Chers lecteurs, l’océan est notre maman ! Le problème, c’est qu’elle souffre actuellement d’un cancer généralisé causé par ses propres enfants capricieux qui la souillent encore et encore… Pourtant, tous les “enfants” ne sont pas à noyer immédiatement, car nombre d’entre eux innovent et agissent pour préserver sa santé. Aux détours de cette série d’articles sur la thématique “OceanTech”, la rédaction vous propose de découvrir les projets de ceux qui ont choisi de guérir plutôt que de détruire…

Dans le précédent épisode, nous avons mis en lumière le projet novateur de la startup britannique Global OTEC. Cette semaine, plongeons – littéralement – dans le domaine maritime avec une jeune pousse basée à Marseille, forte de plusieurs années d’expérience : Seacure, anciennement connue sous le nom de Geocorail. Son objectif ? Combattre l’érosion côtière en utilisant une méthode 100% naturelle, l’électrolyse de l’eau de mer.

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Ça bouge sous les océans

Le recul des côtes sous l’effet de l’érosion littorale est un « phénomène naturel » dont les conséquences vont être aggravées par le changement climatique. En effet, depuis maintenant des millénaires, l’océan grignote les plages et les dunes. Seulement, avec le réchauffement climatique, le niveau marin s’élève petit à petit, faisant reculer les côtes de dizaines de kilomètres et altérant la faune et la flore environnantes. La startup Seacure s’attelle alors à « concevoir, innover et protéger » grâce au procédé breveté Geocorail pour lutter contre l’érosion côtière et le recul du trait de côte. 

Seacure
Première expérimentation © Seacure

Bien que Seacure ait été fondée en 2012, son expérience ne date pas de cette période. En réalité, l’histoire de l’entreprise remonte aux années 80 lors d’un chantier d’atterrage du câble électrique alimentant Belle-Île en Mer. Une erreur de positionnement de l’anode sur un dispositif de protection cathodique a conduit à la formation accidentelle d’un amas rocheux naturel. C’est ainsi, par erreur – comme la tarte tatin –, que le procédé de l’électrolyse de l’eau de mer a été découvert. S’en est suivi « quelques » années de recherche et développement – R&D pour les connaisseurs – afin de mettre au point une solution innovante qui se baserait sur ce phénomène naturel. 

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Dernières réalisations © Seacure

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D’un principe naturel à une utilisation innovante

Ainsi, la société a créé le Geocorail, une « roche naturelle » fabriquée in situ par électrolyse à partir des sels minéraux et des sédiments naturellement présents dans l’écosystème marin. Ce conglomérat rocheux 100% naturel offre une alternative durable pour la construction et la réparation d’ouvrages maritimes. Facile à mettre en œuvre, il permet aux maîtres d’ouvrages de garantir la durabilité de leurs structures tout en réduisant l’impact environnemental et en optimisant les coûts sur le long terme. 

« Il peut servir pour aménager des falaises, des côtes ou des ports qui sont dégradés par l’érosion marine. De plus, il se fabrique là où le besoin se situe à savoir le long du littoral ou dans la mer. »

Alexandre Pennaneac’h, responsable de projet Blue Thau Lab

Le principe de fabrication est plutôt « simple ». Une grille métallique, reliée à un générateur de courant, est positionnée à l’endroit où le Geocorail doit être produit. En injectant un courant électrique continu de très basse tension dans le dispositif, une réaction électrochimique se crée, provoquant la précipitation d’ions de calcium et de magnésium. Lorsque ce dépôt calco-magnésien entre en contact avec les sédiments et les débris coquillers avoisinants, une concrétion rocheuse se constitue sur la structure cathodique. Autrement dit, un faible courant électrique sous l’eau suffit pour qu’un rocher éco-conçu se développe. Ce dernier peut grandir d’environ cinq centimètres par an, parfois même plus !

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Un principe plus « simple » © Seacure

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D’un GEOCORAIL, deux coups !

Le recul du trait de côte constitue un problème majeur pour la Nouvelle-Calédonie, en particulier dans des zones bien visibles tels que les îlots. Et si la vaste aire marine protégée de la Nouvelle-Calédonie, de 1,3 million de kilomètres carrés, pouvait renforcer davantage son écosystème sous-marin déjà bien préservé tout en adressant le défi de l’érosion grâce à la solution novatrice de Seacure ? 

Au-delà de sa fonction première, le Geocorail peut également servir de récif naturel-artificiel pour les poissons et donc favoriser la biodiversité sous-marine : « La volute sert à accueillir des populations sous-marines qui trouvent refuge, nourriture et pourquoi pas gîte dans les diverses formes de cavités qu’elle offre. »

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