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V2O Marine se soucie de notre océan © V2O Marine

Chers lecteurs, l’océan est notre maman ! Le problème, c’est qu’elle souffre actuellement d’un cancer généralisé causé par ses propres enfants capricieux qui la souillent encore et encore… Pourtant, tous les “enfants” ne sont pas à noyer immédiatement car nombre d’entre eux innovent et agissent pour préserver sa santé. Aux détours de cette série d’articles sur la thématique “Ocean Tech“, la rédaction vous propose de découvrir les projets de ceux qui ont choisi de guérir plutôt que de détruire…

Pour ce premier épisode, partons débarrasser les océans des déchets flottants avec l’ingénieux concept de la startup marseillaise créée par Rémi Allain : « V2O Marine ».

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Du plastique en veux-tu, en voilà !

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Un pollution plastique démesurée © Canva

Les déchets en mer sont de nature et de taille très diverses : mégots, cotons-tiges, filets de pêche, ballons de baudruche, masques chirurgicaux – cimer la COVID ! Parmi eux, les déchets plastiques, emballages ou sacs, sont de loin les plus répandus dans l’environnement marin. A l’échelle mondiale, les scientifiques estiment qu’aujourd’hui, 75 à 199 millions de tonnes se baladeraient dans nos océans, représentant 85% des déchets marins.

Et dans ce tableau souillé, la Méditerranée détient le triste record d’être la mer la plus polluée au monde avec plus de 600 000 tonnes de plastiques qui y sont rejetées chaque année. Avec autant de déchets accumulés, elle détiendrait même une concentration de microplastiques quatre fois plus importante que le 7e continent, sinistrement célèbre car intégralement constitué de plastiques. En conséquence, à ce jour, la « mer entre les continents » reste la plus polluée au monde alors qu’elle ne représente que 0,8% de la totalité des eaux de la Terre 

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Un déclic écologique

Rémi Allain a toujours vécu à proximité d’un littoral. Pendant dix ans, il a travaillé en tant qu’ingénieur, à quai, notamment sur les chantiers navals. Attiré par l’exploration des extraordinaires fonds marins marseillais, il a observé une détérioration de plus en plus grande de l’état des eaux méditerranéennes. 

« J’en ai pris pleinement conscience lorsque j’ai observé, au large de Marseille, un dauphin remonter à la surface pour avaler des sacs plastiques. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester les bras croisés. Je devais mettre à profit mon expertise technique afin de développer ma propre solution. »

Rémi Allain, amoureux transit de la mer

En 2021, pour lutter contre ce fléau, Rémi a décidé de prendre le large et de lancer sa propre entreprise : « V2O Marine ».  Succès prématuré… car de nombreux investisseurs se sont rapidement intéressés à son projet. Par la suite, il a intégré l’incubateur « Marseille Innovation » et la « French Tech Marseillaise, a obtenu des prêts d’honneur avec IMM et CAAP Innov Eco, des financements grâce à des BSA-Air et a réussi à captiver l’investisseur privé Laurent Atchekguezian avant de devenir membre, en prime, de l’association RespectOcean

La solution, baptisée « MPS » pour « Marine Pollution Solution », a nécessité trois ans de développement. Concrètement, l’innovation réside dans le fait qu’un filet de grande envergure est capable, non seulement de rassembler plastiques et autres déchets flottants à la surface, mais également toutes sortes d’hydrocarbures et autres algues toxiques. Accroché à la poupe du bateau, ce filet géant a une envergure de déploiement pouvant aller jusqu’à soixante mètres. Un véritable ratissage !

Cette innovation fait office, si l’on peut dire, de serpillère ou d‘éponge géante. Le filet est capable d’absorber les hydrocarbures déversés le tout sans piéger l’eau. Fabriqué à partir de fibres hydrophobes, il présente une structure multicouches à même de neutraliser différents types de produits pétroliers car, sachez-le, il peut y avoir différents types de marées noires composées d’hydrocarbures lourds ou légers. 

Pour son concepteur, le procédé devait répondre à plusieurs objectifs : trouver la meilleure configuration pour balayer la surface la plus large possible, diminuer la consommation de carburant des navires remorqueurs et ratisser un maximum de formes de pollutions flottant à la surface. Spontex.

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Un Caillou libéré du plastique ?

Aujourd’hui, Rémi est entré en phase de commercialisation de sa solution. Pour ce faire, il a rencontré les acteurs français de la dépollution maritime pour leur présenter son projet innovant. Qui dit commercialisation, dit internationalisation : une potentielle bonne nouvelle “tech” pour le Caillou ? Ce râteau des mers, adaptable à tous types de navires, de pollutions flottantes et de lieux – littoral, baie, haute mer – pourrait en effet bien convenir à notre île paradisiaque parfois empestée de bouteilles vides de Tulem. Et ça, on n’aime PAS !

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