C’est au fond d’un couloir des locaux de la CCI que NeoTech a poussé la porte du bureau d’Éric Olivier, le coOrdinateur de l’Observatoire Numérique NC, pour échanger sur sa vision globale de la transformation digitale du territoire ; l’occasion d’aborder également les résultats du dernier Baromètre Numérique des Entreprises réalisé par l’association. Spoil Alert : Éric est aussi dynamique que le hashtag #PourUneDynamiqueNumériqueEthiqueEnNC qu’il promeut !

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Bonjour Eric, peux-tu nous présenter l’ONNC et nous raconter son historique depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?

Bonjour NeoTech ! Agitateur du numérique en Nouvelle-Calédonie depuis 2011, l’Observatoire Numérique (ONNC) a proposé dès sa création la première édition d’un Baromètre Numérique de Nouvelle-Calédonie en 2011 sur quatre volets (Administrations, Ménages, Entreprises, géographie des réseaux). Sous son statut d’association loi 1901 (à but non lucratif), l’ONNC est passé par 3 grandes périodes :

  • De 2012 à 2015/2016 un travail de structuration de l’écosystème numérique du territoire. En partenariat avec l’ACTIC (Association Calédonienne des TIC historique qui regroupait de nombreux DSI, dissoute en 2020), c’est notamment avec l’organisation des « Carrefours des professionnels » par thématiques numériques (e-commerce, production logicielle et progicielles…etc.) que les professionnels ont pu dès 2015 se regrouper autour d’une grappe d’entreprises numérique (initialement appelée ThinkIt et devenue aujourd’hui OPEN NC – Organisation des Professionnels de l’Économie Numérique). La capitalisation des constats, des enjeux et des pistes d’actions partagés par ces professionnels pour le développement du secteur s’est faite à travers le Livre Blanc 2.0 (2014) puis sa synthèse 3.0 (2016).
  • De 2015 à 2019 un travail de diffusion important a été mis en œuvre pour augmenter le niveau de culture numérique des professionnels usagers avec les partenaires « ensembliers » – Chambres consulaires (CANC, CCI, et CMA) et organisations patronales (CPME et MEDEF) notamment. Cela a permis d’augmenter leur considération du phénomène mondiale de la digitalisation, car la prise de conscience de ces enjeux est « naturellement » moins évidente pour ces acteurs économiques non-inscrits dans l’univers numérique et aux cœurs de métiers parfois spécifiques (industrie, artisanat…Etc.)
  • Depuis 2019, avec les évolutions de contextes et d’enjeux pour le territoire et ses acteurs, l’association, malgré des ressources en baisse constante, se repositionne pour répondre aux attentes. Ainsi depuis 2020, au-delà de nos feuilles de route annuelles, notre plan stratégique à 3 ans propose de (re)tisser des liens opérationnels avec différents organismes (ISEE, IEOM, ACNC…etc.), pour enrichir la capacité de collecte de données et donc, par découlement, de production ou de mise à disposition de l’association.

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Quelles sont les principales missions de l’Observatoire ? Quels sont ses principaux partenaires ?

Nous avons trois missions majeures ; tout d’abord et très naturellement, l’« Observation », notre raison d’être première, qui se fait sous 3 grandes couches « successives » en termes de développement numérique, soit : les réseaux, les équipements, les services et usages.

Deuxième mission, la mise à disposition de nos publications et leur diffusion à travers des interventions ou animations auprès des professionnels, notre cœur de cible, et ponctuellement auprès du « grand public » lorsque nos partenaires le demande. Cette mission est essentielle pour permettre une culture éthique du numérique en Nouvelle-Calédonie, en apportant des points de repère et créer de l’appétence (économique, social, sociétale…) et des perspectives d’usages par les professionnels.

Troisième mission, la mise en relation entre professionnels de la filière et entre acteurs de la filière et les professionnels des secteurs dits « usagers », c’est-à-dire non-inscrits dans le secteur numérique.  En effet, l’ONNC est le premier portail d’entrée pour des prises de contacts avec l’univers numérique du territoire, étant la première communauté numérique locale sur les réseaux sociaux avec pas moins de 1 717 abonnés sur LinkedIn et 1 599 abonnés Facebook !

Du côté des partenaires, nous avons « naturellement » connus des cycles successifs, en résonnance avec les trois grandes périodes de vie de l’association. Historiquement, on notera le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (seul membre permanent de notre Conseil d’Administration), l’OPT et l’Université qui ont impulsé la création de l’association et maintenu leur soutien jusqu’ici. L’ACTIC a également joué un rôle majeur pour et lors de cette « naissance ».

Sur les premières années nous avons fédéré principalement, et quasiment tous, les acteurs de la filière numérique qui composaient alors « LE » tissu professionnel à accompagner dans sa structuration. Les années suivantes, il y a eu différents « regroupement de volontés », que ce soit avec les FAI, des opérateurs majeurs (Axians, Intelia, Canal +…), les chambres consulaires et organisations patronales, ou encore des « secteurs d’activité usagers » … en tous cas pour ceux qui prenaient conscience des enjeux « à l’heure du numérique » !

C’est ainsi logiquement, que des partenariats ont été tissés pour proposer des éclairages sur le numérique dédiés à ces secteurs allant de la culture à l’agriculture, en passant par le BTP, les consommations médias, l’éducation, l’immobilier…etc.

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Comment fonctionne le business model de l’ONNC et comment fait-on pour y adhérer ?

Les adhésions assurent le fonctionnement de l’association et des partenariats peuvent s’y superposer pour soutenir les projets majeurs – études et/ou évènements. Jusqu’en 2019, il n’y avait pas réellement de modèle économique puisque, depuis sa création, un fond de roulement permettait à l’association d’assurer ses missions avec, dès 2015, des efforts des permanents pour assurer une disponibilité de trésorerie dans un contexte économique général et sectoriel en modification.

En 2019, notre Conseil d’Administration a décidé de réserver nos publications intégrales à nos adhérents et partenaires, là où les versions de synthèse et infographiques continuent d’être diffusées à tous les publics. C’était un premier point de révision majeure du modèle économique

En 2021, nous proposons une nouvelle grille d’adhésion 2022 pour nos partenaires privés afin de leur faciliter l’accès à notre offre de services, par ailleurs éclaircie. En parallèle, avec les institutions et organismes publics, nous continuerons de fonctionner avec des conventions de partenariat, ce qui nous éloigne du modèle de « simples » subventions puisque « convention = contreparties » et ce, en termes de missions remplies.

Pour adhérer à l’ONNC, il suffit de remplir un premier questionnaire d’adhésion (disponible en ligne) et de le renvoyer à l’association qui vous envoie par la suite une facture annuelle de renouvellement. D’ici fin 2021, nous devrions donc avoir une nouvelle grille d’adhésion, une offre et un site révisés (simplifié pour les usagers de ce centre de ressources et permettre les adhésions en ligne). Le tout sera accompagné d’une campagne de communication dynamique. qui amènera, souhaitons-le, des ressources suffisante pour poursuivre la mise à jour de nos capacités de production et de respect de nos missions, qui nous semblent juste essentielles. 

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Vous venez de terminer un nouveau Baromètre Numérique des entreprises ; comment est-il construit et quels en sont les principaux enseignements ?

Tout d’abord, l’échantillonnage de ce nouveau Baromètre Numérique des Entreprises est composé de 1014 entreprises consultées contre « seulement » 538 en 2011. 

Baromètre Numérique 2021, tout savoir sur les usages numériques des entreprises © ONNC

Au niveau des “taux d’équipement“, il ressort une certaine stagnation, avec un glissement naturel vers des équipements mobiles et l’explosion du smartphone qui assure à la fois connectivité et mobilité. On note également l’intégration et l’utilisation de serveurs qui sont de plus en plus présents au sein des entreprises privées hors filière numérique, bien que cette notion, comme d’autres, appellent à un niveau de précisions plus poussé dans le temps puisque finalement, toutes entreprises exploitant des espaces en ligne « loue » en fait des emplacement de serveurs.

Concernant la « connexion », nous avons une augmentation des accès à l’internet fixe, que ce soit en ADSL ou en fibre et, surtout, une explosion des connexions de type 3G ou 4G (2011 = 6% vs 2021 = 56%) due au déploiement des réseaux et à l’évolution des formules d’abonnement mobile proposées par l’OPT. 

Niveau « sécurité », certains indicateurs n’existaient logiquement pas en 2011, comme avec la mise en place officielle du RGPD (Réglementation Générale de la Protection des Données) en juin 2019 en Calédonie (vs mai 2018 en métropole). Sur la cyber-sécurité, on note une stagnation des outils déployés à date et une diminution de la perception des attaques subies vis-à-vis du baromètre 2017-2018. Il existe encore ici une belle marge de progression dans la compréhension des enjeux en matière de cyber-sécurité : entre des attaques générales et des attaques ransomewares ciblées par exemple. 

Sur la couche des « outils » intégrés par les entreprises tels que les logiciels et progiciels, on note une croissance des outils classiques de type bureautique et du stockage partagé sur le cloud. On voit également une évolution sur les usages d’intranet par rapport à 2018 avec un doublement du nombre d’intranet recensés (15% des entreprises concernées en 2021). 

Au niveau des « usages », nous avons une stagnation de l’usage des messageries électroniques par rapport à 2011 et 2018. On voit naître des points d’intérêts nés de la crise sanitaire, notamment sur la visioconférence : 10% en 2011 VS 23% en 2018 et 35% en 2021). La vente en ligne est aussi en progression significative. Pour précision, on ne comptabilise pas dans ce chiffre les purs players e-commerçants mais des entreprises classiques qui sont désormais 10% à exploiter de nouveaux modes de vente à distance : click and collect etc. 

On notera par ailleurs une augmentation de la présence des entreprises sur les « réseaux sociaux » car l’augmentation de la visibilité en ligne est l’un des enjeux les mieux compris en matière de digitalisation des entreprises. Elles sont donc une sur deux à être présentes sur les réseaux sociaux. Cela signifie également que l’autre moitié des entreprises n’y voient pas d’intérêt : alarmant ? Ne pas être sur les réseaux sociaux lorsqu’on cherche de nouveaux clients ou à augmenter son CA me paraît un exercice délicat en 2021… 

Côté « écoresponsabilité », près de 40% des entreprises recyclent leur matériel informatique contre seulement 17% en 2011. On remarque ainsi une vraie prise de conscience sur le sujet, tout comme sur la limitation des impressions papier (67% vs 74%). 

Côté « Pratiques et organisation du travail », le télétravail était proposé par seulement 2% des entreprises en 2011, puis 13% en 2018 et finalement 39% en 2021 ! On souligne les efforts du Gouvernement et du Congrès qui ont accéléré la promulgation de textes législatifs sur le télétravail en 2021, initialement prévus pour 2023. Toujours concernant les pratiques, le niveau de culture et d’usage des ordinateurs et d’internet au travail est en augmentation : 14 points de plus sur l’usage d’internet en entreprises vis-à-vis de 2011. Cet indicateur souligne la multiplicité des usages : veille, e-administration, e-commerce B2C et B2B, communication en ligne etc. 

Sur la partie « Perspectives », on a une baisse des projets de développement du numérique au sein des entreprises qui peut être interprétée de différentes manières. D’autre part, seulement 15% des entreprises prévoient des formations en informatique pour les collaborateurs contre 31% en 2011 ce qui peut signifier que les collaborateurs ont été formés et/ou que les entreprises ont moins de vision (besoins précis et/ou offre) sur les formations actuelles à proposer à leurs salariés pour qu’ils soient encore plus productifs sur leur métier.

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Quelles sont les forces et faiblesses du territoire en matière de numérique ? 

Au sens large, je pense qu’il y a une forme de résilience naturelle des entreprises par rapport à notre contexte ilien : les calédoniens s’adaptent parfaitement aux contraintes extérieures et intérieures. De plus, nous disposons d’une filière numérique vraiment compétente complétée par de nombreuses formations adaptées aux besoins du territoire (Licences MMI et MIAW, MASTER MIAGE à l’UNC ; F.C.I.L e-commerce à venir dès 2022 au LPFA de Bourail, BTS négociations digitales de la Relation Client dans les lycées, dont ce dernier, …etc.). Sans revenir sur la formation continue et les offres des instituts et autres écoles qui intègrent de plus en plus la dimension numérique.

En Calédonie, les entreprises ont la possibilité de contacter plusieurs prestataires en fonction de leurs typologies et de leurs besoins spécifiques. En outre, il existe une réelle volonté de la part de la filière mais aussi des acteurs privés de développer le numérique en Calédonie, aussi bien sur les enjeux économiques que sociétaux (Civitech, valorisation de la culture etc.). La NC a encore le choix de son identité numérique !

La formation et la sensibilisation au coeur des enjeux de la filière numérique en Calédonie © ONNC

Côté faiblesses, nous avons encore un gros travail d’information et de sensibilisation à réaliser pour une prise de conscience des enjeux « du numérique ». C’est un travail collégial à développer au niveau des associations, des entreprises, des institutions, des médias afin de porter ces messages positifs et justes autour du numérique car nous avons des enjeux de rayonnement et d’image du territoire qui vont au-delà du secteur du numérique lui-même ; l’exemple du tourisme est sans doute la meilleure illustration de cette ambition. On ne maîtrise pas encore l’image numérique de la Nouvelle-Calédonie malgré la bonne volonté générale. Cela est un frein possible à l’objectif d’être une terre d’attractivité « au-delà de la carte postale » et d’investissements… 

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En quoi le numérique permet-il aux entreprises calédoniennes de réaliser des gains de productivité et quels secteurs sont particulièrement concernés ?

Pour illustrer ce sujet, prenons quelques exemples ; le télétravail en est un bel : il est avéré que la mise en place d’un télétravail bien géré représente un gain de +20 – 25% de productivité des collaborateurs. Certaines entreprises vont conserver ce gain, ou encore le partager avec, par exemple, aller jusqu’à proposer la semaine de quatre jours qui permet simultanément de gagner en productivité mais aussi de récompenser ses salariés et d’augmenter la sensation de bien-être au travail

Dans des secteurs traditionnels tels que l’industrie ou l’agriculture, le numérique permet également d’importants gains de productivité avec les objets connectés. D’autre part, l’exemple d’un service de restauration est parlant : la différence de temps passé entre les prises de commandes par papier par rapport aux commandes en ligne est énorme ! A ce titre, la digitalisation représente un réel gain de temps et donc d’argent, car impactant les process métiers ! 

Par ailleurs, nous sommes aux prémices du déploiement de l’iA (Intelligence Artificielle) sur le territoire. Cette technologie générera sans aucun doute des gains de productivité énormes, qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs, et des perspectives intéressantes. C’est un pan technologique et numérique que nous devons continuer à explorer ! 

Concernant les secteurs, la filière numérique a finalement bénéficié d’un effet d’aubaine avec les confinements ; d’autres secteurs, comme le commerce par exemple, sont impactés par le numérique : digitalisation des commandes, du paiement, de la livraison etc. Ces transformations numériques bénéficient alors indirectement à d’autres cœurs de métiers comme les services de livraison par exemple… Néanmoins, beaucoup de secteurs restent encore à adresser ! L’ONNC œuvre constamment auprès des secteurs peu digitalisés mais on constate, depuis 2017, que l’ensemble de l’économie se mobilise petit à petit et s’engage dans une démarche de digitalisation, ou a minima d’une réelle réflexion. 

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Quelle est ta vision personnelle de la transformation numérique du tissu économique calédonien ? 

Au niveau global, comme partout, nous avons des fers de lance porteurs de cette volonté d’innovation et d’inventivité, principalement dans la filière, mais pas que ceci-dit. Si la partie « communication et réseaux sociaux » reste la porte d’entrée générale à la transformation digitale puisqu’étant la « partie visible de l’iceberg numérique », la transformation digitale suit son cours avec des bonds ponctuels. Ces « booms numériques » sont amenés soit par contexte (comme le confinement), soit grâce aux actions et évènements proposés aussi par ces acteurs-poissons-pilotes, suites auxquels tout un lot d’entreprises se mettent au pas pour, entre autres, s’aligner sur leur concurrence qui a parfois pris plus tôt le virage numérique.

D’autre part, on a beaucoup d’entreprise unipersonnelles, les « patentés », qui utilisent ces outils numériques comme caisse de résonance pour servir leur visibilité et, en parallèle, créer du lien dans la vie réelle. Il y a encore du chemin à faire mais les prises de conscience successives alimentent la filière qui doit s’adapter à cette variabilité des secteurs qu’on soutient : on ne met pas les mêmes choses en place lorsqu’on parle d’agriculture ou de BTP ou encore de tourisme… 

Enfin, il est à noter que le fort développement de l’e-administration, dans une volonté de simplification administrative, participe pleinement à cette transformation et se trouve ainsi parmi ces acteurs pilotes.

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En quoi l’écoresponsabilité numérique est-elle devenue une problématique majeure et quels sont tes conseils pour s’approcher d’une empreinte la plus faible possible ? 

Pas de problèmes, que des solutions ! Sur ce vaste sujet, comparons l’usage du numérique à l’usage de la voiture ; le premier signal que le consommateur reçoit, c’est l’autonomie, la sensation de liberté… Or, on sait désormais tous que l’usage d’un véhicule personnel, comme celui du numérique, créent des formes de pollution. Et au-delà des indispensables réseaux, cela reste valable sur les deux autres couches d’observation ! Que ce soit l’équipement qui requiert des extractions de matériaux, ou la consommation électrique liée aux outils ou le stockage des données dans des serveurs éloignés, il faut comprendre que notre empreinte numérique n’est pas neutre pour l’environnement. J’aime bien cette phrase :

« En 2017, on produisait dans le monde en 1 minute de photos numériques l’équivalent de 7 bibliothèques d’Alexandrie ».

Vous imaginez la quantité de données à stocker à l’échelle mondiale et la pollution que cela représente ? A date nous serions dans un contexte où environ 90% des données existantes stockées ont moins de 2 ans. La définition des usages à venir, de la création à la suppression des données et contenus, semble donc encore plus importante à considérer que l’usage passé-actuel !

L’ONNC donne l’exemple : le recyclage des outils informatiques © ONNC

Si l’on veut réduire cette empreinte écologique, on doit donc faire un tri tant dans les usages (et donc la création) que le stockage des données et contenus qui n’ont pas spécialement de valeur. On peut les compresser, les éliminer, ou les déverser pour la collectivité dans des plateformes d’Open Data, comme celle qu’à mise en place le gouvernement. Sachant que ce dernier geste reste favorable à l’innovation. 

Éteindre ses équipements informatiques après usage, éviter la synchronisation automatique de ses appareils, diminuer les nombreuses notifications reçues, ne pas photographier un post-it… la liste est presque infinie, comme les usages et usagers ! Aussi, pour réduire son empreinte chacun doit analyser ses propres usages et comprendre où il peut économiser des contenus, de l’énergie, du matériel, voire du temps ! A ce titre, le côté éphémère de Snapchat me plaisait bien car le contenu était supprimé après un bref moment…

Plus généralement, il faut avoir conscience de la réalité des choses : le cloud propose de « dématérialiser » notre stockage, mais il ne fait que le déplacer « hors de vue » car il existe réellement des serveurs qui consomment énormément d’énergie pour stocker nos « contenus ». Pour une entreprise, il est essentiel de s’inscrire dans une démarche éthique de fond, et pas uniquement avec un « green washing*» dans leur communication, car c’est peut-être encore plus risqué pour elle. Si la démarche est sincère et concrète, on ne peut que les inviter à solliciter des ambassadrices, you-tubeurs/Tik-Tokeurs et autres influenceurs pour le faire savoir, quitte à se retrouver dans des campagnes de communication « viralement éthiques » !

* le green washing est le fait de ne présenter que les points vertueux (et souvent existants « par ailleurs » voire « par un tier ») d’une démarche productive pas plus respectueuse dans le fond de l’environnement.

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Tu as mentionné pendant la conférence de presse pour le lancement du Baromètre numérique des Entreprises que les calédoniens étaient désormais des « consom’acteurs » ; comment définirais-tu ces nouveaux consommateurs et quelles sont leurs attentes en matière d’expérience client ?

Un « consom’acteur » est un citoyen qui porte une plus grande attention à ce qu’il consomme ; la surconsommation des années 80 n’est plus d’actualité et les entreprises doivent faire attention à ce qu’elles mettent sur le marché car elles doivent assumer les caractéristiques de leurs produits ou services vendus.

Ce « consom’acteur » va prendre en compte, certes le rapport prix/revenus, mais surtout de plus en plus un ensemble d’indicateurs (« conscientisés ou non ») préalables à son acte d’achat : pays d’origine, mode de production, composants du produit et, en fonction de ces informations, il sélectionne ensuite une marque plutôt qu’une autre. De plus, ce « consom’acteur » va consulter des avis et partager le sien sur les réseaux sociaux, sur le web, noter et décortiquer les offres, ce qui peut largement nuire à la réputation d’une entreprise et donc à ses ventes… 

C’est également le cas en B2B d’ailleurs : les entreprises doivent être cohérentes et porter une réelle attention à leur façon de produire et de consommer. Elles deviennent également peu à peu des « consom’actrices » ! D’ailleurs, on parle désormais d’éthique plus large – production bio, sans travail d’enfants, éviter les lointaines importations ou la production de masse etc. -, de personnalisation de l’offre et d’expérience client : charge à l’entreprise de réfléchir sérieusement à ces problématiques et d’apporter des solutions concrètes ! 

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Un dernier mot pour la fin ? 

Question risquée avec moi !

Alors je dirais simplement : #PourUneDynamiqueNumériqueEthiqueEnNc ! 

C’est notre slogan depuis notre création et, évidemment, une expression de notre raison d’être !

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