutter contre le gaspillage alimentaire et aussi, d’intégrer plus de produits locaux « dans les assiettes de nos enfants. » Un projet prévu fin 2024, qui s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire

Dans une approche un peu similaire, Basil Berthelot aimerait créer Res-Eat NC, une plateforme numérique qui permettrait de connecter les producteurs agricoles et les consommateurs. Elle vise à privilégier le circuit court, valoriser les invendus mais surtout créer du lien entre l’agriculteur de Koumac et le consommateur de Nouméa par exemple. Ce dernier pourra choisir la quantité de produits auprès d’un professionnel, sur une parcelle « adoptée » et enfin choisir son mode de récupération. Des photos et des vidéos seront également envoyées aux acheteurs, pour leur permettre de suivre la production. 


Nancy Henriot n’était pas présente lors de la session de « pitch » de French Tech PREPA Tremplin. Son entreprise Kaory basée à Nouméa recense et promeut le patrimoine culturel et identitaire de toute la Nouvelle-Calédonie à travers des évènements et une plateforme numérique interactive.

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Innovation, environnement et recyclage font bon ménage à la French Tech PREPA Tremplin

« Le goût de la tradition, le confort de l’innovation. » Voilà le slogan de l’entreprise BOB ART, portée par Laurent Haewegene et sa fille Agnès Wahaga. Tout le monde connaît la cuisine traditionnelle au feu de bois en tribu. C’est une cuisine authentique et appréciée pour le goût des aliments, mais qui est très contraignante. Elle se fait à même le sol et est souvent inconfortable. Agnès en sait quelque chose, elle qui a l’habitude de pratiquer cette cuisine. Alors Laurent porte un projet innovant : re-conditionner des bouteilles de gaz T13 pour en faire des réchauds à bois. « C’est un dispositif mobile et sécuritaire, pour le confort des femmes des tribus mais aussi des amateurs de cuisine au feu de bois » lance Laurent, qui en 1977, a obtenu son CAP de chaudronnier-soudeur. 

Mélodie Tufaunui, originaire du Fenua, envisage, elle une solution d’ingénierie, qui vise à réduire les pertes agricoles en les transformant en emballages biodégradables ! Farine de taro, d’igname, de manioc ou encore de banane, Mélodie est pleine d’idées et de bonne volonté. Choquée par la quantité de plastique jetée dans la nature, elle a décidé de se mobiliser pour les futures générations. Cette initiative intitulée %PAK’GENIUS sera basée à Pouembout. 

Protéger l’environnement, c’est aussi la volonté d’Alain Giraud. On quitte les champs pour se plonger dans le lagon, avec son projet e-Buoy, un coffre de mouillage innovant. Il a expliqué s’attaquer à la décarbonation du milieu de la mine via son entreprise Global Marine Aménagement. Il a imaginé un coffre d’amarrage sur lequel le minéralier va pouvoir se brancher et abandonner le groupe électrogène. GMA promet alors zéro émission de CO2 durant les opérations maritimes. L’e-Buoy serait fabriqué en Nouvelle-Calédonie et s’adresse donc au grands groupes miniers.

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Au service des autres

En Nouvelle-Calédonie, on recense plus de 3000 naissances par an. Christelle Langeron a imaginé Mam’s, un espace accueillant pour accompagner celles et ceux qui le souhaitent, dans la parentalité. « L’idée de fonder une famille a germé dans l’esprit de mon conjoint et dans le mien. Le stress m’a envahi. J’étais loin de ma famille, comment j’aurais fait sans ma mère ? » a expliqué la jeune femme. Le projet rempli d’amour de Christelle c’est donc un café-boutique. C’est un lieu pour partager, honorer et célébrer chaque moment de la vie de parents. Le local prévoit d’ouvrir fin 2024, près du Médipôle. On pourra y trouver des vêtements, des livres, comme des conseils et des amis bienveillants. 

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Christelle, très émue de présenter son projet © NeoTech

Dernier projet, non présent lors de la séance de « pitch« , celui de Ty Junior Jomessy. Le jeune homme originaire de la tribu de Banutr, à Ouvéa, souhaite ouvrir un studio de mixage sur son île natale. Après des études dans l’audiovisuel et ingénieur son, il veut aujourd’hui lancer son entreprise. Il vise un public venant de son île comme de la Grande Terre voire du Pacifique. Il propose du mixage et du montage son pour les productions audiovisuelles

Agriculture, environnement, tourisme, parentalité, audiovisuel, les projets de cette première édition de French Tech PREPA Tremplin ne manquent pas d’ambition. Toutes et tous terminent l’année avec la satisfaction du devoir accompli. Reste à savoir si en 2024, les Calédoniens seront en mesure de voir se concrétiser ces neuf projets innovants. Le deuxième volet de Tremplin permettra à certains de ces projets de se concrétiser via une incubation à l’incubateur NC et un financement de Bpifrance !

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