Dans le cadre du « Tech4Good by NC », un appel à projet à destination des femmes entrepreneures du Caillou a été lancé par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Trois thématiques étaient à l’honneur : « Women in Tech », « Tech for Women » et « Numérique et Inclusion ». Ainsi, le 1er décembre dernier, six prix ont été décernés à la Station N, en présence de Christopher Gygès, d’Isabelle Champmoreau et de Naïa Wateou (Province Sud).
Après avoir rencontré Solène Protat, l’une des lauréates Women in Tech, prix ”Amorçage”, c’est aujourd’hui au tour de Delphine Mallet de se présenter : lauréate du prix « Accélération » pour son projet PICTUM, un outil de reconnaissance automatique des poissons en temps réel pour les aquariums, elle revient sur son parcours et sa solution novatrice boostée à l’intelligence artificielle.
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Bonjour Delphine et bienvenue sur NeoTech ! Peux-tu nous parler de ton parcours et de ton activité actuelle ?
Bonjour NeoTech ! Je m’appelle Delphine Mallet, je suis titulaire d’un doctorat en écologie marine de l’Université de la Nouvelle-Calédonie (2014). Je travaille sur l’analyse des vidéos d’échantillonnage de la biodiversité marine depuis quatorze ans.
Mon expérience et mes connaissances sur le traitement d’images pour la biodiversité marine m’ont amené à créer la startup VISIOON en 2021. VISIOON est une startup de la French Tech Nouvelle-Calédonie, spécialisée dans le traitement des images et de la vidéo. Nous sommes experts en échantillonnage scientifique de poissons.
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Tu travailles donc dans le domaine de l’observation marine. Quelles sont les technologies que tu utilises dans ton métier au quotidien et à quelles fins ?
En effet, nous avons développé des logiciels vidéo pour gagner du temps et augmenter la précision dans cet exercice complexe. Notre dernier produit, PICTUM, est un outil de reconnaissance automatique des poissons en temps réel développé pour les aquariums.
Nous évoluons dans le domaine de la reconnaissance d’image, sous-catégorie de la « Computer Vision » et de l’intelligence artificielle. Il s’agit d’une technologie qui est capable d’identifier des lieux, des personnes, des objets et plusieurs autres types d’éléments et d’en tirer des conclusions en les analysant. Plus simplement, nous travaillons à reconnaître des poissons dans leur environnement naturel.
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Ta startup VISIOON est l’une des startup à impact identifiée en 2021. Est-ce que 2022 a été, elle aussi, une année charnière pour toi ? Où en es-tu dans les projets que tu développes ?
A ce jour, nous commercialisons deux outils différents : un logiciel d’analyse de vidéos d’échantillonnage de la faune dédié aux instituts de recherche et aux bureaux d’études en environnement, ainsi qu’un outil de reconnaissance automatique en temps réel, dédié aux aquariums (PICTUM). Nous travaillons également en collaboration avec l’Université de la Rochelle pour du traitement d’images plus approfondi.
Enfin, nous finalisons actuellement notre levée de fond afin d’optimiser encore certains de nos processus et être en mesure de répondre à une forte demande de notre clientèle.
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Tu as participé au Tech 4 Good Summit NC pour présenter cette solution innovante. Peux-tu en dire plus à nos lecteurs ?
PICTUM est un système connecté, intelligent et interactif de reconnaissance automatique des espèces marines in situ. C’est un outil ludique qui permet à un utilisateur de localiser, d’identifier et de s’informer sur la faune marine en temps réel.
Tous les aquariums du monde proposent aux visiteurs des illustrations visuelles et des descriptions des principales espèces présentes dans les différents bassins. Ces illustrations, appelées « cartels », sont fixées autour des bassins. Dans la pratique, les visiteurs les utilisent pour s’informer et s’amuser à retrouver les espèces correspondantes. En réalité, il n’est pas toujours facile de faire le lien entre l’image du cartel et le poisson présent dans l’aquarium. Cet échec génère souvent de la frustration chez le visiteur qui se sent moins actif dans sa visite.
Notre outil propose donc de moderniser cette approche de façon ludique et interactive. Sur un écran diffusant une vidéo de l’intérieur du bassin en temps réel, l’utilisateur pourra trouver réellement l’espèce qu’il cherche ou qu’il a sous les yeux. C’est aussi une façon de fournir les information sur les espèces et leur environnement.
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Dans la foulée, tu as été récompensée par le prix « Accélération » de l’appel à projets Women In Tech. Qu’est-ce que ce prix représente pour PICTUM et à quoi va-t-il servir ?
Quand l’AAP a été lancée, je me suis tout de suite sentie concernée. C’était l’occasion pour mettre en avant tous les efforts physiques, psychologiques et financiers que je place dans le développement de mon activité depuis de nombreuses années.
Pour en arriver à présenter ma candidature, j’ai dû franchir de nombreux obstacles et sortir de très nombreuses fois de ma zone de confort. Après mon doctorat en écologie marine, j’ai dû apprendre, me remettre en question et m’adapter dans le monde l’entreprenariat mais également dans le numérique, très loin de mes compétences d’origine. Au cours des dernières années, j’ai réussi à appréhender le langage et le fonctionnement du numérique dans un domaine aussi complexe que l’intelligence artificielle.
Pour moi, ce prix est avant tout une reconnaissance de l’intérêt de mon travail pour la communauté. C’est un soutien moral et financier à un moment où mon produit commence à trouver son marché. En toute honnêteté, ce prix est arrivé au bon moment car je commençais à fatiguer et ça m’a reboosté de me sentir soutenu !
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Women in Tech est un mouvement international qui aide les femmes à s’approprier l’univers de la technologie. Quel est ton avis sur la place des femmes dans la tech à l’international ? Et en Calédonie ?
Je pense que les femmes ont leur place dans cet écosystème ! S’il faut encore le dire, alors je le dis : les femmes sont tout aussi capables que les hommes et ceci dans tous les domaines ! Il ne devrait y avoir aucune différence de genre, ni au travail, ni ailleurs…
Le mouvement Women In Tech a le mérite de mettre en avant des femmes qui œuvrent dans le domaine de la technologie et du numérique. C’est le genre d’initiative qui donne envie à d’autres de suivre le mouvement.
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Selon toi, la technologie et l’innovation représentent-elle des solutions pertinentes pour préserver notre environnement et, en particulier, les écosystèmes marins ?
Bien sûr ! Il faut vivre avec son temps, non ? Les nouvelles technologies apportent beaucoup de solutions pertinentes et permettent de répondre à des questions qui restaient jusqu’à présent sans réponse.
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Si tu devais citer une startup inspirante dans le domaine de l’« OceanTech », laquelle choisirais-tu ?
C’est une question difficile et « pas sympa pour les copains » car il y a de très nombreuses startup inspirantes qui évoluent dans ce domaine !
Si je ne peux en nommer qu’une, je choisis Royal Recyl Boat. Cette startup calédonienne travaille sur le démantèlement des bateaux en fin de vie en recyclant l’ensemble des déchets ! Sur une île comme la nôtre, c’est un vrai besoin et un sacré défi quand on connait la difficulté de traiter certains types de déchets. Bravo et longue vie à eux !
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Des actualités à partager à nos lecteurs ?
Nous devrions avoir de nombreuses actualités cette année avec la finalisation de la levée de fonds. Sans trop spoiler, je peux vous dire que nous allons installer un PICTUM LIVE à l’Aquarium des Lagons et un à NAUSICAA (Boulogne sur mer) cette année.
Enfin, nous lançons également le développement d’une version « game » de PICTUM dédiée aux scolaires. Sa campagne de financement est en cours sur la plateforme SOS Corail ! Plein de projets géniaux sont en cours : vive 2023 !
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