La protection de l’environnement est un défi pour chaque être humain ! Alors que de nombreux indicateurs écologiques virent au rouge, l’innovation technologique peut jouer un rôle important dans cette lutte quotidienne pour la préservation de notre espace de vie. Dans ce contexte, chaque semaine, NeoTech vous fait découvrir une startup, locale ou internationale, issue de l’univers de la #GreenTech ; 

Et, non, vous ne rêvez pas, c’est bien de « pipi » qu’il s’agit ! Si les vertus de l’urine humaine pour la fertilisation des sols agricoles est connue de tous, ou presque, une jeune pousse greentech française l’utilise pour produire des fertilisants bio. La startup Toopi Organics souhaite ainsi installer 300 stations de traitement dans l’Hexagone. Une “pivolution” contre les engrais chimiques ! 

Toopi Organics greetech
Prêt à faire la “pivolution” ? © Toopi Organics

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Toopi Organics, le pipi comme raison d’être

En 2019, Pierre Huguier et Michael Roes ont une idée : utiliser l’urine humaine comme substrat de culture pour créer et développer des bactéries qui serviront ensuite d’engrais, de fertilisants ou de fongicides, selon leur nature. « Jusqu’à présent, deux techniques ont été envisagées pour sortir l’urine du cycle de l’eau et la valoriser sous forme d’engrais. L’utiliser de façon concentrée ou bien en extraire le phosphore. Mais aucune n’a de véritable logique économique… », argumente alors le Président-Fondateur de Toopi Organics, une startup qui porte bien son nom. 

Le procédé, si drolatique soit-il, est aujourd’hui breveté, aisément reproductible et ne coûte pas grand-chose car « la croissance microbienne est rapide et utilise un substrat, l’urine, qui est également gratuit », s’enflamme Michael. En effet, l’urine humaine, riche en azote, en phosphore, potassium (N, P, K) et en micronutriments rassemble toutes les qualités d’un milieu de culture optimal pour les micro-organismes. Sans compter que l’urine des Français coûte cher en eau – chasses d’eau – et en énergie – stations d’épuration – et qu’elle souille près de 6000 milliards de litre d’eau potable par an en Europe ! 

Toopi Organics en une vidéo © Toopi Organics

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Une innovation écologique, social, économique et géostratégique

Une première unité de production semi-industrielle de ces biostimulants a déjà été installée à Loupiac de la Réole et se targue sur son site d’avoir déjà sécurisé 3 millions de litres d’urine grâce à ces collectes. La startup compte désormais en déployer plus de 300 sur le sol métropolitain et propose désormais d’installer et d’opérer des usines de “valorisation de l’urine humaine” en partenariat avec les acteurs locaux : agriculteurs, collectivités territoriales, distributeurs d’engrais, coopératives agricoles et professionnels de l’assainissement. « 300 unités de traitement réparties sur le territoire permettraient de traiter 1 % de l’urine des Français , récupéré auprès des laboratoires d’analyse médicale, des gestionnaires d’événements sportifs ou de grands bâtiments publics. Cela permettrait à l’agriculture d’être autonome en engrais. », ajoute le fondateur. 

La solution technologique est non seulement innovante mais elle s’inscrit également dans un modèle d’économie circulaire, locale et donc reproductible. Grâce à cette proximité et aux circuits courts, l’empreinte écologique du modèle est ainsi quasiment nulle. Outre les impacts environnementaux positifs – recyclage de l’urine, préservation de l’eau potable, baisse des émissions de gaz à effet de serre et réduction de l’impact carbone -, le projet s’inscrit dans une démarche sociale de préservation de la santé et de renforcement du lien « urbain – rural ». Économiquement, son coût pour les agriculteurs serait dix fois moins cher et il permettrait en outre de créer plus de 1000 emplois directs non délocalisables dans les six prochaines années. Le tout en aidant la France à réduire sa dépendance envers les pays exportateurs d’engrais comme la Russie, la Chine et le Maroc. 

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2022 – 2025, à la conquête du monde ! 

Si la première phase de déploiement a donc débuté en métropole, le développement de la startup à l’international se poursuit après une récente levée de fonds de 3,8 millions d’euros. L’ambition ? Conquérir les États-Unis, l’Argentine, la Chine et une partie de l’Europe entre 2022 et 2025. Laissons le soin au célèbre Milan Kundera de conclure cette drôle d’innovation : « Uriner dans la nature est un rite religieux par lequel nous promettons à la terre d’y retourner, un jour, tout entier. ». Amen ! 

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