C’est une course d’endurance qui s’est déroulée le week-end dernier à presque tous les étages du Business Center OoTECH : la deuxième édition locale du Ocean Hackathon® a tenu toutes ses promesses avec 48h de développements « non-stop ». Application pour pêcheurs non-professionnels, cartographie interactive des épaves polluantes ou encore application web autour des zones de blanchissement des coraux faisaient partie des défis proposés par les Calédoniens. Les participants avaient 48h pour prouver que la technologie pouvait répondre à des défis environnementaux. Clic. Word. Clic. Fichier. Clic. Nouveau Document… 

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OH7, 48h pour développer…

Il n’en restait plus que sept ! Après avoir déposé leur défis, récolté des données adéquates et constitué leur équipe pluridisciplinaire, nos sept mercenaires de la protection des milieux marins s’étaient donnés rendez-vous vendredi 2 décembre pour passer de la parole à l’acte et développer une solution digitale novatrice en réponse à un challenge. Après de longs mois de préparation, le business center OoTECH est devenu leur nouveau foyer. Répartis à travers les étages, salles et autres coins repos, les équipes ont ainsi sorti les ordinateurs pour « hacker l’océan ». Traduction : développer une solution digitale à l’aide de données pour répondre à un défi proposé par le porteur de projet. 

Après une cérémonie d’ouverture officielle diffusée simultanément à la Station N et dans la Salle des Nuages du business center, les équipes participantes se sont donc rassemblées pour réfléchir à la feuille de route de ce long week-end. Alors que « Le Baleineau Bleu », la mascotte peluchée de l’événement, terminait sa course sur la deuxième marche du podium international et que la soirée était déjà bien avancée, les équipes ne quittaient toujours pas le navire… A 23h, on pouvait encore trouver Christophe Iaïchouchen « linuxer » sur son clavier alors que Thomas Avron nourrissait son algorithme de deeplearning en sirotant sa troisième canette de Red Bull.  

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Coder ou dormir, il faut choisir !

Après une nuit blanche, la matinée se poursuivait dans la convivialité et la bonne humeur générale ; chaque équipe mettait à profit les compétences de ses membres pour progresser sur la solution digitale qu’il allait devoir présenter à un jury d’experts le lendemain. Petit-déjeuner blindé de viennoiseries pour remplir les estomacs, shots de jus de fruits pour les vitamines, caféine à foison pour stimuler les neurones, tout était mis en place pour favoriser le hacking de qualité. Midi « NeedEat » avec pizzas, burgers et sashimis. Aprèm « L’iNCubateur » avec coaching au pitch et à la prise de parole en public. Soirée « énervée » sur le clavier pour les retardataires. 

Après une seconde nuit blanche et un dimanche matin au taquet, les équipes rendaient sagement leur présentation avant de se présenter face à un jury composé d’une quinzaine d’experts locaux et régionaux. Les « pitchs » de trois minutes se succédèrent dans la langue de Shakespeare, juste avant que ne fusent les questions des experts et réponses timides des porteurs de projet. Chaque membre du jury attribuait une note sur 20 en fonction de critères oscillant entre la qualité de la présentation, la robustesse du business model, l’usage optimal des données ou encore la difficulté des développements. Roulement de tambours et départ pour l’UNC où se tenait la cérémonie de clôture de l’Oceania Geospatial Symposium au cœur duquel était intégré l’OH7

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And the winners are…?

And the winner is… ? Trois prix étaient décernés à l’issue de ces « pitchs » : un prix « local », un prix « régional » et le premier prix destiné au lauréat de cet Ocean Hackathon NC. Guillaume Terrien, notre rédacteur en chef, eut l’immense privilège d’appeler les gagnants sur scène après l’annonce officielle divulguée par les co-organisateurs et principaux partenaires financiers de l’événement. « Ice Breaker », un projet de prédiction des déplacements du bloc de glace antarctique basé sur l’intelligence artificielle, empocha le prix local. Côté « prix régional », c’est à l’équipe de Papouasie Nouvelle-Guinée du Docteur Sekac qu’il fut attribué pour « Geospatial Coral Watch », une cartographie interactive d’identification des zones de blanchissement des coraux. 

Sur la plus haute marche du podium, c’est le projet « Clean Up Wrecks » de Raphaëlle Danis qui emporta les suffrages. Sa cartographie interactive des épaves pleines d’hydrocarbures est un excellent outil d’aide à la décision pour les pouvoirs publics internationaux. En effet, savoir qu’à quelques milles de la Calédonie gît, depuis nombre d’années, une potentielle marée noire sous forme d’épave fuyante devrait servir à éveiller les esprits et à agir pour sauver l’océan qui nous entoure. Degrés de priorité, coûts associés, localisation géographique, fiche technique de l’épave et profondeur sont autant d’informations à disposition dans cette esthétique solution technologique. Mais, quittons désormais ces noires idées pour revenir aux dorures de la médaille ; l’Amphi 400 pouvait exulter, la team orga’ souffler, les porteurs de projet se congratuler, l’Ocean Hackathon venait de délivrer son verdict. 

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La « Tech » au service de notre planète

C’est donc avec ce projet que Raphaëlle Danis ira défendre les couleurs de la Nouvelle-Calédonie à Brest, début février prochain, avoir l’espoir de remporter ce concours international qui rassemble plus de quinze villes à travers le globe et des centaines de participants.  

Certains trouveront que cet événement a tout du divertissement pour geeks, d’autres s’attarderont sur ses finalités concrètes mais il faut bien comprendre une chose : l’être humain n’a pas l’habitude de faire « machine arrière » en ce qui concerne ses activités polluantes trop fortement rémunératrices. Il n’a pas non plus l’habitude de réparer ses plus grosses erreurs (sous-)marines, ni de crouler sous la culpabilité écologique. 

Dans ce contexte d’urgence climatique, l’innovation technologique et ses écosystèmes digitaux représentent sans doute les meilleures chances de redonner à l’océan son lustre d’antan et à l’humanité des raisons d’espérer vivre encore longtemps sur Terre. Raphaëlle, Tingneyuk, Thomas, Jean-Paul, Raoul, Cyril et Liliane y ont consacré 48h de leur vie. Tout le monde peut-il en dire autant ? 

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