L’Organisation des Professionnels de l’Économie Numérique (OPEN NC) a pour mission de structurer durablement la filière numérique en Calédonie. Pour soutenir cette mission, le cluster numérique dispose de quatre commissions qui “créent des groupes de travail pour mener des actions concrètes comme la création d’une filière cybersécurité en Nouvelle-Calédonie, l’élaboration d’un outil d’évaluation de la maturité numérique d’une organisation ou entreprise locale, ou encore la promotion de formations qui répondent aux besoins des professionnels du secteur“. NeoTech est allé à la rencontre du Président de la “Commission Formation”, Laurent Maillot, qui nous explique son fonctionnement et ses actions.
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Bonjour Laurent ! Tu es le Président de la Commission « Formation » du cluster numérique OPEN NC. Peux-tu nous présenter ton rôle ainsi que les missions de cette commission ?
La Commission “Formation” est la deuxième commission à s’être créée chez OPEN NC, il y a trois ans de cela. Notre objectif premier était de rechercher des professionnels dans l’économie numérique – c’est-à-dire l’informatique au sens large – car nous nous sommes rendu compte que nous avions un problème pour recruter dans cette filière. Trop peu de gens sur le territoire avaient les compétences requises, et trop peu arrivaient. Toutefois, nous avons ici un vivier de personnes avec un certain bagage technique qu’il suffisait de faire monter en compétences. Nous nous sommes donc appliqués à identifier les formations possibles qui permettraient de faire monter ces personnes en compétence, jusqu’à des postes d’ingénieur ou de technicien supérieur. Nous avons donc recensé nos besoins dans le numérique avant d’identifier les filières de formation capables d’y répondre.
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Quelles sont vos réalisations les plus récentes et sur quels projets d’avenir travaillez-vous actuellement ?
Nous sommes devenus en 2021 un centre de certification ICDL (International Computer Driving Licence). L’ICDL, c’est le nouveau nom du PCIE (Passeport pour les Compétences Informatiques Européen). Concrètement, il s’agit d’une certification qui couvre environ 15 champs différents de l’informatique : traitement de texte, développement web, base de données, tableur, PAO, marketing numérique… Cette certification est reconnue dans le monde professionnel à travers une centaine de pays. OPEN est donc devenu un centre d’examen et un certificateur ICDL pour la Nouvelle-Calédonie. Cela concerne évidemment les professionnels du numérique qui veulent se former, mais aussi l’ensemble des entreprises du territoire qui emploient du personnel informatique et qui voudraient faire reconnaitre leurs compétences.
Pour ce qui est des projets d’avenir, nous avons pour objectif de faire adhérer un maximum de professionnels à cette certification. Nous avons pour cela entrepris de contacter le FIAF (Fonds Interprofessionnel d’Assurance Formation), le Gouvernement, les Provinces… Nous avons pour espoir que cette certification soit reconnue de tous et qu’à l’avenir des aides puissent être accordées pour pouvoir la passer.
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Sur quels partenaires vous appuyez-vous pour dispenser ces formations et comment fonctionnent ces relations ?
On travaille avec les six ou sept OF (organismes de formation) qui sont membres d’OPEN. Ces organismes dispensent des formations dans le domaine du numérique, et OPEN s’occupera ensuite de les valider en faisant passer la certification. Cette séparation entre le formateur et le certificateur est bien sûr très importante pour éviter tout soupçon de favoritisme ou de connivence : tous les organismes de formation désireux de faire passer une certification sont donc les bienvenus chez OPEN !
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En quoi la formation est-elle capitale pour structurer la filière numérique en Calédonie et la développer ?
La formation permet de faire monter en compétences la filière. Aujourd’hui, cette dernière se développe et se trouve en phase de professionnalisation complète. Ce que l’on veut, c’est développer les compétences du personnel pour faire monter le niveau des entreprises du territoire. En effet, on constate que ces dernières n’ont pas toutes abouti leur transformation numérique et qu’elles utilisent parfois encore des outils obsolètes. Une formation de qualité est donc primordiale pour garantir des résultats qui permettront de remédier à cette problématique.
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Suite à une étude réalisée par votre commission, vous avez lancé les certifications ICDL comprenant 15 modules de formation en informatique. Peux-tu nous parler de ces certifications ?
Il faut déjà savoir que s’inscrire à l’ICDL est complètement gratuit : seule la certification est payante ! Les candidats se créent un compte qu’ils garderont à vie et qui leur permet de s’inscrire à différentes formations. Ils peuvent aussi gratuitement se tester afin de connaitre leur niveau sur un module donné et savent ainsi de quelle formation ils ont besoin. Une fois que les candidats se sentent prêts, ils peuvent passer la certification.
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En quoi répondent-elles à un besoin des Calédoniens ? Qui peut y accéder et comment ?
Ces certifications sont ouvertes à tout le monde ! L’intérêt pour les Calédoniens, c’est de pouvoir ajouter une compétence informatique certifiée sur leur CV. Jusqu’à présent, les entreprises faisaient des paris à l’embauche quant aux compétences de leurs candidats qui se bornaient à mentionner “traitement de texte” ou “excel” sur le CV. Aujourd’hui, la certification atteste tout de suite d’un niveau, un peu comme le TOEFL en anglais.
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A l’international, le secteur de la formation a accéléré sa digitalisation avec l’apparition du COVID ; quel état des lieux pourrais-tu faire à ce sujet en ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie ?
Actuellement, il existe en Nouvelle-Calédonie un carcan administratif qui est un peu problématique puisque, pour être valorisée, une formation doit remplir un certain nombre de critères. Dispenser des formations en ligne est encore un peu nouveau, avec seulement deux ou trois organismes – au niveau du Gouvernement ou du FIAF – qui tentent de faire bouger les lignes. Il demeure que, pour le moment, l’absence de cadre bien établi pour ces formations en ligne rend difficile leur valorisation par les pouvoirs publics.
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L’utilisation des EdTech dans un contexte pédagogique innovant est de plus en plus récurrente ; comment définirais-tu ce terme d’« EdTech » ? As-tu des exemples récents de technologies qui t’ont marqué ?
L’ EdTech est en effet à la mode ces temps-ci ! Il s’agit pour moi de dispenser une éducation à travers des groupes de travail qui ont recours aux nouveaux supports numériques, comme des tableaux de bord interactifs par exemple. Cette dimension numérique, elle est relativement nouvelle dans le domaine de l’éducation en général mais pas forcément pour les formations informatiques qui sont depuis toujours dispensées sur ordinateur. Quelqu’un qui fait un cours d’informatique ou de développement web, il le fait nécessairement avec un clavier et une souris !
Dans le secteur strictement informatique, les professionnels se forment le plus souvent via des cursus qui sont en dehors du territoire : il est donc nécessaire de suivre ces formations en ligne et à distance. Il s’agit là d’une tendance qui date d’il y a déjà plusieurs années, avant l’arrivée de la Covid.
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Que conseillerais-tu à nos lecteurs qui souhaitent suivre des formations professionnelles pour développer leurs connaissances en numérique ?
Je leur conseillerais de visiter la page ICDL d’OPEN NC ! Ils pourront ainsi se renseigner sur les différents modules proposés. Cette page renseigne également les contacts auxquels joindre les différents centres de formation partenaires d’OPEN qui pourront les accompagner dans leur démarche. Enfin, je leur conseillerais également de se créer gratuitement un compte ICDL et de tester leurs compétences. Ils pourront ainsi connaitre leur niveau et s’ils le veulent entamer une formation, seuls ou accompagnés.
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